Tunisie : Axes d’actions pour l’implication de l’entreprise dans la croissance inclusive

Par : Autres

La Tunisie fait face aujourd’hui à trois types de problèmes économiques à traiter rapidement.

A. Les problèmes structurels:

• Les limites du modèle de croissance pour la création de suffisamment d’emplois pour les diplômés et un développement régional plus harmonieux.

• Les dysfonctionnements au niveau institutionnel, à l’origine des délits d’initiés, de la mauvaise qualité de l’environnement des affaires, etc.

B. L’état de la conjoncture, en partie du fait de l’après 14 janvier et en plus grande partie, à l’avenir, sous l’effet des difficultés des économies européennes et américaines.

C. La fracture sociale, résultat des limites du modèle de croissance pendant plus d’une décennie, en particulier par l’accumulation du stock de chômage de diplômés et du retard des régions intérieures en potentiel d’emplois.

Les réponses des entreprises et leurs engagements permettent de recenser les leviers sur lesquels l’on peut agir pour faire face à ces problèmes. Il s’agit essentiellement de facteurs institutionnels, tels que l’amélioration de l’efficacité de l’administration, l’amélioration de l’environnement des affaires, le rendement de la formation et de l’enseignement supérieur.

C’est un véritable programme de travail qui est proposé par les réponses des entreprises pour une meilleure implication dans la conception et la réussite du nouveau modèle de croissance inclusive.

Le programme en dix points qui résulte des réponses des entrepreneurs et des enseignements des données internationales est le suivant:

1. L’environnement des affaires:

• L’Administration (vers un nouveau management) :

• Les procédures: Obligations de délais et de résultats.

• La réduction du nombre des vis-à-vis.

• La délégation de tâches à la société civile et au privé.

• Le fonctionnement par groupes de travail.

• Le système financier: Les créances douteuses, la concurrence bancaire, les délais, les garanties, etc.

• Système fiscal: révision et réduction du nombre d’impôts et simplification de l’encaissement.

• La douane (transparence et délais).

• La justice: les délais, la transparence.

• La logistique: les compétences, les délais.

2. Les incitations:

• A examiner ou à revoir:

• Le régime d’exportation.

• La fiscalisation de la couverture sociale.

• Les incitations aux moyennes et grandes entreprises en fonction de l’amélioration du climat des affaires.

• A cibler (de manière restrictive):

• Les régions de l’intérieur.

• Les petites entreprises (pour l’emploi et pour la modernisation).

3. Le capital humain et le système de formation et d’enseignement

– Dotation des organisations professionnelles de centres de contacts performants avec l’Université et la recherche scientifique (pour les stages, l’apprentissage en entreprise, la valorisation de la recherche et des travaux de fin d’études, les ressources pour l’enseignement, etc.).

– Création de centres pédagogiques dans les organisations patronales pour améliorer l’aptitude à l’intervention dans les programmes.

– Implication effective de l’entreprise dans les institutions d’enseignement supérieur.

– Nouvelles formules d’apprentissage et de validation des connaissances qui brisent la séparation du monde des études et celui du travail.

– Relever les moyens humains des établissements d’enseignement supérieur de l’intérieur du pays (coopération internationale de taille critique).

4. Des alliances stratégiques intra régionale: Entreprises-Fiances-Université et Formation professionnelle:

– Mobilisation d’une assistance technique externe et un apport en capital humain de l’extérieur.

– Faire des centres de formation et les établissements d’enseignement supérieur le pivot de l’alliance:

• Renforcer le corps d’enseignement local par un apport national et international de très haut niveau.

• Rendre les institutions de l’intérieur attractives pour les bons éléments de l’extérieur.

5. Filet social:

– Des garde-fous pour la libéralisation.

– Des services collectifs accessibles (santé et éducation) et performants (pour réduire les coûts non apparents).

– Soutien à la Société civile à caractère social (pour la veille sociale aussi).

6. Redynamiser les négociations internationales sur les services et l’agriculture mais selon un schéma de stratégie de long terme.

7. Dialogue entre partenaires sociaux: Un plan de concertation selon le nouvel environnement.

8. Partager l’information sur l’état des lieux et la disséminer auprès de tous les acteurs.

9. Moyens à mobiliser:

– Le temps et le savoir-faire des entrepreneurs (volontariat organisé).

– Réallocation des ressources fiscales.

– Fonds et économie sur les délits d’initiés.

– Coopération technique internationale.

– Economie sur les coûts des transactions (meilleur environnement des affaires).

– Budget habituel, augmenté d’une enveloppe spéciale pour traiter la fracture sociale.

10. Programmation de la mise en oeuvre:

– Lancement d’une initiative pour l’entreprise citoyenne: Constitution d’un groupe de travail de concertation permanente et d’actions communes entre acteurs.

– Mise en place d’équipes de travail et plan d’alliances stratégiques régionales.

– Délai de 3 ans pour atteindre le rythme de croisière. Premiers résultats dès les 6 prochains mois.

Une exploration de scénarios de croissance basée sur les propositions des entrepreneurs laisse entrevoir la possibilité de réaliser rapidement des résultats intéressants. En particulier, une baisse du taux de chômage des diplômés, progressivement à partir des 6 prochains mois, de dix points dans les régions de l’intérieur et du Sud et de 5 points pour les autres régions. Et ce malgré les flux annuels de nouveaux diplômés.

C’est un programme où l’entreprise aura à contribuer massivement dans la relance de l’économie, la résorption des déséquilibres accumulées et la conjoncture difficile.

Ce programme et cet engagement, ressentis à travers l’enquête auprès des entrepreneurs, sont une opportunité de coopération à saisir par tous les acteurs. Une telle attitude résulte d’une prise de conscience par les entrepreneurs de la gravité du moment aussi bien pour l’entreprise que pour son environnement social et politique. L’entreprise aura une contribution importante aussi bien au niveau de la production, de la croissance et de l’efficacité et également au niveau de son implication sociale et par l’apport du savoir faire de l’entrepreneur.