Tunisie : La victoire d’Ennahdha encore et toujours dans la presse étrangère

Par : Tallel

Comme tous ces jours-ci, la presse étrangère n’a pas manqué de titré sur les résultats définitifs provisoires des élections pour la Constituante annoncés jeudi 27 octobre tard dans la soirée par le président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE).

C’est le cas du post.fr qui titre “Tunisie – L’hiver du français: Les Islamistes déjà talibans sémantiques“. Pour ce site électronique, “Il paraît que les Français ne comprennent rien aux Islamistes tunisiens. On les comparerait aux Talibans dans un amalgame d’ignares occidentaux, incapables de voir les valeurs démocratiques portées par l’islam modéré, dans l’ancien pays des suffètes de Carthage. Si Hannibal était borgne, de nombreux Tunisiens d’aujourd’hui sont décidément aveugles“.

Sous forme d’avertissement, la même source ironise en indiquant que «… ces critiques acerbes et péremptoires nous sont données, en général, par des Tunisiens francophones qui, plutôt que de nous donner des leçons d’islamisme, auraient tout intérêt à réviser eux-mêmes leur grille de lecture. Car bientôt, ils devront, si l’on a bien compris, nous admonester en arabe». Car, «le très modéré Rached Ghannouchi, chef du parti vainqueur aux élections tunisiennes, le parti islamiste Ennahdha, a déclaré que le français pollue la langue arabe. La même source estime que le premier cheval de bataille des islamistes sera «l’arabisation», et de remarquer cependant que «partout où cela a été pratiqué (en Algérie voisine un temps), ce fut un échec et une fermeture obscurantiste par rapport à l’ouverture que donne sur le monde une autre langue».

Sous la plume de Fabrice Aubert, lci.tf1.fr pose une grande interrogation “Tunisie: et maintenant ?“, et ce en référence à la victoire du parti Ennahdha qui “dispose d’une majorité relative à l’Assemblée constituante“. Ici l’adjectif “relative“ est significatif à plus d’un titre puisqu’il permet à l’auteur de l’article de souligner que: “en position de force pour diriger le gouvernement, ils (les islamistes) devront néanmoins composer avec les autres forces politiques“. Mais le site pense, également, qu’Ennahdha souffle “le chaud et le froid“.

Le site du quotidien Libération www.libe.ma, pour sa part, estime que “la victoire du parti Ennahdha n’est pas une surprise“. Pour en apporter la preuve, il a recueillis des avis d’experts en relations internationales et d’universitaires à Paris. C’est le cas Mansouria Mokhefi, responsable du programme Moyen-Orient/Maghreb à l’Institut français des relations internationales (Ifri), qui souligne que «dans un pays où l’opposition a été muselée pendant des décennies, seuls les islamistes, réprimés, emprisonnés, exilés, torturés ont réussi à occuper le terrain à travers un vrai travail de maillage social et d’entreprises caritatives”. Elle soutient qu’«Il n’y a donc pas de surprise, même si cela arrive dans le pays (Tunisie) présenté comme étant le plus laïc du monde arabe, une volonté de Bourguiba et une réalité jusqu’il y a 10 à 15 ans».

Un autre spécialiste du monde arabe, Alain Gresh, abonde dans le même sens et «démystifie, de son côté, le “spectre islamiste” en Tunisie». “Je ne pense pas que les gens qui ont voté Ennahdha en Tunisie veulent une +dictature islamiste+”. Et estime que «le fait que l’islam joue un rôle majeur dans les sociétés arabes est une évidence».

Pour sa part, Pierre Vermeren, spécialiste du Maghreb et historien à Paris-1, «il s’agit d’un vote “nationaliste” et Ennahdha draine un héritage idéologique, entretenu par l’éducation et les chaînes arabes que les Tunisiens regardent».

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