UBS : les actionnaires sanctionnent l’ancienne direction pour ses déboires

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ège d’UBS à New York, le 15 avril 2009 (Photo : Timothy A. Clary)

[14/04/2010 17:25:24] BALE (Suisse) (AFP) Les actionnaires d’UBS ont sanctionné mercredi l’ancienne direction de la banque suisse en refusant la décharge pour l’année 2007, ouvrant la voie à d’éventuelles poursuites judiciaires, lors de l’assemblée générale de l’établissement à Bâle.

Les quelque 4.700 actionnaires, représentant environ 64% des droits de vote du groupe, ont accordé leur décharge pour les années 2009 et 2008, mais ont refusé, dans un rare mouvement de défi, de donner leur feu vert pour l’exercice 2007.

Malgré les avertissements du président Kaspar Villiger, qui avait auparavant indiqué que la banque risquait de faire face à un long et coûteux procès, 52,75% des actionnaires ont refusé d’accorder leur décharge.

Ils ont par conséquent refusé de blanchir l’ancienne direction d’UBS — notamment l’ex-président Marcel Ospel — l’accusant d’avoir plongé l’établissement zurichois dans la crise des “subprimes” et occasionné des pertes abyssales de 21,3 milliards de francs suisses en 2008.

L’année dernière, UBS avait redressé la barre et n’affichait plus qu’une perte de 2,7 milliards.

A l’issue de ce vote, M. Villiger, réélu à son poste, a indiqué que les actionnaires avaient dorénavant cinq ans pour intenter une procédure judiciaire contre les anciens dirigeants de la banque.

L’ensemble du conseil d’administration a par ailleurs été réélu et le président de la compagnie aérienne allemande Lufthansa, Wolfgang Mayrhuber, a rejoint l’organe de supervision de la banque.

Plusieurs représentants d’actionnaires, notamment la fondation Ethos, avaient appelé depuis plusieurs semaines à refuser la décharge.

Les petits porteurs ont laissé pendant plus de huit heures libre cours à leur colère contre la direction d’UBS, l’accusant d’avoir fait sombrer une banque longtemps considérée comme le fleuron du secteur, et d’avoir empoché des bonus jugés faramineux.

“Vous devez vous distancer clairement de l’ancienne direction”, avait lancé le directeur d’Ethos Dominique Biedermann avant le vote, ajoutant que “les responsables de la débâcle d’UBS doivent répondre de leurs actes”.

Le parti socialiste suisse a estimé dans un communiqué que la “décision des actionnaires exprime leur exaspération à l?égard de l?arrogance de l?ancienne comme de la nouvelle direction de la banque” et “claque comme une véritable gifle adressée” à MM. Ospel et Peter Wuffli, ancien directeur général.

Ethos a appelé le conseil d’administration à déposer “une plainte civile contre les anciens dirigeants”, notamment les ex-présidents Marcel Ospel et Peter Kurer, ainsi que les ex-directeurs généraux Peter Wuffli et Marcel Rohner.

Face à la grogne des actionnaires, M. Villiger a aussi défendu les bonus, nécessaires selon lui, pour stopper l’hémorragie de ses cadres. Malgré les protestations, ces derniers ont toutefois reçu un feu vert de l’assemblée.

Il s’est également déclaré “optimiste” sur l’avenir de la banque et a dit “regretter profondément” les problèmes créés par l’établissement aux Etats-Unis, où il est accusé d’avoir aidé de riches clients à frauder le fisc américain.

Cette affaire risque d’ailleurs de coûter cher à UBS, le gouvernement ayant annoncé mercredi son intention de faire payer à la banque les quelque 40 millions de francs suisses (27,9 millions d’euros) de frais liés à ce litige.