Reprise : l’Allemagne en tête, la France au rattrapage

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à Paris le 2 octobre 2013 (Photo : Pierre Andrieu)

[04/10/2013 13:48:33] Paris (AFP) Une France qui rattrape le train de la reprise, une Allemagne au-dessus du lot, un Royaume-Uni en embuscade et des pays du Sud à la peine, voilà l’Europe qui se dessine après les dernières publications de l’Insee.

A en croire l’Institut national de la statistique et des études économiques, qui publiait jeudi son point trimestriel sur la conjoncture, le produit intérieur brut (PIB) français devrait rattraper en fin d’année son “niveau d’avant-crise”, c’est-à-dire celui du début de l’année 2008.

La France rejoindrait ainsi l’Allemagne, seule autre grande économie européenne dans le même cas, avec une confortable avance toutefois puisqu’elle y était parvenue dès le début de l’année 2011.

Le Royaume-Uni peut espérer rejoindre le tandem prochainement. En revanche, l’Italie et l’Espagne paraissent encore engluées, bien que l’Insee table pour ces deux pays sur un “retour à la croissance” d’ici la fin de l’année.

S’il n’a pas encore refait le chemin perdu depuis 2008, le Royaume-Uni affiche en tous cas des taux de croissance bien plus vigoureux que ceux de la France, et connaît une reprise qualifiée de “spectaculaire” par l’Insee.

Le climat des affaires n’a par exemple jamais été aussi propice depuis la fin des années 1990.

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étitivité Luis de Guindos donne une conférence de presse à Madrid le 27 septembre 2013 (Photo : Gérard Julien)

L’Institut estime ainsi que l’économie britannique va croître de 0,8% au troisième trimestre, et de 0,6% au quatrième. Pour la France, l’Insee attend un rythme beaucoup plus modéré: stagnation du PIB au troisième trimestre, et une hausse de 0,4% au quatrième. A comparer avec ses prévisions pour l’Allemagne (+0,3% puis +0,5%) ou la zone euro dans son ensemble (+0,1% puis +0,3%).

De manière générale, et en prenant en compte les Etats-Unis, certes empêtrés dans le blocage budgétaire mais dont la croissance reste jusqu’ici solide, Dorian Roucher, qui a compilé pour l’Insee les données concernant la zone euro, se dit “surpris par l’ampleur de l’accélération (au printemps) dans les économies avancées”.

Un contexte international relativement porteur

Il fait aussi état d’un “découplage patent entre les économies avancées et les économies émergentes”, qui avaient pris l’habitude ces dernières années d’entraîner toute l’économie mondiale dans leur sillage, mais qui donnent des signes d’essoufflement. Sans compter que certaines sont aux prises avec d’importantes turbulences financières.

Tout cela se traduit par le fait que les importations des économies avancées se révèlent plus dynamiques que celles des émergents, un cas de figure “rare” selon lui.

Dans l’ensemble, M. Roucher juge que la France bénéficie d’un “contexte international relativement porteur”.

Mais en l’absence d’une demande intérieure française véritablement dynamique, pour cause de pouvoir d’achat des ménages bridé par le chômage et par les prélèvements obligatoires, et sur fond d’investissement encore balbutiant, l’économie hexagonale se retrouve très dépendante de ce contexte extérieur.

Or, rappelle l’Insee, bien des risques et des incertitudes pèsent au niveau international.

D’abord, en zone euro, “la reprise pourrait, comme c’est souvent le cas, surprendre par son ampleur mais, à l’inverse, elle pourrait piétiner”, si des turbulences devaient ressurgir dans le secteur bancaire ou sur le front des dettes publiques, estime l’Institut.

Ensuite, aux Etats-Unis, l’incertitude règne sur la banque centrale américaine, la Fed, et sur la manière dont elle pourrait durcir sa politique très généreuse. Surtout, dans l’immédiat, la paralysie budgétaire et le blocage des négociations sur un relèvement du plafond de la dette américaine inquiètent les économistes.

Enfin “les prévisions de croissance des économies émergentes sont plus fragiles que d’habitude”, remarque l’Insee.