Banque : l’assemblée des actionnaires de MPS tourne au bras de fer

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à Milan (Photo : Giuseppe Cacace)

[28/12/2013 11:41:34] Rome (AFP) L’assemblée des actionnaires de la Banca Monte Paschi di Sienna (MPS) a tourné samedi au bras de fer entre son principal actionnaire et son patron Alessandro Profumo, qui a mis sa démission sur la balance, autour de la date de recapitalisation du plus vieil établissement bancaire du monde.

M. Profumo, ancien président de la première banque italienne Unicredit, est bel et bien “sur le départ”, et l’assemblée générale de samedi, convoquée vendredi pour approuver une augmentation de capital de 3 milliards d’euros mais reportée en raison d’un quorum non atteint, est “décisive”.

L’avenir de BMPS, née en 1472, se joue entre “un vieux briscard du secteur bancaire venu d’ailleurs” d’une part et d’autre part, “toute une cité, avec à sa tête une femme jeune et prête à la bagarre, Antonella Mansi”, présidente de la Fondation MPS, entité sans but lucratif, premier actionnaire, avec 33,5% du capital, de la banque, affirme le quotidien La Stampa.

La raison du désaccord entre la Fondation et les dirigeants de la troisième banque italienne touche à la date de recapitalisation de l’établissement.

M. Profumo et son administrateur délégué Fabrizio Viola se sont en effet engagés à ce qu’elle ait lieu en janvier, alors que la Fondation demande plus de temps, jusqu’à mai/juin 2014.

Mme Mansi a répété samedi matin à Sienne devant les actionnaires son point de vue avec fermeté, soulignant que la “proposition du conseil d’administration de la banque n'(avait) aucune possibilité d’être approuvée”.

“La Fondation a le devoir inéluctable de voter seulement et exclusivement sa propre proposition avec une date d’exécution différée de quelques mois”, a-t-elle affirmé.

Pour Mme Mansi, si la proposition de la Fondation n’est pas approuvée, “il faudra convoquer une nouvelle assemblée extraordinaire”.

Dans une lettre ouverte en date du 24 décembre, Alessandro Profumo avait répété que l’augmentation de capital devait se faire en janvier, menaçant à mots couverts de démissionner.

Les médias italiens, donnant pour quasiment acquis son départ, lançaient déjà des noms pour le remplacer, comme celui de l’ex-membre de la direction de la BCE, le Toscan Lorenzo Bini Smaghi.

Alessandro Profumo avait quitté UniCredit en septembre 2010 à la suite d’un conflit avec le conseil d’administration, après treize ans à la tête du groupe qu’il avait transformé en géant bancaire à coup d’acquisitions.

En février 2012, il a été renvoyé devant la justice pour fraude fiscale présumée.

Très endettée, la Fondation (dont le patrimoine s’est réduit de 6 milliards en 2008 à moins d’un milliard pour financer les déboires de BMPS) cherche à vendre une portion de sa participation pour pouvoir souscrire l’augmentation de capital, ce qu’elle juge n’avoir pas le temps de faire en janvier. Mme Mansi estime qu’une recapitalisation en janvier aboutirait à la “destruction du patrimoine” de la Fondation qui serait obligée de vendre ses parts au plus offrant et sans pouvoir choisir de futurs alliés.

Mais tout retard pourrait s’avérer critique pour la banque alors que le feu vert de la Commission européenne au plan de sauvetage de BMPS est conditionné par sa recapitalisation et au remboursement d’au moins 70% des crédits alloués par l’Etat italien, d’ici la fin 2014.

La banque est depuis toujours l’un des piliers économiques de Sienne, finançant les hôpitaux, l’université, des activités culturelles et le Palio, la course de chevaux, qui a rendu Sienne célèbre dans le monde entier.

Si les fonds prêtés par l’Etat (4 milliards d’euros sous forme d’obligations, les “Monti bonds”) n’étaient pas restitués à temps, la banque pourrait perdre son indépendance et être nationalisée.

L’origine des ennuis de BMPS remonte, selon les médias italiens, à son rachat en 2007 de la banque AntonVeneta à l’espagnole Santander pour 9,3 milliards d’euros, un prix jugé surévalué d’au moins 3 milliards.

Pour masquer le manque à gagner, l’ancienne direction est accusée d’avoir investi dans des produits dérivés toxiques qui ont généré d’énormes pertes. Le scandale a éclaté en 2012 précipitant le départ des dirigeants dont le numéro un de BMPS Giuseppe Mussari et l’ouverture d’une enquête judiciaire sur l’hypothèse de malversations autour de ces opérations.