Europe : le débat sur l’austérité fait plus que jamais rage

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ère allemande Angela Merkel, le 26 avril 2013 à Berlin (Photo : John Macdougall)

[29/04/2013 12:02:40] PARIS (AFP) La politique d’austérité défendue par l’Allemagne est plus que jamais mise en cause en Europe avec les critiques virulentes de socialistes français et l’aggravation de la crise en Espagne et en Italie où le nouveau chef du gouvernement Enrico Letta présente son programme lundi.

M. Letta prononce lundi un discours très attendu de ses partenaires européens et des marchés, inquiets de voir la troisième économie européenne s’enfoncer dans la récession avec un chômage qui touche près de 12% de la population.

Le nouveau président du Conseil a déjà appelé à “changer la direction de

s politiques européennes” car “les politiques d’austérité ne suffisent plus” même s’il n’a pas beaucoup de marge de manoeuvre avec une dette de plus de 2.000 milliards d’euros.

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à Rome (Photo : Tiziana Fabi)

Il a reçu dimanche l’appui de François Hollande pour qui la France et l’Italie doivent “conjuguer leurs efforts” car “l’Europe doit plus que jamais se mobiliser pour retrouver la croissance”.

Dans la ligne de mire des deux responsables, la politique allemande alors que les indicateurs confirment mois après mois que le sud de la zone euro ne retrouvera pas la croissance après une courte cure d’austérité nécessaire pour retrouver leur compétitivité, comme l’espérait Berlin.

Mais, dans sa volonté de construire une “tension amicale” avec Angela Merkel comme il l’avait plaidé fin mars, le président français se retrouvait embarrassé lundi par les déclarations ces derniers jours de responsables de son parti semblant n’avoir retenu que le mot “tension”.

Le président de l’Assemblée nationale française, Claude Bartolone, a appelé en fin de semaine dernière à une “confrontation” avec Mme Merkel, décrite dans un projet de texte sur l’Europe du Parti socialiste comme la “chancelière de l’austérité” à “l’intransigeance égoïste”.

Si ce texte a été finalement expurgé ce week-end des références mettant en cause Mme Merkel sous la pression du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, l’exécutif s’efforçait lundi dans un difficile numéro d’équilibriste de rassurer sur l’état du couple franco-allemand sans nier ses différences avec Berlin.

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äuble, et la directrice du FMI, Christine Lagarde, le 20 avril 2013, à Washington (Photo : Stephen Jaffe)

“Le débat oui, le pugilat non”, synthétisait le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius alors que la droite pilonnait François Hollande pour sa “responsabilité personnelle dans la dégradation continue et consternante de la relation franco-allemande”.

Si Berlin faisait mine d’ignorer ces critiques, en soulignant que ce “qui compte pour nous, c’est l’action du gouvernement français”, avec la poursuite d’une politique de réformes et de réduction des déficits, de fait l’Allemagne se retrouve bien au centre des appels à davantage de souplesse budgétaire, émis aussi bien par les Etats-Unis, le FMI ou même la Commission européenne.

Berlin refuse d’être le bouc émissaire

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, sera une nouvelle fois confronté à cette demande lors de sa rencontre avec le ministre espagnol de l’Economie, Luis de Guindos, lundi à Grenade (Espagne).

L’Espagne, plongée dans la récession et avec un taux de chômage record de 27%, a admis vendredi qu’il lui faudrait deux ans supplémentaires pour redresser ses finances.

Mais M. Schaüble devrait une nouvelle fois refuser de servir de bouc émissaire. “C’est une tentation humaine, de rejeter ses propres problèmes sur les autres, en ce moment l’Allemagne est particulièrement visée. C’est n’importe quoi”, avait-il déclaré jeudi.

Pour la presse allemande, les attaques contre la chancelière s’expliquent par la perspective des législatives allemandes dans cinq mois.

“Le 22 septembre les Allemands ne voteront pas que sur la composition du prochain Parlement, mais aussi sur le sort de nombre d’autres pays. C’est pourquoi l’Europe veut se mêler à la campagne électorale allemande”, suggère le Süddeutsche Zeitung (centre gauche).

Il faut donc s’attendre à voir se multiplier les attaques à l'”emporte-pièce”, où la chancelière allemande sera décrite comme une personne “refusant l’argent” à des “Etats en crise qui n’auraient besoin que d’un bon plan de relance pour sortir de l’ornière”.

Ces attaques “aideront Merkel (car) les Allemands sont dans leur grande majorité sceptiques face aux plans d’aide et plébiscitent la politique de la chancelière”, rappelle le quotidien bavarois.