ésident Nicolas Sarkozy, le 5 décembre 2011 à La Défense, près de Paris (Photo : Lionel Bonaventure) |
[06/12/2011 19:25:23] PARIS (AFP) Mis en difficulté par les menaces de Standard and Poor’s sur la note de la France, Nicolas Sarkozy et son gouvernement ont tenté de reprendre la main mardi en relançant le débat sur la “règle d’or” face à une gauche qui y a vu le symbole de “l’échec” de leur politique.
Quelques heures seulement après l’annonce du compromis franco-allemand destiné à éteindre l’incendie qui menace la zone euro, la décision de l’agence de notation américaine de placer 15 de ses 17 membres sous “surveillance négative” a fait l’effet d’une bombe.
Si les six pays crédités de la note maximale AAA, y compris l’Allemagne, sont visés, la France bénéficie d’un traitement de défaveur en étant la seule à être menacée de voir sa note abaissée de deux crans. Une sévérité notamment justifiée, selon S&P, par la situation des banques françaises et une prévision de croissance très faible pour 2012.
Dans la foulée du communiqué publié lundi soir par Paris et Berlin, le gouvernement, qui a fait du maintien du AAA une priorité absolue, a lancé la riposte en soulignant que l’évaluation de Standard and Poor’s ne tenait pas compte du plan élaboré par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel.
Cet accord est “la réponse à l’une des interrogations majeures de cette agence, qui parlait de l’insuffisance de la gouvernance économique européenne. Nous allons considérablement l’améliorer avec la discipline budgétaire”, a relevé le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé.
“C’est une décision prise avant la rencontre” Sarkozy-Merkel, qui constitue “une première réponse, au fond, à cette méfiance, cette crise de confiance”, a renchéri le conseiller spécial du président, Henri Guaino.
A l’appui de sa démonstration, l’Elysée a fait savoir que Nicolas Sarkozy avait été informé de la décision S&P “dès lundi matin” et que “la réunion qui a abouti à son annonce avait eu lieu mardi dernier”.
Le chef de l’Etat a fait du maintien du AAA, qui permet à la France d’emprunter au meilleur taux, l’objectif prioritaire de sa fin de mandat. Et même si son entourage s’est réjoui mardi que la France ne soit “pas la seule” dans le collimateur, il a compris le danger, à cinq mois d’une élection présidentielle dont il n’est pas le favori.
“Il ne peut pas se permettre une dégradation”, résumait récemment l’économiste Alain Minc, un de ses conseillers officieux.
érie Pécresse le 7 novembre 2011 à Paris (Photo : Jacques Demarthon) |
Le président a donc lui-même déplacé le sujet sur le terrain politique en appelant implicitement la gauche à rejoindre son combat contre les déficits. “La situation est grave, le pays a besoin d’union”, a-t-il lancé lors du petit-déjeuner hebdomadaire de la majorité à l’Elysée.
Son Premier ministre a enfoncé le clou devant l’Assemblée nationale. La menace lancée par S&P est un “avertissement collectif”, a jugé François Fillon, “un appel à une gouvernance politique et économique plus solide”.
Encore plus explicite, Valérie Pécresse (Budget) a lancé un appel au Sénat à majorité de gauche pour qu’il “accepte de voter la règle d’or”, “demandée, exigée par l’ensemble des pays de la zone euro”.
“Que ce soit avant la présidentielle ou après, les socialistes seront dans l’obligation, je l’espère, dans l’opposition, d’assumer leurs responsabilités”, a observé son collègue de l’Economie, François Baroin.
Comme elle l’avait fait, il y a quelques semaines, en rejetant le projet du gouvernement d’inscrire la règle d’or de retour à l’équilibre budgétaire dans la Constitution, la gauche a dénoncé “un piège” politique et renvoyé la responsabilité de la situation au président.
“Quand Nicolas Sarkozy vient nous parler de la +règle d’or+ en fin de mandat, il y a quand même quelques paradoxes”, a jugé François Hollande, rappelant que s’il est élu en 2012, il fera “voter une loi de programmation des finances publiques” pour ramener les comptes à l’équilibre en 2017.
La perte du AAA dont est menacé Paris est “l’oeuvre du sarkozysme” qui a “laissé prospérer la dette”, a tranché aussi Arnaud Montebourg, troisième homme de la primaire PS.