Scandale BMPS : le gouvernement italien rassure et défend les “Monti bonds”

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économique mondial à Davos, en Suisse, le 25 janvier 2013 (Photo : Johannes Eisele)

[29/01/2013 17:22:23] MILAN (AFP) La Banca Monte dei Paschi di Siena (BMPS) et le secteur bancaire italien dans leur ensemble sont solides, a assuré mardi le ministre de l’Economie Vittorio Grilli, alors que la vénérable banque toscane, née en 1472, se débat dans un retentissant scandale financier qui électrise la classe politique du pays.

M. Grilli, ministre sortant de l’Economie du gouvernement de Mario Monti, a été auditionné plusieurs heures durant par la commission des finances du Parlement sur le cas de la troisième banque du pays, engluée depuis une semaine dans une affaire qui s’est rapidement transformée en champ de bataille politique avant les élections législatives prévues les 24-25 février.

BMPS a récemment révélé être la victime d’opérations hasardeuses remontant à son ancienne direction qui devraient lui coûter plusieurs centaines de millions d’euros au moment même où elle s’apprêtait à bénéficier d’un prêt de 3,9 milliards d’euros de la part de l’Etat italien. Ces révélations ont provoqué une avalanche de critiques sur les liens unissant politiques et banquiers et sur l’inefficacité des autorités de surveillance.

M. Grilli s’est efforcé de rassurer sur l’étendue de la crise, prenant la tête mardi d’un comité de stabilité financière rassemblant les représentants des principales autorités financières du pays, dont le gouverneur de la Banque d’Italie, Ignazio Visco, et d’autres hauts responsables d’institutions de surveillance financière italiennes, la Consob (Bourse) et l’Ivass (assurances).

Celui-ci “a constaté que l’institut (BMPS) a une situation patrimoniale solide dans l’ensemble et que les tensions qui l’ont concerné ne produisent pas d’effets sur le système bancaire dans son ensemble”, selon le communiqué publié à l’issue de la réunion.

Intervenant au Parlement, M. Grilli a appelé à “ne pas faire d’insinuations sur la solidité de notre système”. “En dépit de la très grave crise de 2008 et contrairement à d’autres pays comparables, les banques en Italie ont fait preuve d’une tenue et d’une solidité uniques, ne nécessitant pas de sauvetage public comme cela est arrivé dans d’autres pays”, a-t-il souligné.

Il a ensuite pris la défense de la Banque d’Italie, mise en cause dans son rôle de superviseur bancaire, estimant que la surveillance dont BMPS a fait l’objet a été “continue, attentive et appropriée”, s’intensifiant au cours des dernières années et ayant permis de “déceler et d’interrompre des comportements anormaux”. L’ancienne direction de BMPS pourrait prochainement faire l’objet de sanctions, a-t-il ajouté.

M. Grilli a rencontré lundi soir à Milan l’ancien gouverneur de la Banque d’Italie (2006-2011) et actuel président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi, a indiqué une porte-parole de la BCE sans rien vouloir dire du contenu de l’entretien.

Enfin M. Grilli a insisté sur le fait que les 3,9 milliards d’euros que doit recevoir BMPS sous forme d’obligations dites “Monti bonds” sont bel et bien un “prêt” assorti de taux d’intérêt “très élevés” (9%) pour son bénéficiaire et conçu de manière à encourager un “remboursement le plus rapide possible”.

Il s’agit d’une aide “en faveur des épargnants, pas du management”, a-t-il insisté, alors que le gouvernement s’est vu accuser d’accorder des faveurs au groupe. En cas de non-remboursement en liquide, l’Etat pourrait monter jusqu’à hauteur de 82% du capital de la banque, a-t-il dit.

“L’intervention de l’Etat n’est pas configurée comme un sauvetage d’une banque insolvable mais comme un renforcement de (son) capital”, conformément aux demandes de l’autorité bancaire européenne (EBA), a-t-il expliqué.

Selon les reconstitutions faites par la presse italienne, l’origine des déboires de BMPS remonte à son acquisition en 2007 de la banque AntonVeneta auprès de l’espagnole Santander pour 9,3 milliards d’euros, un prix jugé démesuré. Le groupe aurait par la suite effectué, alors que la crise financière avait entretemps éclaté, une série d’opérations financières destinées à embellir son bilan mais dont l’effet s’est avéré “toxique”, et a en outre souffert de sa forte exposition à la dette souveraine italienne. Les contrats en cause dans le scandale actuel n’ont été découverts qu’à l’automne 2012 par la nouvelle direction de BMPS.