A la traîne, les télécoms européens veulent un coup de pouce de Bruxelles

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éenne crée les conditions favorables à une reprise des investissements (Photo : Philippe Huguen)

[20/11/2014 17:18:43] Montpellier (AFP) L’Europe, à la traîne derrière les États-Unis à l’ère des communications mobiles 4G, ne pourra rebondir et reprendre l’avantage dans la bataille pour maîtriser les technologies de la 5G, que si l’Union européenne crée les conditions favorables à une reprise des investissements, ont souligné les participants à la conférence sur le numérique Digiworld à Montpellier.

Alors que l’Europe a été pionnière pour la 3G, elle a été distancée au moment de la définition des technologies pour la téléphonie mobile 4G, et est aussi devenue tributaire des systèmes d’exploitation mobiles américains Android et IOS, tandis que les smartphones les plus populaires sont américains ou coréens.

“La décennie passée a été perdue pour le numérique”, a constaté la secrétaire d?État au numérique, Axelle Lemaire. “Nous avons mis au centre la libre concurrence des opérateurs sans s’interroger sur l’émergence de nouveaux acteurs qui pourraient venir concurrencer les GAFA”, les géants américains Google, Apple, Facebook ou Amazon, a-t-elle déploré par lien vidéo.

Le marché des télécoms n’est plus un écosystème fermé, “nous sommes au milieu d’une révolution numérique” et “la régulation doit évoluer avec le marché et l’industrie”, a souligné Carlos Lopez Blanco, responsable des affaires publiques et de la régulation de l’opérateur espagnol Telefonica au cours de la conférence organisée par le centre de réflexion Idate.

Les opérateurs estiment que Bruxelles a eu une politique de concurrence trop consumériste, favorisant une baisse des prix avec l’introduction par exemple en France d’un quatrième acteur mobile, Free en 2012, au détriment des marges des opérateurs historiques.

– ‘Stabilisation des revenus’ –

Les revenus des opérateurs télécoms ont baissé de 15% depuis 2008 alors que les États-Unis ont investi pendant ce temps deux fois plus par habitant que la moyenne des cinq grands marchés européens, selon les chiffres présentés par l’Idate.

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érique Axelle Lemaire le 7 novembre 2014 à Paris (Photo : Kenzo Tribouillard)

On voit à présent “une stabilisation des revenus”, a souligné le spécialiste des télécoms à l’Idate, Yves Gassot, qui estime inévitable une phase de consolidation des télécoms pour parvenir à faire émerger des acteurs plus puissants.

“Nous avons calculé que pour absorber la croissance du trafic de données mobiles d’ici 2020, 35 milliards d’euros d’investissements seront nécessaires” en France, avertit François Barrault, président de l’Idate.

Le régulateur des télécoms ne partage pas ce constat d’un retard français. “Deux opérateurs ont déployé la 4G pour environ 70% de la population”, ce qui a été “très rapide en un an”, a souligné Jean-Ludovic Silicani, le président de l’Arcep. Si aux États-Unis 90% de la population est couverte, c’est qu’ils ont commencé il y a 3 ans”, note-t-il.

Les opérateurs télécoms et équipementiers européens ne veulent à présent pas manquer l’opportunité de la 5G qui se profile pour la prochaine décennie et se repositionner à l’avant-garde de l’industrie.

La technologie mobile 5G, qui devrait pouvoir assurer un trafic des données en croissance exponentielle devrait “donner lieu à une bataille politique majeure dans les années qui viennent”, a souligné le patron de l’équipementier Alcatel-Lucent, Michel Combes, au moment où la “bataille avec l’Asie devient vraiment agressive”.

Il a appelé à un “aggiornamento” des règles de concurrence en Europe pour permettre aux opérateurs de se renforcer, et à construire un vrai “marché unique du numérique”. Les opérateurs souhaitent aussi que les Etats ne se montrent pas trop gourmands au moment de commercialiser de nouvelles licences.

L’opérateur japonais Docomo se prépare pour la 5G pour en 2020 en vue des JO de Tokyo.

La 5G, qui devrait permettre des débits de un gigabit par seconde, contre 150 mégabits/seconde actuellement, n’en est qu’au stade de la recherche.

Un partenariat public-privé, le 5GPPP, a été mis en place pour rassembler équipementiers, opérateurs et centres de recherche afin de faire avancer ce projet au niveau européen.