Grèce : le projet de budget, un test parlementaire crucial

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Le parlement grec, le 30 octobre 2012 (Photo : Louisa Gouliamaki)

[31/10/2012 10:30:52] ATHENES (AFP) Premier test parlementaire crucial pour le maintien de la Grèce dans la zone euro, le gouvernement grec introduit mercredi son projet de budget 2013 comportant un nouveau douloureux paquet d’austérité, sous la surveillance attentive des ministres des Finances de la zone euro.

Alors que le Portugal, également sous la coupe d’une troika UE-FMI-BCE, vote mercredi un budget d’austérité comportant 5,3 milliards d’euros d’économies venant principalement de hausses d’impôts, le projet de budget grec présenté en fin de matinée par le ministre des Finances grec Yannis Stournaras prévoit plus de 9 milliards d’euros d’économie venant aussi bien de coupes sociales que de hausses d’impôts.

Il s’agit du troisième budget d’austérité consécutif, âprement négocié depuis quatre mois avec la zone euro et le FMI qui en font dépendre le maintien de leur aide financière.

Auparavant le gouvernement compte faire adopter un projet de loi facilitant radicalement les privatisations en réduisant la participation minimale de l’Etat dans les sociétés publiques. Ce texte sera le premier test de la cohésion gouvernementale, estimait la presse mercredi.

Dans le budget, les efforts sont drastiques et tous azimuts, nouvelles coupes sur les pensions de retraite et réduction des salaires de certaines catégories de fonctionnaires, le texte devrait aussi confirmer qu’un report de deux ans des départs à la retraite, à 67 ans contre 65 ans aujourd’hui est envisagé, ainsi que la poursuite de la fusion de la quasi-totalité des organismes de sécurité sociale, et de nombreux hôpitaux.

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à Athènes (Photo : Aris Messinis)

Le dépôt de ce texte a relancé la mobilisation sociale, avec une manifestation à l’appel des deux principaux syndicats ADEDY-GSEE prévue dans la soirée, tandis que les syndicats de journalistes ont déclenché une grève impromptue pour protester aussi bien contre des licenciements de journalistes trop critiques vis-à-vis du pouvoir, que l’absorption de leur généreux système de sécurité sociale dans le système général.

Au Portugal aussi, des manifestations de syndicats sont prévues dans la journée. Dans ces deux pays, ainsi qu’en Espagne, les syndicats protestent contre l’austérité généralisée imposée par des contraintes financières.

un besoin urgent de fonds

Les ministres des Finances de la zone euro qui se réunissent en téléconférence mercredi en mi-journée suivent d’ailleurs pas à pas les progrès faits par le gouvernement grec pour faire adopter de telles mesures, au risque de provoquer une explosion sociale dans un contexte très tendu.

Un autre texte comportant des dizaines d'”actions prioritaires” (réformes structurelles) à engager rapidement, également négociées avec la troika des créanciers, devrait arriver au parlement la semaine prochaine, selon des informations de presse non encore confirmées officiellement. Ces mesures forment un catalogue annexé au memorandum entre le pays et ses créanciers internationaux.

La Grèce a besoin vital et urgent de recevoir une injection, attendue depuis juin, de 31,5 milliards d’euros de ses bailleurs de fonds, notamment pour assurer un remboursement d’emprunt le 16 novembre.

Si elle était incapable de faire voter l’un ou l’autre des deux textes avant l’eurogroupe crucial du 12 novembre, au cours duquel un “rapport” de la troika sera examiné avec ses recommandations, la Grèce verrait alors probablement reculer encore la date du versement vital, et serait probablement obligée de faire défaut, les caisses du pays étant à vide.

Aucune décision finale sur le versement de l’aide n’est attendue à Bruxelles mercredi.

Les projecteurs seront plutôt sur les réactions des deux petits partis de la coalition gouvernementale grecque, pasok socialiste et Dimar (gauche démocratique) qui sont embarqués avec Samaras pour tenter d’éviter un défaut de paiement du pays et ainsi un maintien dans la zone euro.

Le petit parti de la Gauche démocratique (Dimar), troisième au sein de la coalition, a déjà déclaré mardi qu’il n’était “pas d’accord avec la conclusion des négociations” avec la troika, annoncée mardi par le Premier ministre.

Il est surtout remonté contre les mesures dérégulant le marché du travail.

Sur ce chapitre selon la presse, la troika aurait fait quelques concessions au Dimar, mais serait restée ferme sur d’autres points, comme la suppression d’une prime mensuelle accordée aux salariés mariés en Grèce.

Avec seulement 16 députés, le Dimar ne menace pas l’adoption du paquet d’austérité puisque les deux autres partis de la coalition, Nouvelle Démocratie (conservateur) et Pasok (socialiste) détiennent à eux deux 160 sièges de députés, sur le total de 300 que compte le parlement monocaméral grec.

Le dirigeant socialiste Evangélos Vénizélos affiche tantôt son soutien au gouvernement tantôt une fermeté vis-à-vis de la troika, et a estimé qu’il y avait encore de la marge pour “améliorer” les mesures “sans changer les objectifs budgétaires”.

Mardi, le président du groupe socialiste au Parlement européen, l’Autrichien Hannes Swoboda, –qui effectue depuis lundi une visite à Athènes– a mis en garde les alliés gouvernementaux sur un éventuel “non” des députés.

“Si le gouvernement de coalition s’écroule, ce sera une catastrophe, il faut que le gouvernement reste”, a déclaré M. Swoboda à la presse.