Geithner en Allemagne sur fond de grandes manoeuvres pour sauvegarder l’euro

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étaire au Trésor américain Timothy F. Geithner, le 26 juillet 2012 à Washington (Photo : Brendan Smialowski)

[30/07/2012 10:56:39] BERLIN (AFP) Le secrétaire au Trésor américain rencontre lundi en Allemagne le ministre allemand des Finances et le président de la Banque centrale européenne (BCE), en pleine grandes manoeuvres pour restaurer la confiance vis-à-vis de la zone euro

Lundi après-midi, Timothy Geithner se rendra à Sylt, une île allemande de la mer du Nord, pour un entretien à huis clos avec Wolfgang Schäuble consacré notamment aux “économies européenne et américaine”, puis à Francfort (ouest), siège de la BCE, pour y rencontrer son président, Mario Draghi.

Si la teneur exacte de ces entretiens n’a pas été précisée, la crise en zone euro devrait figurer au centre des discussions, selon une porte-parole du gouvernement allemand, alors que la situation espagnole s’est aggravée et que la crainte d’une contagion à l’Italie a pris de l’ampleur.

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ésident de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, le 9 juillet 2012 à Bruxelles (Photo : Thierry Charlier)

En se déclarant prêt, jeudi, a prendre toutes les mesures nécessaires pour préserver la zone euro, Mario Draghi a mis un terme provisoire aux craintes des investisseurs et à la flambée des taux d’emprunt espagnols et italiens.

Rome a ainsi emprunté lundi 5,48 milliards d’euros à moyen et long terme à des taux en baisse. Sur le marché secondaire (de la revente des obligations), les taux espagnols et italiens ont également quitté les sommets atteints en début de semaine dernière.

Reste toutefois à concrétiser ces promesses, soulignent les économistes qui attendent plus de précisions de M. Draghi jeudi lors de la conférence de presse mensuelle qui suit la réunion du conseil des gouverneurs de la BCE.

En attendant, les discussions et déclarations se multiplient du côté des responsables politiques européens pour montrer leur soutien à la BCE et leur détermination à faire eux aussi tout ce qui est en leur pouvoir pour assurer l’intégrité de la zone euro.

La chancelière Angela Merkel, en vacances, s’est entretenu tour à tour en fin de semaine avec le président français François Hollande et le chef du gouvernement italien Mario Monti. Ils se sont tous trois dit déterminés “à tout faire pour protéger” la zone euro, où l’indice de confiance des chefs d’entreprises et des consommateurs a à nouveau plongé en juillet.

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ère allemande Angela Merkel, le 4 juillet 2012 (Photo : Gabriel Bouys)

M. Monti doit par ailleurs se rendre à Paris mardi pour un déjeuner de travail avec M. Hollande et jeudi à Madrid pour rencontrer son homologue espagnol, Mariano Rajoy.

Pas de répit non plus au coeur de l’été pour le chef de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker qui s’est exprimé dans plusieurs journaux au cours du week-end.

“Nous sommes arrivés à un point crucial”, a-t-il dit notamment au quotidien français Le Figaro, assurant que le fonds de secours européen, le FESF, agirait avec la BCE.

“Il reste à préciser le rythme et la mesure”, a-t-il ajouté.

Le scénario d’une intervention du FESF sur le marché de la dette, avant une action de la BCE, est évoquée par nombre d’observateurs.

Mais “il faut une décision politique des 17 avant une intervention du FESF, mais si la pression est là, on agira dans des délais plus brefs”, selon un diplomate européen.

Le FESF peut acheter de la dette publique mais ne l’a encore jamais fait car cela suppose la signature d’un mémorandum et la mise en place de nouvelles réformes, ce que Madrid ou Rome se sont refusés à faire jusqu’ici.

Avec une capacité de prêt d’un peu plus de 200 milliards d’euros, le FESF n’est pas en mesure d’intervenir massivement en cas de contagion de la crise à l’Italie par exemple, mais il peut contribuer à apaiser les tensions et surtout à donner des gages de bonnes volontés à la BCE afin qu’elle reprenne ses achats d’obligations publiques sur le marché secondaire (SMP), à l’arrêt depuis des mois.

Cette solution se heurte toujours à un non catégorique de la part de la Bundesbank, la banque centrale allemande, et d’une partie des responsables politiques du pays.

Lundi, l’eurodéputé allemand Jörg-Uwe Hahn, membre du FDP (parti allié d’Angela Merkel) a menacé de déposer plainte auprès de la Cour européenne de justice contre la BCE si celle-ci annonçait relancer son programme SMP, arguant que l’institut monétaire devait se concentrer sur la stabilité des prix.

Des critiques que M. Juncker a qualifié de calculs de politique intérieure, qui “finissent par trahir l’esprit européen”.

L’ancien Premier ministre britannique Tony Blair a lui appelé les Allemands à sauver l’euro, même au prix de compromis déplaisants, dans une tribune lundi au quotidien populaire, Bild.