Italie : Mario Monti deviendra Premier ministre mercredi

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éen Mario Monti le 14 novembre 2011 à Rome (Photo : Andreas Solaro)

[15/11/2011 18:24:07] ROME (AFP) L’ex-commissaire européen Mario Monti, fort du soutien obtenu mardi des grands partis italiens et des partenaires sociaux pour préparer un programme qui devrait contenir des “sacrifices”, ira mercredi à la présidence pour accepter officiellement de former le nouveau gouvernement.

Aussi bien le Parti démocrate (PD), principal mouvement de la gauche italienne, que le PDL (droite) de Silvio Berlusconi ont confirmé qu’ils soutiendront le gouvernement, sans poser de conditions.

Mario Monti se présentera mercredi matin à 10H00 GMT devant le président Giorgio Napolitano pour accepter la charge de Premier ministre, ont indiqué des sources présidentielles citées par l’agence italienne Ansa.

Il est probable que l’économiste présentera en même temps la liste de ses ministres, qui seront pour l’essentiel des technocrates.

Une fois que le chef de l’Etat aura donné son accord à cette liste, le gouvernement prêtera serment. La cérémonie sera suivie d’un passage de consignes solennel entre Silvio Berlusconi et Mario Monti.

Dès jeudi, le gouvernement pourrait se présenter au parlement, au Sénat le matin et à la Chambre des députés, pour un vote de confiance.

“M. Monti nous a dit être parvenu à un accord avec les principales forces politiques pour obtenir un soutien parlementaire consistant”, a déclaré le leader syndical Raffaele Bonanni après avoir vu le futur chef de gouvernement.

“Nous offrons un soutien entier et convaincu à un gouvernement prestigieux et de type technocratique”, avait auparavant indiqué le chef du PD, Pier Luigi Bersani. Tandis que le PDL qui appuie le futur exécutif “pour le bien de l’Italie” a demandé un programme axé en priorité sur les réformes réclamées par l’Union européenne.

Les deux grandes formations rechignaient en revanche à envoyer leurs représentants siéger au gouvernement, alors que M. Monti le leur a demandé afin de disposer d’une assise plus solide au parlement.

“Monti craint que son gouvernement ne se retrouve sans parrains politiques, destiné à durer quelques mois seulement et fouetté par la guérilla parlementaire”, soulignait mardi le quotidien La Repubblica.

Or la qualité de l’appui aussi bien du PD que du PDL “est plutôt piètre et c’est un danger dont le professeur (Monti, ndlr) est bien conscient”, selon Repubblica.

Plusieurs quotidiens ont évoqué le danger d’une “vietnamisation” du Parlement où, confronté à une sorte de guérilla, le nouveau gouvernement pourrait se trouver incapable de faire adopter les réformes économiques nécessaires, notamment les plus impopulaires.

Pour le quotidien Corriere della Sera, la seule force du gouvernement Monti est qu’il représente “un vaste mouvement d’opinion publique regroupant pour la première fois ceux qui n’ont jamais voté Berlusconi et ses nombreux partisans qui demandent maintenant à quelqu’un d’autre de sortir (le pays) de l’ornière”.

M. Monti a montré qu’il voulait renforcer sa “base populaire” en ajoutant aux consultations politiques traditionnelles des entrevues avec syndicats et patronat mais aussi avec des jeunes et des femmes.

Une délégation des femmes a plaidé pour des dégrèvements fiscaux pour les entreprises embauchant du personnel féminin.

M. Monti a déjà annoncé des “sacrifices” mais il a aussi insisté, selon la responsable du patronat italien Emma Marcegaglia, sur la cohésion sociale et le soutien des partenaires sociaux. Il “veut concentrer l’attention sur la croissance et réfléchir sur ce que sera l’Italie d’aujourd’hui à 2020/30”, a-t-elle dit.

Le nouveau Premier ministre devra affronter des dossiers politiquement et socialement délicats, comme la question des retraites à l’ancienneté (après 40 ans de travail), ou de la flexibilité du marché du travail.

Un des représentants du patronat, Ivan Malavasi, a assuré à M. Monti que les entrepreneurs, bien que plaidant pour un allègement de la fiscalité, étaient prêts à contribuer à d’éventuelles taxes supplémentaires pour sortir le pays de la crise.

Les marchés continuaient de faire pression pour une prestation de serment rapide du nouvel exécutif italien: la Bourse de Milan a clôturé sur une baisse de 1,08%. Le taux des titres de dette italiens à 10 ans restait au-dessus du seuil périlleux des 7%.

L’Italie inquiète les investisseurs en raison de sa dette colossale (1.900 milliards d’euros, 120% du PIB). M. Monti leur a réclamé un peu de “patience” en soulignant que le pays est une “démocratie” qui prévoit des “délais précis” pour former un gouvernement et élaborer un programme.