RDC : deux ans après la crise, le cuivre peut encore faire rêver le Katanga

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à Kolwezi, le 3 mars 2010, dans le sud-ouest de la République démocratique du Congo (Photo : Gwenn Dubourthoumieu)

[14/07/2010 16:45:53] LUBUMBASHI (AFP) Touchée de plein fouet par la crise financière mondiale, la riche province minière du Katanga, dans le sud-est de la République démocratique du Congo, peut rêver d’une relance de son économie grâce à l’embellie des cours du cuivre, son principal minerais.

De 8.000 dollars américains (USD) la tonne en septembre 2008 à 2.700 USA le mois suivant, le cuivre aura connu avec la crise une chute vertigineuse de ses cours, fortement ressentie par la centaine d’exportateurs de ce minerais, implantés dans le sud-est minier de la RDC.

“Le choc était très dur. Les tout petits avaient très vite fermé”, se souvient Roger Tambwe, économiste congolais spécialisé dans les mines à Lubumbashi, la capitale du Katanga.

Mais moins de deux ans après l’effondrement des cours, “les entreprises qui sont restées ont atteint leur point d’équilibre” grâce à un prix d’achat oscillant aujourd’hui autour de 6.800 USD la tonne, note M. Tambwe.

Signe de cette reprise, la production annuelle de cuivre au Katanga est passée de 961.654 tonnes en 2008 à 887.156 en 2009, avant de se redresser fortement à 593.058 tonnes uniquement pour les six premiers mois de 2010, selon des chiffres officiels.

Une hausse à mettre à l’actif de nouveaux investissements réalisés par des exportateurs de minerais, comme l’entreprise indo-congolais Chemical of Africa (Chemaf), qui transforme désormais sa production sur place avant de la vendre à 8.000 dollars USD la tonne à un groupe émirati.

Près de 35 millions de dollars de redevance, aussi bien pour le cuivre que pour les autres métaux, ont ainsi été perçus par l’Etat congolais au premier semestre 2010, contre 45 millions pour toute l’année 2008 et 32 millions usd en 2009.

Une manne qui attire des groupes financiers étrangers, notamment indiens et sud-africains, dont la présence est renforcée par l’ouverture de nouvelles agences bancaires dans la ville de Lubumbashi, autrefois la chasse-gardée des banques locales.

Cependant, le souvenir de la crise et ses effets dans la province du Katanga, une région aussi vaste que la France, sont encore vivaces dans les esprits.

“La prudence est de mise au niveau des employés qui avaient été mis en congés technique. Pour le moment, les entreprises préfèrent garder les mêmes effectifs”, observe un responsable de la Fédération des entreprises du Congo (Fec) au Katanga, Bakomeka Kelina.

Au total, 45 entreprises, dont des chinoises, sur 83 recensées officiellement, avaient cessé leurs activités, d’après des chiffres du ministère provincial des Mines. Plus de 3.000 salariés avaient brutalement été mis au “chômage technique”.

Aussi, la renégociation des contrats miniers initiée par l’Etat congolais avec certaines entreprises étrangères, freine quelque peu l’ardeur de nouveaux venus dans ce secteur.

“Ces contrats avaient été discutés à une période où la RDC connaissait des conflits armés (1998-2002). L’Etat était en position de faiblesse et il a jugé utile de les réviser”, analyse M. Tambwe.

“Cela a été mal perçu par certains grands groupes”, notamment le Canadien First Quantum Minerals, dont l’un des contrats a été résilié en septembre 2009 par Kinshasa et qui a porté l’affaire devant la justice internationale, a-t-il ajouté.

Toutefois, estime M. Tambwe, le cours du cuivre peut se maintenir à son niveau actuel “jusqu’à la fin de l’année”, même si, selon lui, les autorités congolaises devront diversifier leurs recettes avec l’exportation du cobalt, de la cassitérite et du coltan, découverts récemment dans le nord de la province.