Safran : le duo Petitcolin-McInnes prend la relève de Jean-Paul Herteman

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à La Défense le 23 avril 2015 (Photo : ERIC PIERMONT)

[23/04/2015 18:52:58] Paris (AFP) Le groupe d’aéronautique, de défense et de sécurité Safran a tenu jeudi son assemblée générale marquant la passation de pouvoir entre l’actuel PDG, Jean-Paul Herteman, et un duo composé de Philippe Petitcolin et Ross McInnes comme directeur général exécutif et président du conseil d’administration.

Les actionnaires ont approuvé les candidatures des deux hommes au conseil d’administration par environ 99% des voix chacun.

Cette transition en douceur, préparée dès l’automne, intervient alors que le groupe affiche des résultats financiers brillants.

Safran a publié un chiffre d’affaires en hausse de 14,3% au premier trimestre, à 3,9 milliards d’euros, grâce à “une dynamique soutenue dans les activités de services en aéronautique et les activités de sécurité”.

Evoquant son bilan à la tête de Safran, Jean-Paul Herteman a souligné que 8.400 emplois net avaient été créés en cumul de 2012 à 2014, dont 4.000 en France.

Il s’est également félicité du parcours boursier de Safran depuis son arrivée à la tête du groupe en 2007, avec une capitalisation multipliée par près de 4, près de 2,2 milliards d’euros de dividende versés aux actionnaires et 1,9 milliard aux salariés au titre de l’intéressement et de la participation.

Ce qui lui a valu les applaudissements nourris de la salle, que M. Herteman a tenu à dédier aux salariés de son entreprise. “C’est surtout les 69.000 salariés de Safran que vous applaudissez-là, même si je suis fier d’en avoir été le capitaine”, a-t-il déclaré.

Mais pour les syndicats, le compte n’y est pas. Un rassemblement à l’appel d’une intersyndicale CFDT, CGT, Unsa pour dénoncer la “modération” des hausses de salaires en 2015 a réuni environ 250 salariés à la mi-journée à la Défense, devant le lieu de l’AG, selon la CGT.

La Confédération dénonce un “partage injuste des richesses” pour “obtenir une rentabilité encore plus forte en 2015”. “Les actionnaires seront bien servis”, a pour sa part déploré la CFDT, opposée à une résolution soumise au vote des actionnaires proposant d’augmenter de 7% les dividendes distribués.

Malgré ces critiques, la résolution a été adoptée par l’assemblée générale des actionnaires, le dividende passant donc de 1,12 euro à 1,20 euro par action.

Répondant à l’interpellation d’un représentant de la CGT durant l’assemblée générale, M. Herteman a assuré que “de 2005 à 2014, le salaire moyen de référence Safran a augmenté de 32% au cumul” et relevé que le groupe avait “embauché 1,7 personne pour un départ” en retraite.

“Puissent d’autres que nous le faire”, a-t-il tranché.

– Restent les défis –

Porté par la croissance du secteur aérien, Safran doit aujourd’hui relever celui de l’entrée en service de son moteur de nouvelle génération Leap, qui équipera une grande partie des moyens-courriers dans les années à venir.

“Plus de 8.900 commandes et intentions de commandes à fin mars, soit près de 5 années de production”, a relevé Jean-Paul Herteman en soulignant que cela “représente 75% de parts de marché sur les futurs avions moyen-courriers”.

Produit avec General Electric au sein de leur coentreprise CFM International, le Leap équipera une partie des futurs A320neo d’Airbus et la totalité des B737 Max de Boeing. Il sera également l’unique moteur du futur C919 de l’avionneur chinois Comac, pour lequel il avait été initialement conçu.

Par rapport à l’actuelle génération de moteurs de Safran et General Electric, le CFM56, le Leap doit permettre, grâce à des technologies de rupture, de réduire de 15% la consommation de carburant et de 50% le bruit par rapport à son prédécesseur.

Il pourrait même faire mieux que le CFM56, best-seller qui, avec plus de 27.000 exemplaires livrés dans le monde, a hissé les deux partenaires au rang de numéro 1 mondial des moteurs d’avions civils de plus de 100 places.

La certification du Leap est attendue en 2015 et Safran devra ensuite assurer la montée en cadence de la production du Leap sur une période de temps très courte.

C’est une des priorités du nouveau directeur général, Philippe Petitcolin, qui a dirigé la plupart des entités de Safran (Snecma, Sagem, Labinal, Morpho) jusque-là.

“Entre 2006 et 2015, nous sommes passés de 800 à 1.600 moteurs CFM par an. L’objectif est de produire encore plus de moteurs Leap dès 2019”, a-t-il souligné dans Les Echos.