L’Autriche prend les devants pour sauver son précieux Triple A

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à Bruxelles (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[22/11/2011 14:25:04] VIENNE (AFP) Egalement dans le viseur des agences de notation, l’Autriche a pris les devants dans l’espoir de conserver sa sacro-sainte notation Triple A en inscrivant une “règle d’or” budgétaire dans sa constitution et en imposant une plus grande discipline à ses banques.

Mardi, la ministre des Finances conservatrice Maria Fekter s’est voulue rassurante. Les récentes discussions avec l’agence de notation Moody’s, dont une mission est actuellement à Vienne, se déroulent “très bien”, a-t-elle déclaré en marge du conseil des ministres.

“Il n’y a pas de changement de statut”, donc du Triple A, a-t-elle affirmé, alors que les verdicts de Moody’s et Standard and Poor’s sont attendus avant Noël.

La petite république alpine se considérait il y a quelques semaines encore comme un havre de stabilité au milieu d’une zone euro en crise. Mais elle est devenue aussi une cible des spéculateurs, particulièrement au moment des attaques des marchés contre l’Italie, même si ses banques sont peu exposées dans ce pays voisin du sud.

Les taux d’intérêt des obligations autrichiennes à 10 ans ont commencé à augmenter, l’écart avec ceux de l’Allemagne à se creuser.

“Nous n’avons pas une simple réaction des marchés à une situation budgétaire difficile. Il y a des attitudes génériques qui commencent à avoir un impact sur des triple A considérés comme jusque là très solides”, a déclaré Gilles Moec, économiste chez Deutsche Bank, à l’AFP, notant une certaine “irrationalité” du phénomène.

L’Autriche est notée actuellement AAA sur sa dette souveraine, avec une perspective stable. Aucune agence n’a évoqué une rétrogradation, contrairement à la France.

Face à la menace potentielle, le gouvernement de coalition entre les sociaux-démocrates (SPÖ) et conservateurs (ÖVP), enlisé dans des querelles internes depuis des mois, empêchant toute réforme majeure, s’est cette fois vite mobilisé en annonçant il y a une semaine sa décision d’inscrire une “règle d’or” budgétaire dans sa constitution.

Même si les partis au pouvoir n’ont pas encore précisé comment ils comptaient consolider les finances, “nous jugeons positif le fait que le gouvernement semble cibler les subventions d’Etat ainsi que les dépenses de santé et de retraite, en particulier la retraite anticipée”, a déclaré Moody’s dans une note lundi.

L’âge effectif de la retraite est selon l’agence de 59 ans pour les hommes et de 57 ans pour les femmes, l’un des plus bas parmi les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Le pays a pris une autre mesure spectaculaire, en imposant aux banques autrichiennes, très implantées en Europe de l’est et en particulier dans la Hongrie en crise, de réduire de facto leur crédits dans cette région.

A compter de début 2012, elles devront appliquer un ratio de 110 euros de crédits pour 100 euros de dépôts, afin d’assurer que les premiers n’augmentent pas “de façon sur-proportionnelle” aux seconds, a souligné le gouverneur de la banque centrale Ewald Nowotny. Le rapport actuel tourne autour de 200 euros de crédit pour 100 euros de dépôts, selon la banque centrale.

Côté finances, l’Autriche, même si elle ne respecte pas les critères de Maastricht, est loin d’être dans une situation “apocalyptique”, selon les termes de la ministre des Finances. Le déficit doit tomber à 3,2% du PIB selon le projet de budget 2012 et l’endettement représentera 74,6% du PIB.

La croissance économique ralentit dans la foulée de l’Allemagne, principal partenaire commercial, mais le chômage reste le plus bas de la zone euro, avec 3,9% de la population active en septembre.

Pour l’ensemble de l’année, le Produit intérieur brut (PIB) devrait encore progresser de 2,9%, puis ralentir en 2012 à 0,8%, selon les prévisions de l’institut de référence Wifo.