Présidence de la BAD : Debout, l’Afrique!

jalloul-ayed-bad-afric.jpgDernière ligne droite pour le candidat tunisien dans sa course à la présidence de la BAD. Le deal de Jalloul Ayed avec le Continent tient en peu de mots: émanciper l’Afrique pour en faire une puissance économique, un acteur majeur. Pas de doute, le message fait tilt.

Le 27 mai aura lieu le Grand Jury de la BAD pour auditionner les huit candidats en course pendant 20 à 25 minutes de temps pour chacun; sept hommes et une dame. Ils viennent du Mali, du Nigeria, de Zimbabwe, de la Sierra Leone, d’Ethiopie, du Tchad, et du Cap Vert. Six sont ministres en exercice. Et, le 28 le scrutin sera scellé.

La compétition se fera sur trois tours au moins. Le premier sera, sans doute, politique étant donné que chaque candidat est représentatif d’une région, et nous ne pouvons que regretter ce clivage “régionaliste“. Au second tour, les candidats sélectionnés devront faire jouer leur index individuel. Et pour la finale, le choix entre les deux candidats qui resteront en lice sera obligatoirement un choix partial et fondamentalement subjectif.

Le scénario à redouter, d’entre tous, est celui où Jalloul Ayed restera en lice avec Mme Duarté, la candidate du Cap Vert. En effet, la Banque n’a jamais eu une présidente femme, à ce jour. Passons.

De toute façon, ce jeudi 30 avril on a rencontré un candidat fort confiant, lors d’un point de presse au club Citroën, évènement organisé par des acteurs de la société civile tunisienne qui soutient la candidature de M. Ayed.

A présent, examinons les détails du scrutin.

Les détails du vote

Le décompte des voix se fera selon les pondérations des participations au capital –participations détenues par les pays membres du Conseil des gouverneurs. Ils sont 78 pays au total. Il y a les 53 pays africains, dits “membres régionaux“, qui détiennent 60% du capital (100 milliards de dollars américains). Les 25 autres dits “membres non régionaux“ en détiennent 40%. On y trouve notamment la France, la Grande-Bretagne, le Japon, le Canada. Parmi les régionaux, on trouve des pays à participation plus importante que d’autres, et c’est notamment le cas du Nigeria et de l’Egypte, avec 9% chacun. Pour gagner il faut obtenir 51% des voix dans chacun des deux groupes de régionaux et non régionaux.

En ligne avec le plan de développement de la Banque 2013 – 2023

Jalloul Ayed se sent en ligne avec les tendances du plan de développement de la Banque pour la période 2013-2023 qui se résume en un plan de développement durable, inclusif et vert. Jalloul Ayed rappelle toutefois que son apport consisterait à trouver une solution au financement du développement de l’Afrique. Il évalue ce besoin à une enveloppe voisine de 50 milliards de dollars. Il s’oblige, en cas où il lui “échoit l’honneur de prendre les destinées de la BAD“ d’œuvrer à les collecter selon des structures dédiées et via des canaux que la Banque participera à mettre sur pied.

Une discipline macroéconomique et un boost pour l’investissement privé

Le candidat de la Tunisie prend l’engagement de faire de la BAD le levier de prospérité pour le continent. Avec un PIB par tête d’environ 1.700 dollars, il considère que l’émergence de l’Afrique peut devenir une réalité. Pour cela, la BAD peut aider les Etats à aller vers une plus grande discipline macroéconomique, ce qui soulagerait les budgets et sera du meilleur effet sur l’investissement public.

Par ailleurs, il œuvrera à faire émerger un marché de la dette sur le continent afin de procurer des ressources au secteur privé. Le stock de capital disponible chez les pays subsahariens avoisine les 11 trillions de dollars US. Dans cinq ans, il serait appelé à doubler. Il faudra que la Banque aide à créer les mécanismes capables d’absorber cette manne et de la mettre au service du développement du continent.

Le challenge africain

Jalloul Ayed sait que l’Afrique est au centre d’intérêt de tous les ensembles économiques. Elle est regardée comme une proie. Mais il estime que la BAD peut faire de l’Afrique une puissance économique capable de se protéger de la convoitise des autres. Imaginons un instant que le continent puisse se globaliser, quelle force de frappe il pourrait se donner! Prenons un instant les dimensions d’un marché continental de l’électricité ou des céréales! Les autres n’ont qu’à bien se tenir.

Jalloul Ayed est tout de gratitude pour le gouvernement tunisien pour le travail de lobbying entrepris par les ministres présents aux Assemblées générales de printemps du FMI et de la BM. Il est reconnaissant pour le président de la République qui a déployé un nombre de missionnaires auprès des chefs d’Etat africains à l’effet d’appuyer sa candidature. Et il est comblé de joie de voir que la société civile tunisienne se mobilise spontanément pour le soutenir, et cela fait de lui non pas un candidat officiel mais un champion national.

Pourra-t-il capitaliser sur l’effet Post-révolution de la Tunisie? Auquel cas, il toucherait un remarquable retour sur investissement. Pourra-t-il par la même valoriser l’approche du “Plan jasmin“ hautement inspirée de l’approche de Lee Kuan Wee, père de la prospérité de Singapour?

Bon vent à Jalloul Ayed ! .