Geodis seul candidat à la reprise du transporteur Sernam

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énéral de Geodis Pierre Blayau, le 6 avril 2008 à Paris (Photo : Miguel Medina)

[09/03/2012 20:23:45] PARIS (AFP) Geodis, filiale de la SNCF, est seul à s’être porté candidat vendredi à la reprise de Sernam, compliquée par l’exigence de Bruxelles de voir l’Etat français recouvrer 642 millions d’euros d’aides illégales versées au transporteur aujourd’hui en redressement judiciaire.

Le gouvernement, soucieux de ne pas voir une nouvelle “bombe” sociale exploser à l’approche de la présidentielle, a annoncé qu’il envisageait un recours contre la décision de la Commission européenne.

Geodis “est le seul candidat à la reprise” de Sernam, a annoncé à l’AFP une source proche du dossier, à l’échéance de 17H00 fixée vendredi pour la remise des offres au tribunal de commerce de Nanterre.

“Les deux autres candidats” dont les noms avaient été évoqués, les groupes Caravelle et Heppner, “n’ont pas déposé d’offre”, a ajouté cette source.

Quelques instants auparavant, le directeur général de Geodis, Pierre Blayau, avait confirmé à l’AFP que son entreprise maintenait son projet de reprise partielle de Sernam, malgré la décision de Bruxelles.

“Cette décision ne change rien pour nous. Elle était attendue, même si on ne savait quels seraient son sens et son montant”, avait déclaré M. Blayau. “Nous allons déposer une offre de reprise partielle de Sernam dans les délais impartis”, avait-il assuré.

Un problème majeur subsiste néanmoins: selon son patron, Geodis, qui propose de conserver seulement 850 emplois sur 1.600, conditionne son projet au fait de ne pas avoir à supporter le remboursement aux pouvoirs publics des aides versées à Sernam jugées indues par la Commission européenne.

“Nous subordonnons l’exécution de notre projet à la condition que Geodis ne puisse pas être un débiteur de substitution”, a souligné M. Blayau.

Au terme d’une enquête, les autorités européennes de la concurrence ont estimé que l’ensemble des aides publiques accordées à Sernam avant et au moment de la privatisation de l’entreprise en 2005 lui avait conféré “un avantage économique indu”.

La Commission, qui avait déjà retoqué en 2004 un premier apport public de 41 millions d’euros, a reproché aux autorités françaises d’avoir “manqué à leur obligation” de la récupérer.

“Il incombe à la société financière Sernam (…) de rembourser cette somme ainsi que toutes les autres aides dont Sernam a bénéficié, soit un total de plus de 642 millions d’euros”, a-t-elle jugé.

La décision a été accueillie avec pessimisme dans l’entreprise. Elle ne signe “pas l’arrêt de mort tout de suite, mais l’infarctus est sérieux et le pronostic est réservé”, a commenté Maxime Dumont, secrétaire général de l’Union fédérale route de la CFDT (majoritaire chez Sernam).

“Les autorités françaises ne partagent absolument pas l’analyse de la Commission européenne dans ce dossier”, a réagi le ministre des Transports Thierry Mariani.

“Nous considérons que les conditions d’aide à la restructuration de Sernam ont été respectées”, a-t-il déclaré à l’AFP, précisant que ses services allaient “examiner le dossier en détail et étudier la possibilité d’un éventuel recours”.

La proximité des élections rend le dossier Sernam particulièrement sensible et, en coulisses, des professionnels du secteur assurent voir la main du gouvernement derrière la candidature de Geodis, entreprise publique, à une opération de reprise qu’il excluait pourtant il y a peu.

“Nous considérons qu’il y a intérêt industriel pour Geodis à proposer un projet de reprise partiel”, a rétorqué vendredi Pierre Blayau.

Ancienne filiale de la SNCF, Sernam est aujourd’hui détenu à 80,32% par la société d’investissements Butler Capital Partners (BCP). Ses difficultés financières l’ont amené fin janvier au redressement judiciaire, avec période d’observation de six mois. Une audience se tiendra le 27 mars au tribunal de commerce de Nanterre.