Goldman Sachs fait un geste pour l’opinion et limite les primes de son PDG

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à Washington. (Photo : Mark Wilson)

[06/02/2010 19:51:48] NEW YORK (AFP) La banque d’affaires américaine Goldman Sachs a fait vendredi un geste envers une opinion publique et une classe politique ulcérées par ses habitudes dispendieuses, en annonçant une prime presque modeste pour son PDG, Lloyd Blankfein.

A hauteur de neuf millions de dollars et constituée uniquement de titres à versement différé, cette prime annuelle est bien inférieure à ce que la presse américaine avait prévu, certains allant jusqu’à évoquer le chiffre de 100 millions de dollars.

La prime de M. Blankfein, qui dirige l’établissement le plus prestigieux de Wall Street, généralement considéré aussi comme le plus puissant en raison de sa richesse et de son influence, est aussi inférieure à celle accordée à son homologue de la banque généraliste JPMorgan Chase, Jamie Dimon.

M. Dimon a en effet été gratifié, en sus de son salaire annuel d’un million de dollars, d’un total de quelque 16,5 millions de dollars de primes en titres et options, une rémunération qui, comme celle de M. Blankfein, est différée de quelques années.

Un porte-parole de JPMorgan Chase, Joe Evangelisti, a fait remarquer toutefois que la rémunération de M. Dimon restait bien inférieure (environ -43%) à celle touchée il y a deux ans, et que les autres membres de l’équipe dirigeante de la banque avaient également vu leur bonus réduit de quelque 41%.

Enfin, toutes ces primes sont pour l’essentiel constituées de titres dont la valeur est liée à la performance de leur établissement, plutôt que de numéraire.

Pour M. Blankfein, la réduction, comparé à 2008, est encore plus nette : il avait alors été gratifié de 68 millions de dollars, dont 40% en numéraire. Pour autant, il reste à l’abri du besoin, sa fortune en titres Goldman Sachs étant évaluée à environ un demi-milliard de dollars.

Le montant de ces primes a été annoncé discrètement, alors que le président Barack Obama a pris la tête de l’indignation contre les banquiers de Wall Street qui se rémunèrent grassement de primes “obscènes” pendant que 10% des Américains sont sans emploi.

En fait, après l’effet désastreux de tentatives répétées de M. Blankfein à l’automne pour tenter de justifier les rémunérations mirobolantes de ses cadres, Goldman Sachs avait laissé entendre le mois dernier qu’un effort de frugalité était à attendre.

“Nous ne sommes pas sourds aux appels à la mesure (dans les rémunérations), nous les avons entendus”, avait dit le directeur financier David Viniar.

Au moment de la présentation de ses résultats annuels Goldman Sachs a revendiqué “le plus faible ratio de rémunération jamais enregistré comparé au produit net bancaire” : il s’établit à 35,8% pour l’année 2009, contre quelque 46,7% en moyenne entre 2000 et 2008.

Chez la grande rivale Morgan Stanley, l’ancien PDG John Mack, qui a cédé les rênes de la direction exécutive en décembre, a renoncé à toute prime, pour la troisième année consécutive.

Parmi les autres plus grandes banques du pays, l’ancien PDG de Bank of America Kenneth Lewis a, sous la pression du gouvernement, renoncé à toute rémunération pour 2009, allant jusqu’à rembourser son salaire perçu pendant les premiers mois de l’année.