Tunisie : L’armée pour rétablir la paix économique? De l’Intox, affirme le ministère de la Défense

arme-tunisienne-1.jpgD’après Maghreb Intelligence du mardi 2 mars, le général Rachid Ammar, chef d’Etat major aurait prévenu certaines composantes de la société civile quant au chaos qui «commence à se profiler à l’horizon» en Tunisie. Le général Ammar aurait même déclaré «qu’il ne permettrait plus que ce «cirque» continue» et que l’armée se verrait éventuellement dans l’obligation de gérer.

Ce qui aurait inquiété le général c’est le rapport transmis par Mustapha Kamel Nabli, de retour de Washington, selon lequel on craindrait «la détérioration de la situation économique et financière du pays à cause de l’arrêt presque complet des activités industrielles». Toujours d’après la même source, Washington aurait tiré la sonnette d’alarme quant à une éventuelle cessation de paiement de la Tunisie dans les prochains mois si la stabilité et la sécurité ne reviennent pas rapidement.

Contactée par nos soins, la Banque centrale tunisienne nie en bloc l’existence d’un tel rapport. Elle affirme que Washington n’a jamais exprimé une quelconque position quant à l’éventuel report ou cessation du remboursement des dettes tunisiennes. Toutefois, la première autorité financière du pays appelle à la vigilance et met en garde contre l’existence de pressions accrues sur les perspectives de croissance économique pour l’année en cours et sur les équilibres financiers internes et externes ainsi que sur les avoirs en devises.

Ces derniers cumulent à 12.259 MDT ce qui équivaut à 139 jours d’importations, à la date du 24 février 2011. Ces avoirs risquent, d’après la BCT et comme affirmé dans son dernier conseil d’administration, d’accuser une contraction sensible au cours des mois prochains si l’activité économique ne reprend pas son rythme normal dans les plus brefs délais.

L’armée doit-elle s’inquiéter de la situation économique?

Si la BCT nie en bloc, attendons-nous à ce que le ministère de la Défense nationale nie également l’existence des informations diffusées sur le site Maghreb Intelligence.

Mais en tout état de cause, serait-ce au général Rachid Ammar de s’inquiéter de la situation économique du pays ou au gouvernement composé de technocrates et de politiques d’y veiller? L’armée, mise à l’écart de la chose politique d’abord par Bourguiba et entièrement marginalisée par Zine El Abidine Ben Ali jusqu’à ses capacités financières et ses équipements désuets a-t-elle aujourd’hui le pouvoir et surtout la volonté de revenir à la charge et d’occuper une place de choix dans la reconstruction du pays? Car à ce jour, sa mission s’est limitée au volet sécuritaire dans lequel elle a joué un rôle important depuis l’avènement de la révolution.

Rappelons à ce propos que l’armée nationale a subi depuis quelques temps une campagne orchestrée sur les réseaux sociaux et dans lesquels on aurait même mis en doute son engagement pour la défense de la révolution, la préservation de la stabilité sociale et la protection des biens publics. On l’aurait accusée, entre autres, d’avoir assisté sans intervenir à la mise à sac et la mise à feux d’établissement appartenant à la police nationale dans certains gouvernorats. Dans un communiqué publié mardi 1er mars, le ministère de la Défense nationale a dénoncé la campagne de dénigrement orchestrée récemment contre l’armée nationale dans le dessein de mettre en doute sa probité et sa crédibilité envers la révolution, à travers la propagation de rumeurs sur le réseau social “Facebook” et la diffusion de tracts.

«Cette fidèle institution, selon le communiqué, a vaillamment résisté pour protéger la révolution depuis son déclenchement, défendre les institutions de l’Etat, protéger les individus, préserver les biens publics et privés contre les actes de vandalisme et de pillage et sauvegarder le régime républicain».

Les militaires reviendraient-ils donc en force pour rétablir la paix dans la rue et soutenir l’économie? A première vue, rien d’officiel ou de véridique à ce jour. Attendons voir.