Des bulles d’air, une arme imparable dans la lutte contre les contrefaçons

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à Montauban du goulot d’une bouteille de vin Château Latour, équipée d’un “code à bulles” (Photo : Rémy Gabalda)

[14/04/2010 13:32:43] MONTAUBAN (AFP) Quelques minuscules bulles d’air enfermées entre deux pellicules plastiques de 1 cm2, un “code à bulles”, se révèlent être l’arme ultime contre les contrefacteurs en offrant désormais au client “la garantie absolue de l’authenticité” du produit acheté, selon ses concepteurs.

Les faux en tous genres – produits de luxe, vins, médicaments, documents… – envahissent la planète. Et si les marques s’organisent pour ne pas être copiées, certains consommateurs souhaitent eux aussi s’assurer que le produit acheté à prix d’or est véritable.

Une PME de Montauban, Prooftag, propose désormais le “code à Bulles”, qui devient “l’empreinte digitale” de l’objet sur lequel il est apposé, explique à l’AFP son directeur général adjoint, Franck Bourrières.

Le principe est simple: il part du constat que, lors du collage de films plastiques, des bulles restent prisonnières. Il suffit donc de créer des étiquettes contenant des bulles emprisonnées, puis de les coller sur les produits ou de les insérer dans des cartes d’identité ou des documents.

“Il s’agit d’une empreinte digitale artificielle, qu’on met sur un produit pour lui donner une identité, l’individualiser. En effet, les bulles se plaçant dans des positions aléatoires, chaque code à bulles est totalement unique et non reproductible”, souligne Franck Bourrières.

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é prise le 12 avril 2010 à Montauban utilisant le procédé du “code à bulles” (Photo : Rémy Gabalda)

Dans le cas d’une bouteille de vin, par exemple, le petit morceau de plastique est fixé sur le col de la bouteille. Le positionnement et la taille des bulles qu’il contient sont enregistrés dans une banque de données du domaine viticole.

Lorsqu’un acheteur, où que ce soit dans le monde, veut s’assurer que la bouteille est bien emplie du vin millésimé prévu, il prend en photo ce scellé et ses bulles avec son téléphone portable équipé d’internet, et voit alors apparaître tout le pedigree de sa bouteille et du contenu. Si le label avait été manipulé par un falsificateur, les bulles auraient disparu.

La petite PME d’une trentaine d’employés, créée il y a six ans, touche désormais les plus grands noms du commerce haut de gamme (horlogerie, joaillerie).

L’industrie des cosmétiques utilise le code à bulles, et une trentaine de châteaux et grands crus de Bordeaux, de Bourgogne ou de la Napa Valley, en Californie, sécurisent ainsi leur production.

Laurent Ponsot, propriétaire-gérant du Domaine Ponsot en Bourgogne, a stoppé il y a deux ans une vente aux enchères à New York d’un lot de flacons anciens provenant soi-disant de sa propriété et estimé à 1,3 million de dollars : sur les 107 bouteilles, 106 étaient fausses.

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ères, directeur général adjoint de Prooftag, le 12 avril 2010 à Montauban près d’une bouteille de vin utilisant le procédé du “code à bulles” (Photo : Rémy Gabalda)

Désormais, explique-t-il à l’AFP, “nous mettons sur le marché des bouteilles réputées infalsifiables”, et “le consommateur final peut vérifier lui-même que la bouteille achetée est bien celle qui a quitté le Domaine viticole”.

Prooftag, qui réalise 50% de son activité à l’export, travaille également sur l’authentification des oeuvres d’art ou des documents. La Côte d’Ivoire garantit ainsi ses diplômes professionnels avec la petite étiquette à bulles. La mairie de Cotonou au Bénin sécurise ainsi de son côté l’ensemble des actes et titres immobiliers.

“Le consommateur, baigné dans une atmosphère de contrefaçon, cherche à se rassurer et le code à bulles lui permet désormais de s’assurer à 100% qu’il n’est pas victime de tromperie”, se félicite Franck Bourrières.