Tunisie – Entreprises : l’essentiel pour les jeunes universitaires est leur volonté d’entreprendre

 

Qu’il s’agisse de repérer des artisans ou entrepreneurs, d’analyser leurs
produits, leur marché, leur environnement, de proposer des mesures pouvant leur
assurer un plus fort développement et de meilleures marges, qu’il s’agisse de la
récupération de matériaux recyclables, ou d’objets jetés, de la sensibilisation
à l’importance du management ou l’encadrement de personnes handicapées pour le
développement et la commercialisation de produits artisanaux, tous ces projets
sont africains et sont conçus et produits par des jeunes universitaires dans le
cadre du
programme SIFE.

jcd-art-26032010.jpgEn Tunisie, ce sont 8 équipes de jeunes universitaires qui s’attellent depuis le
début de l’année à monter des projets, qu’ils voudraient viables et réalisables
coachés par des chefs d’entreprises qui se sont montrés prêts à en être les
mentors et accompagnés par des spécialistes du secteur bancaire. Objectif :
arriver à arracher une place honorable lors de la finale qui se tient à San
Francisco cette année.

« Près de 190 équipes d’étudiants suivent le
programme Sife
en Afrique, nous les
accompagnons depuis le démarrage des projets et jusqu’à leur sortie de
l’université. Parmi les centaines de projets proposés par les jeunes équipes
d’aspirants entrepreneurs, 250 projets ont pu être développés sur tout le
continent et sont maintenant opérationnels. Aujourd’hui, un grand nombre
d’étudiants qui ont suivi la formation Sife ont été recrutés par les plus
grandes firmes et entreprises africaines car ils sont déjà formés à
l’entrepreneuriat et au management réel d’une entreprise » déclare Jonas
A.Atingdui, Responsable régional du programme Sife en Afrique., en visite de
travail à Tunis. M.Atingdui a précisé au passage qu’au Ghana, son pays, une
émission télévisée interactive est consacrée au programme
Sife et à la
compétition pour le meilleur projet conçu par les étudiants en prévision de la
finale aux USA, les jeunes et les téléspectateurs votent en direct sur le
meilleur projet, d’où la grande popularité du programme dans son pays.

Les équipes les plus nombreuses, sont celles du Nigéria (36), du Maroc (31), de
l’Afrique du Sud (26), du Ghana (23) et de l’Egypte (20).

Plus d’un millier d’étudiants en provenance de l’Afrique du Sud, de l’Egypte et
du Nigéria ont participé à ce jour au programme qui a débouché comme cité plus
haut sur des projets concrets et réalisés sur le terrain.

Les programmes de formation touchent à l’éthique dans les affaires, aux
financements, aux projets porteurs et insistent sur les projets à forte valeur
ajoutée, respectueux de l’environnement et comprenant une composante sociale.

« Je pense que les équipes de jeunes tunisiens ont un fort potentiel, elles ont
tout juste besoins d’être soutenues par les entreprises et d’avoir des mentors
qui les orientent et les forment, c’est qui se passe en Afrique, en Asie et en
Europe. Les grandes compagnies investissent matériellement et humainement dans
les programmes Sife au sein des universités » Assure M.Altingdui. Des firmes
multinationales comme KPMG d’études et de conseil, Unilever, L’Oréal, Coca cola
ou des fonds comme USAID soutiennent le programme Sife parce qu’elles croient
dur comme fer que pour évoluer et assurer la relève, il faut investir dans les
jeunes et ce sur les bancs des universités.

En Tunisie, il n y a pas si longtemps, Mohamed Ghannouchi, Premier ministre
clamait haut et fort la volonté des pouvoirs publics de voir se développer des
relations plus solides entres les milieux entrepreneuriaux. Sife entre dans
cette vision d’humaniser l’entrepreneuriat, de renforcer la présence du secteur
privé à l’université et de convaincre les porteurs de projets de l’importance de
prendre en considération, la composante développement durable dans la vision des
jeunes qui n’ont pas encore été formatés selon la conception classique des lois
du marché et se rapprochent plus de la loi de la foret dans certains cas. C’est
donc une dimension morale que veut développer ce programme venant du pays qui a
fait le plus fi de la morale dans la gestion des affaires économiques et
financières « Laissons tomber les considérations d’ordre idéologique pour parler
de l’apport du programme SIFE à la réalité africaine, il est en train de
renforcer l’esprit entrepreneurial chez des jeunes qui ne croyaient pas en leur
propre potentiel, de les inciter à se lancer dans la création de leur propres
projets et de créer un leadership entrepreneurial dans des pays où l’esprit
d’entreprise n’est pas des plus développés et où plus que tout les moyens ne
sont pas très disponibles, je pense que c’est ce qui est important. L’essentiel
n’est pas là, mais dans la volonté d’entreprendre qui en résulte pour de
nombreux bénéficiaires » assure Jonas A.Atingdui.

Le programme d’incitation à la libre entreprise, Sife, né dans les années 70
alors que la guerre froide Est/Ouest battait son plein, pour diffuser les
principes de l’initiative privée, de la libre circulation des capitaux et de
l’ouverture des marchés a muté aujourd’hui alors que la guerre des clans est
terminée, vers d’autres priorités. Celle de la propagation non seulement des
principes de l’entrepreneuriat libre mais s’est attaqué à l’image même de cet
entrepreneuriat pour l’humaniser et intégrer au niveau des concepts mêmes de
l’initiative privée, ceux se rapportant au social et au développement durable.