Automobile : la prime à la casse tire encore le marché en février, gare au contrecoup

[01/03/2010 16:50:42] PARIS (AFP)

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é pour la prime à la casse le 20 octobre 2009 chez un concessionnaire automobile d’Hérouville-Saint-Clair. (Photo : Mychele Daniau)

Le marché automobile français a profité en février des derniers effets de la prime à la casse à taux plein, enregistrant une progression encore très marquée de 17,8% sur un an, mais la baisse des aides gouvernementales laisse augurer d’un important contrecoup.

Sur le mois, 179.926 voitures particulières neuves ont été immatriculées, a précisé lundi le Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA) dans son bilan mensuel. La progression du marché est plus forte qu’en janvier (+14%), quoique inférieure aux chiffres exceptionnels de décembre (+48,6%).

Ce sont les groupes français qui en ont tiré le plus avantage, avec une hausse de 21% pour PSA Peugeot Citroën et 30,1% pour le groupe Renault, dont +21,8% pour la seule marque au losange.

Les citadines Peugeot 206/207, Renault Clio et Citroën C3 se classent ainsi parmi les trois modèles les plus vendus.

Globalement, les constructeurs étrangers comme Ford, Opel et Volkswagen ont aussi réalisé de bonnes performances. Le japonais Toyota a en revanche subi une baisse de 8,7% et ses déboires récents, avec le rappel de millions de véhicules, pourraient accentuer ce glissement d’ici quelques mois.

Les bons résultats de février sont partiellement dus à une base de comparaison favorable car février 2009 avait été durement touché par la crise, mais ils sont surtout liés aux derniers effets de la prime à la casse aux taux les plus avantageux.

Pour éviter une crise de la branche automobile, secteur clef pour l’industrie française, le gouvernement avait mis en place en 2009 une prime à la casse de 1.000 euros pour le remplacement des véhicules de plus de 10 ans.

Cette prime a été réduite à 700 euros en début d’année et devrait s’élever à 500 euros au 1er juillet. Le bonus écologique s’est lui aussi durci.

Cependant, les véhicules immatriculés en février ont été commandés dans les mois précédents, pour certains avant la fin 2009, quand la prime était encore à taux plein.

“Les livraisons de véhicules commandés en décembre ont bien fonctionné”, a ainsi commenté François Roudier, porte-parole du CCFA, qui salue un mois de février “soutenu”.

Le mois de mars pourrait encore bénéficier de cet effet de décalage, certains modèles très demandés étant livrés tardivement.

Mais le contrecoup de la diminution des aides gouvernementales va finir par se faire sentir, en particulier au second semestre. Le marché ne “tiendra pas à ce rythme-là toute l’année”, reconnaît M. Roudier.

Dans les concessions automobiles, “les commandes passées au début de l’année commencent à chuter sérieusement, avec des baisses qui peuvent aller de 10 à 30% en fonction des marques”, estime ainsi Philippe Gattet, du cabinet d’études Xerfi.

Cette baisse déjà sensible des commandes se traduira mécaniquement par une chute des immatriculations dans les mois à venir.

D’autant qu’il “y a une pression de plus en plus accrue sur le pouvoir d’achat” des Français, explique l’analyste, qui prévoit un recul de 10% des immatriculations en France cette année.

Face à ces sombres perspectives, les constructeurs, en particulier les français, rivalisent de ristournes et d’offres spéciales pour attirer les clients et écouler leur production malgré tout.

Mais cette stratégie pourrait aussi finir par peser sur la rentabilité des groupes: leurs “marges risquent de s’effriter cette année”, prévient M. Gattet.