Le Japon sort de justesse de la récession, affiche 2% de croissance en 2012

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à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[08/03/2013 06:36:05] TOKYO (AFP) Le Japon est sorti de justesse de la récession fin 2012 et son taux de croissance a atteint 2,0% sur l’ensemble de l’année, une reprise que le gouvernement de Shinzo Abe veut amplifier grâce à des dépenses budgétaires et une politique très accommodante de la banque centrale.

Le produit intérieur brut (PIB) de la troisième puissance économique mondiale a finalement très légèrement augmenté entre octobre et décembre par rapport à la période juillet-septembre, selon des données révisées présentées vendredi par les autorités, alors que les statistiques initiales évoquaient une contraction.

La progression a été très limitée – inférieure à 0,1% – mais a suffi à arrêter la récession dans laquelle l’économie de l’archipel avait replongé en milieu d’année dernière.

Le gouvernement a précisé que la croissance avait atteint finalement 2,0% pour tout 2012, un résultat honorable permis par un début d’année sur les chapeaux de roue, avec une intensification des travaux de reconstruction du Tohoku (nord-est) dévasté par un séisme, un tsunami et un accident nucléaire en mars 2011.

Le printemps et surtout l’été avaient été nettement moins favorables. Les exportations avaient chuté sur fond de conjoncture très difficile en Europe et mitigée en Chine; la consommation et les investissements des entreprises s’étaient aussi repliés, entravés par une déflation à l’oeuvre depuis une quinzaine d’années au Japon.

Résultat, le PIB s’était contracté pendant deux trimestres consécutifs, avant le léger mieux aperçu en toute fin d’année.

“Le pic de la récession a semble-t-il été passé en novembre”, a commenté Yasuo Yamamoto, économiste à l’Institut de recherche Mizuho.

Les investissements des entreprises non manufacturières (hors immobilier) se sont intensifiés en toute fin d’année, tout comme les commandes publiques et la consommation.

Le moral des entreprises et des ménages a en effet rebondi après l’annonce de la dissolution de la chambre des députés le 16 novembre, très attendue par un pays déçu par trois ans de pouvoir du centre-gauche.

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à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno)

Les milieux d’affaires ont été soulagés par le retour annoncé de la droite au pouvoir, confirmé aux élections du 16 décembre remportées haut la main par le Parti Libéral-Démocrate (PLD).

La rhétorique volontariste du chef du PLD, Shinzo Abe, devenu Premier ministre le 26 décembre, a joué en faveur du Japon sur le marché des changes et entraîné un rebond des valeurs à la Bourse de Tokyo (+45% en moins de quatre mois). Un regain d’espoir général sur le plan économique s’est alors levé.

Depuis son arrivée, M. Abe a fait adopter une rallonge budgétaire équivalente à 105 milliards d’euros, la deuxième plus importante de l’histoire du pays, afin d’accélérer notamment la reconstruction du Tohoku.

Son projet de budget initial pour l’exercice avril 2013-mars 2014 prévoit en outre de consacrer plus de 40 milliards d’euros aux travaux publics: son gouvernement prend ostensiblement ses distances avec l’austérité comptable prônée par les pays occidentaux, malgré une colossale dette publique représentant plus de 200% du PIB.

“L’effet des dépenses publiques supplémentaires sur l’économie devrait se faire sentir à partir du printemps”, a expliqué M. Yamamoto à l’AFP.

L’économie nippone est assurée en outre de bénéficier d’une politique monétaire toujours plus souple, le candidat du gouvernement au poste de gouverneur de la Banque du Japon, Haruhiko Kuroda, ayant promis de tout faire pour mettre un terme rapide à la déflation si le Parlement le nomme à la mi-mars.

Tablant sur une reprise internationale pour doper les exportations, le gouvernement vise une croissance robuste de 2,5% lors de l’année budgétaire qui démarre le 1er avril.