Pour les régionales, les candidats invités à vivre la vie des petits patrons

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élections régionales en IdF Valérie Pécresse, le 10 février 2010 à l’Elysée. (Photo : Eric Feferberg)

[20/02/2010 10:16:22] BOBIGNY (AFP) Profiter des élections régionales pour rallier les politiques à la cause des PME, très touchées par la crise: c’est le défi de la CGPME, qui a décidé de plonger des candidats dans le quotidien d’un petit patron, avec en guest-stars Valérie Pécresse (UMP) et Jean-Jack Queyranne (PS).

“Notre but est d’immerger les candidats aux régionales dans la réalité des patrons des PME”, affirme Abdellah Mezziouane, secrétaire général de la CGPME Ile-de-France (IDF).

Estimant que les moyens traditionnels de mobilisation n’ont pas porté leurs fruits, la Confédération générale des petites et moyennes entreprises, organisation patronale, a décidé d’innover en copiant l’émission de télévision Vis ma Vie, dont elle emprunte toutes les recettes pour sensibiliser aux difficultés des PME.

Le principe est simple: un candidat à un siège régional partage pendant quelques heures la journée d’un dirigeant d’une de ces PME.

Des tracasseries administratives à la recherche des financements, le futur élu doit s’imprégner des difficultés au quotidien des petits patrons, dont le moral est au plus bas, en raison de la fermeture du robinet du crédit par les banques.

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ésident PS sortant de la région Rhône-Alpes, en mai 2006 à Matignon. (Photo : Eric Feferberg)

Fin janvier, la CGPME a sollicité de nombreuses têtes de listes pour les régionales. Jean-Jack Queyranne, président PS sortant de la région Rhône-Alpes devrait ainsi partager le 5 mars la journée d’un patron d’une fabrication de citernes souples (Labaronne Citaf) dans l’Isère, et Arnaud Lafon du Modem en Midi-Pyrénées rencontrera, le 25 février, le dirigeant d’une entreprise de prestations de services (Tridem Pharma).

En Ile-de-France, Valérie Pécresse a demandé à passer son test dans une entreprise du bâtiment, installée dans le département sensible de Seine-Saint-Denis, selon la CGPME.

La ministre, accompagnée de la tête de liste UMP dans le 9-3, est entrée dans ses habits de chef d’entreprise vendredi dans la zone industrielle de Bobigny.

“J’ai accepté avec joie, parce que mes grands-parents avaient une blanchisserie et parce que les PME sont un tissu de création d’emplois”, a expliqué Mme Pécresse, qui a passé près de six heures dans les locaux et ateliers Carmine, entreprise familiale de peinture en bâtiment créée il y a plus de quatre-vingts ans.

“Avant la crise, il y avait du travail pour tout le monde, mais depuis ça s’est resserré et c’est dur”, lui a répété Stéphane Carmine, petit-fils du fondateur, devenu directeur.

Contraintes administratives, tarissement des financements, accès difficiles aux marchés publics, charges et taxes patronales jugées trop “élevées”, autant de “freins” dénoncés par l’équipe dirigeante de Carmine, qui compte le Château de Versailles, les musées du Louvre et d’Orsay parmi ses clients.

“Les licenciements économiques sont notre hantise”, et celle des PME en général, souligne la direction.

Prudente, Mme Pécresse a préféré aborder le financement des PME. Elle a proposé un Fonds de micro-crédit, qui accorderait des “petits prêts” aux PME franciliennes et aux jeunes entrepreneurs.

La ministre est en revanche demeurée silencieuse sur l’absence de passage de témoins, décriée par les PME. D’après la CGPME, une PME sur dix est reprise en France par les héritiers ou les salariés, contre la moitié en Italie et six sur dix en Allemagne. Si rien n’est fait, 500.000 emplois pourraient disparaître dans les prochaines années.

Les PME emploient près de 6 millions de personnes en IDF, soit 55% de l’emploi salarié.