La zone euro toujours au menu des leaders économiques à Washington

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éunis à Washington le 10 octobre 2014 (Photo : Mandel Ngan)

[10/10/2014 17:27:38] Washington (AFP) Les problèmes de la zone euro étaient toujours au coeur des débats des leaders économiques réunis à Washington, sur fond de crispation grandissante sur la contribution de l’Allemagne à la relance de la région.

“L’économie européenne est dans un état assez préoccupant” a estimé Axel Weber, patron de la banque UBS et ancien de la Bundesbank allemande, devant l’assemblée annuelle de l’IIF, le lobby bancaire international.

Les pays de la monnaie unique sont englués dans un mélange poisseux de stagnation et d’inflation trop basse, un cocktail encore alourdi par les derniers ratés du moteur économique allemand, les incertitudes sur la recevabilité du budget français devant la Commission ou encore les réformes attendues en France ou en Italie.

Le gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, a prévenu vendredi matin que la faible inflation commençait à être générée au sein même de la zone euro alors qu’elle était, jusqu’à présent, largement importée du fait de la baisse des prix de l’énergie ou des matières premières.

“Le faible niveau de demande agrégée est devenu un facteur contribuant à une inflation plus basse qu’attendu”, a déclaré M. Draghi devant l’organe de direction du Fonds monétaire international (CMFI), qui tient son assemblée générale dans la capitale américaine.

“La préoccupation principale ici, c’est la question de la croissance européenne”, avait résumé jeudi le ministre français des Finances, Michel Sapin, parce que “quand la zone euro se porte mal, le monde entier se porte mal”.

“La demande interne est trop lente à se rétablir et la demande externe est décevante”, a également pointé vendredi Poul Thomsen, chef du département Europe du FMI.

Conjuguées aux peurs provoquées par le virus Ebola, ces préoccupations, cristallisées à Washington où se tient aussi un G20-Finances, ont affecté les marchés financiers, qui sont sur le reculoir depuis deux jours.

Les principales places européennes ont terminé vendredi sur de fortes baisses, Paris cédant 1,64%, Londres 1,43% et Francfort 2,4%.

– Inquiétudes sur l’Allemagne –

Même si les participants citent un éventail large de pays préoccupants (William Buiter, le chef économiste de Citigroup considérant même que la France devrait être considérée comme un pays périphérique de la zone euro et à ce titre bénéficier d’une certaine indulgence de Bruxelles), c’est sur l’Allemagne que s’exerce la plus grosse pression.

Le moteur économique de la zone semble connaître des ratés et Berlin est pressé de bien vouloir dénouer les cordons de sa bourse dodue pour relancer la demande.

Le FMI, comme la BCE (sans citer l’Allemagne) ou plusieurs pays européens, plaident pour des politiques plus favorables à l’investissement et à la demande.

Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a multiplié les prises de parole pour marteler la position allemande: la croissance ne peut s’obtenir “en signant des chèques” et “nous serions fous si nous mettions en danger” la confiance qu’inspire sur les marchés la discipline budgétaire allemande.

“Il n’y a de toute façon pas grand-chose à tirer” en termes de croissance d’une hausse des dépenses publiques, a de toute façon ajouté le ministre conservateur alors que le gouvernement se dit toutefois prêt à des investissements d’infrastructures ciblés dans un cadre européen.

Le président de la Bundesbank Jens Weidmann, qui est aussi à Washington, a estimé que les investissements publics allemands “pourraient augmenter”, mais a mis en garde contre la tentation d’abandonner l’objectif d’équilibre budgétaire. Il s’est en outre montré sceptique sur de possibles “effets d’entraînement” sur les autres pays de la zone euro d’investissements en Allemagne.

Ailleurs dans le monde, les Etats-Unis continuent sur la voie de la reprise et l'”Asie reste le principal moteur de la croissance mondiale, bien qu’à un rythme plus modéré” a déclaré vendredi Changyong Rhee, directeur de la division Asie-Pacifique du FMI.