Tunisie : La presse est-elle un bon auxiliaire de la santé ?

sante-23102010.jpgL’académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts, «Beit Al Hikma» a
abrité, le 22 octobre 2010 à l’occasion de la 14ème conférence annuelle du
Comité National d’Ethique Médicale (CNEM), un colloque sur la question des
relations qu’entretiennent le secteur de la santé et les médias.

Après l’allocution d’ouverture de Oussama Romdhani, ministre de la Comminication, les intervenants de cette journée d’étude, à savoir des professeurs
membres du CNEM à l’instar de Mme Fatma Chamakh et Moncef Boulakbeche, ont
rappelé des prescriptions les plus importantes du code de déontologie médicale,
d’une part, et des contraintes qui s’imposent aux médias ou que les médias
veulent bien s’imposer à eux-mêmes, d’autre part.

Il convient de signaler, tout d’abord un fait regrettable, que malgré la
présence d’imminentes personnalités du secteur de la santé et l’importance du
sujet traité, la couverture médiatique de ce colloque n’était pas au
rendez-vous, alors qu’il s’agit de parler justement de l’investissement du champ
de l’information du domaine médicalr par les médias, aussi bien par devoir que
par nécessité.

La problématique actuelle de la relation média-santé

Mme Fatma Haddad, membre du CNEM, a constaté qu’au fil du temps, le capital
confiance symbolique dans le corps médical ou scientifique s’est érodé. La
problématique actuelle de la relation média-santé se pose pour le public en
termes de situation de crises. Elle a cité, dans ce contexte, quelques exemples
qui ont pris une place importante dans les médias au cours de la décennie
précédente; elle a fait allusion à la dernière pandémie, en l’occurrence la
grippe H1N1
sans oublier la
grippe aviaire il y a 2 ans, voire l’épidémie du
SIDA, la bactérie indienne et la vache folle.

Pour sa part, M. Majed Zemni, autre membre du CNEM, a indiqué que les moyens de
communication évoluent plus vite que les mentalités, les attentes des uns et des
autres sont conditionnées par d’autres facteurs que le souci d’informer ou de
s’informer. De même, la traduction médiatique de l’information n’est pas aisée
et toute expérience de communication est par définition frustrante et aboutit à
la découverte de l’incommunication.

La spécificité de l’information médicale

Au cours de ce colloque, une étude américaine a été commentée par les
professeurs membres du CNEM. Il s’agit d’une analyse de la qualité de 200
communiqués de presse pris au hasard parmi ceux publiés par 20 centres de
recherche universitaires. Plus du quart de cess communiqués exagéraient
l’importance des résultats rapportés. 64 des 87 communiqués concernant des
essais sur les animaux ou réalisés en laboratoire affirmaient que les résultats
avaient une valeur en médecine humaine. Pourtant, l’étude a montré que deux
tiers des essais sur les animaux qui ont été médiatisés ne se concrétisent pas
par des traitements pour les humains.

Cette analyse a montré le peu de fiabilité des communiqués de presse
d’organismes de recherche et de chercheurs qui ont des intérêts financiers et de
prestige à exagérer la portée de leurs travaux.

Conclusion: le processus de communication est complexe et le message adressé à
différentes personnes n’est pas reçu de la même manière par tous.

Rappelons pour finir que la première séance de cette rencontre à traité de “la
communication éthique”, de “déontologie et information médicale” et de “santé et
média: collaboration nécessaire et risquée”; quant à la 2ème séance, elle s’est
penchée sur “journalisme et santé: enjeux et logique de production”, “média,
santé et éthique journalistique en Tunisie: références et contraintes
quotidiennes”, et “santé et communication: mutations et résistances aux
chabgements”.