YouTube : les MCN ou réseaux de chaînes, accélérateurs d’audience

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Le logo de YouTube (Photo : Lionel Bonaventure)

[27/02/2014 12:57:47] Paris (AFP) A mi-chemin entre l’agence artistique, la régie publicitaire et la société de production, les MCN ou réseaux multi-chaînes sur YouTube et Dailymotion, déjà très présents aux Etats-Unis, se structurent en Europe afin de développer de l’audience et agréger des revenus autour de vidéos toujours plus professionnelles.

Mercredi, le groupe de médias sur internet Webedia, filiale de Fimalac qui ambitionne de devenir le premier groupe de média numérique français, a annoncé l’acquisition de Melberries, un réseau multi-chaînes (MCN, de l’anglais “multi-channel network”) tricolore.

“Nous accompagnons les créateurs dans l’optimisation, la monétisation et la protection de leurs vidéos avec pour objectif de maximiser les audiences et revenus”, explique Melberries sur son site en résumant les différentes activités prises en charge par ces structures multiformes, parfois généralistes, parfois spécialisées dans un seul domaine, comme la publicité, la production de contenus, la technologie ou les droits d’auteurs.

Cette récente opération illustre la recomposition et l’accélération en cours dans le domaine de la vidéo en ligne en France et en Europe autour de ces MCN. Ils sont devenus des écosystèmes où se concentre une part importante de la consommation de YouTube ou Dailymotion, avec quelques années de décalage avec les Etats-Unis.

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Le logo de Dailymotion (Photo : Lionel Bonaventure)

Outre-Atlantique, des MCN comme “Awesomeness TV” ou “Fullscreen” comptent déjà des dizaines de milliers de chaînes YouTube affiliées. D’autres, comme “Machinima” (jeux vidéos) ou “Style Haul” (mode et beauté) se sont spécialisés par thématiques. En mars 2013, le MCN “Tastemade”, centré sur la cuisine, a investi dans des studios professionnels de 650 m2, à Santa Monica, en Californie, qui reproduisent des décors de cuisines.

– Investissements et acquisitions –

“Les MCN sont aujourd’hui – aux Etats-Unis mais pas seulement – des acteurs extrêmement puissants en termes d’audience et de revenus sur les plateformes de partage de vidéos, et ce, souvent loin devant des acteurs plus traditionnels de l’audiovisuel”, souligne Antoine Nazaret, responsable des contenus pour la France chez Dailymotion, où l’on trouve aussi des réseaux multi-chaînes.

Le succès de YouTube, qui compte plus d’un milliard de visiteurs uniques par mois et a généré, selon le cabinet eMarketer, 5,6 milliards de dollars de recettes publicitaires en 2013 (+65,5% par rapport à 2012), a suscité l’intérêt des grands groupes audiovisuels mondiaux, longtemps sur la défensive, qui, désormais, “multiplient les investissements et les acquisitions” dans le domaine des MCN, explique le cabinet NPA Conseil.

Le groupe français Canal+, très présent à l’international, a lancé en décembre une vingtaine de chaînes gratuites sur YouTube, pour rendre plus visibles sur internet les émissions diffusées en clair à la télévision sur ses différentes antennes (Canal+, D8, D17 et i-Télé). Il est également entré au capital du MCN américain généraliste “Maker Studios”.

Fin 2013 également, le géant néerlandais Endemol, qui possèdait déjà plus de 100 chaînes YouTube dans le monde, a dévoilé son projet d’investir plus de 30 millions d’euros dans un réseau de chaînes premium sur internet, baptisé “Endemol Beyond”.

Le premier producteur mondial de contenus (Big Brother, Star academy, La ferme des célébrités…) ratisse large. Les chaînes de ce MCN verront le jour sur YouTube, mais aussi sur les autres plateformes de vidéos en ligne : Dailymotion, Yahoo!, AOL et MSN. Euronews, la BBC, France Télévisions, M6 ou Fremantle ont aussi leur MCN.

D’autres acteurs indépendants, comme Base79, le principal MCN européen établi à Londres, revendique déjà 1.500 chaînes et a déjà signé dans son écurie des poids lourds du web français comme Rémi Gaillard ou l’animateur Sébastien Cauet, contre un pourcentage des revenus générés par la publicité. Base79 gère également les intérêts en ligne de la Fédération française de football, de clubs comme le PSG ou Aston Villa et du label musical et de boîtes de nuit britannique Ministry of sound.

Afin de se diversifier, Base79 va développer ses propres contenus vidéos destinés aux annonceurs (brand content) à travers sa filiale Brand79, a expliqué à l’AFP Patrick Walker, ancien salarié de Google et responsable des contenus.

Car pour les MCN, trop dépendants de la publicité, “il est encore compliqué de trouver un modèle économique viable”, conclut Philippe Bailly, du cabinet NPA Conseil.