Conflit malien : Les Américains semblent privilégier la solution algérienne

 

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Le général américain commandant l’AFRICOM semble plus intéressé par la lecture algérienne du conflit malien que par les bruits de botte encouragé par les Français. « Les Etats-Unis ne vont pas déployer une force au nord du Mali et n’envisagent pas une présence militaire dans cette région » a-t-il affirmé, dimanche 30 septembre, lors de sa visite dans la capitale algérienne, se prononçant plutôt pour une solution “politique et diplomatique” à la crise malienne. En ajoutant que les Etats-Unis n’ont pas la même compréhension que l’Algérie au sujet de ce qui ce qui se passe au Mali.

Le Général Carter F. Ham, Commandant de l’AFRICOM, s’est rendu à Alger, le dimanche 30 septembre 2012, où il a été reçu par le président Abdelaziz Bouteflika. La rencontre de ce dernier avec le patron de l’ « United States Africa Command » (le commandement unifié américain pour l’Afrique), destiné à coordonner toutes les activités militaires et sécuritaires des États-Unis sur le continent noir, et ce n’est un secret pour personne, a porté sur la situation au Mali.

Une visite des plus importantes qui est largement suivie par nombre de pays de la région et notamment ceux qui ont des frontières communes avec la Mali (Algérie, Mauritanie, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Niger, Guinée et Sénégal. La frontière entre l’Algérie et le Mali est longue de quelque 1370 kilomètres.

Ce qui pose largement problème notamment depuis l’installation au nord du Mali d’un régime islamiste rigoriste allié d’Al Qaïda et dont une bonne partie des leaders sont des combattants de l’ancien maquis algérien éradiqué grâce à une politique énergique et intelligente du président Bouteflika : Abdelmalek Droukdel, Yahia Djouadi, Nabil Makhloufi, Mokhtar Belmokhtar,…

Ces bandes armées, qui vivent grâce à l’argent de la drogue et des rançons qu’ils arrivent à percevoir après des rapts d’étrangers, détiennent d’ailleurs, depuis avril 2012, quatre diplomates algériens pour la libération desquels ils exigeraient une rançon de 15 millions d’euros (presque le double en dinars). Une information avait circulé, début septembre, au sujet de l’assassinat d’un des diplomates algériens retenu en otage. Mais celle-ci n’a pu toujours été identifiée.

La visite du général américain de l’AFRICOM Carter F. Ham se déroule alors que des bruits de botte font rage dans la région du Sahel africain afin de déloger les quelque 6000 miliciens islamistes du Nord du Mali où ils n’ont que trop sévi : ils ont porté atteinte, depuis leur arrivé, en avril 2012, à l’intégrité territoriale du Mali dont ils occuperaient les 2/3 (environ 900 000 k2), ils ont créé une menace terroriste pour tout le Sahel et donné naissance à un bled-es-siba (pays du désordre) et ils ont détruits d’importants monuments classés sur la liste des patrimoine de l’humanité.

Les ministres ivoirien, Paul Koffi Koffi, et malien, Yamoussa Camara, de la Défense ont annoncé, à l’issue d’un entretien avec le président intérimaire du Mali, Dioncounda Traoré, le dimanche 23 septembre, que « Le Mali et la Communauté économique des pays de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) », qui regroupe quinze pays Ouest-africains, qu’ils « ont finalement trouvé un accord sur les conditions de déploiement d’une force africaine, en vue d’une éventuelle opération de reconquête du Nord du Mali.»

Or, l’Algérie, qui a pour les Américains et nombre de pays un pays dont le rôle est essentiel et même incontournable dans la résolution du conflit malien, n’est pas très chaude pour une intervention militaire. L’Algérie estime qu’il y a encore place pour le dialogue avec, sans doute, une prise en compte négociée des revendications de la population Touareg, qui sont au centre du conflit malien. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a réitéré le même message, les 24 et 25 septembre, au cours des travaux de la 67 ème Assemblée Générale Nations Unies, à New-York : l’Algérie est pour une « solution pacifique et durable ».

De nombreux analystes ont prévenu que l’éclatement d’un nouveau conflit dans cette région désertique, où la guerre conventionnelle n’est pas toujours facile, risque de créer un Afghanistan africain. Il n’est pas du tout éloigné que ce nouveau conflit attire de nombreux guerriers extrémistes venus à la rescousse de leurs frères d’arme. Une position qui est jugée très dangereuse et bien déstabilsatrice et bien au-delà de l’Algérie. Dans la mesure où un éventuel nouveau conflit aura un impact certain et ravageur pour toute la région.

Cela d’autant plus que l’Algérie est avec le Niger parmi tous ceux de la région qui est le plus exposé à des dangers terroristes : il y a le danger malien, mais aussi la Libye avec ses miliciens, dominés par les salafistes de tout poil, qui s’entretuent et ses 2 millions de pièces d’armes en circulation et ses camps d’entraînement d’Al Qaïda.

L’Algérie a une frontière de 982 kilomètres avec la Libye. Un observateur avait comparé, il y a quelques mois, la frontière algérienne à une « ceinture explosive » ! Et ce malgré toutes précautions prises par les très efficaces forces de sécurité algériennes. Des échos ont fait état du déploiement, au niveau des frontières avec la Libye, d’un matériel sophistiqué d’identification par empreintes digitales pour déjouer toute tentative d’infiltration d’éléments armés.

Les Américains, qui ne sont pas contrairement aux Français, des va-t-en guerre, semblent bien apprécier à bien des égards la position algérienne. C’est pourquoi la visite du commandant de l’AFRICOM, qui s’inscrit dans le cadre d’une tournée régionale, est primordiale pour envisager les solutions au cancer malien.

L’agence officielle algérienne, Algérie Presse Service, rapporte que le général Carter F. Ham a déclaré, dimanche 30 septembre, au cours d’une conférence de presse que « Les Etats-Unis ne vont pas déployer une force au nord du Mali et n’envisagent pas une présence militaire dans cette région, se prononçant plutôt pour une solution “politique et diplomatique” à la crise malienne. En ajoutant que les Etats-Unis n’ont pas la même compréhension que l’Algérie au sujet de ce qui ce qui se passe au Mali.