Après la France, d’autres pays veulent s’attaquer au téléchargement illégal

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Un graveur de CD-ROM (Photo : Joël Saget)

[27/01/2010 12:14:03] CANNES (Alpes-Maritimes) (AFP) Après la France, où la loi contre le téléchargement illégal se met progressivement en place après un accouchement dans la douleur, plusieurs pays réfléchissent au meilleur moyen de lutter contre la piraterie et font face à leur tour à de virulents débats.

“Beaucoup de pays pensent à instaurer une réponse graduée, mais ils attendent de voir quels en sont les résultats chez ceux qui l’ont tenté”, a relevé le consultant et journaliste Aymeric Pichevin, qui animait une conférence sur le sujet mardi au Midem.

La réponse graduée consiste en l’envoi massifs de messages d’avertissements aux internautes puis, le cas échéant, à des sanctions. C’est l’esprit de la loi Hadopi, adoptée en France fin 2009 et qui doit effectivement entrer en vigueur au printemps.

Dans le monde, seul un autre pays a franchi le pas: la Corée du Sud où la réponse graduée est en place depuis juillet. Selon les chiffres de la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI), les ventes numériques y ont grimpé de 53% sur les neuf premiers mois de 2009.

En Suède, l’adoption d’une législation plus stricte, combinée aux effets du procès du site pirate The Pirate Bay et à l’explosion du service de streaming Spotify, a constitué une bouffée d’oxygène pour l’industrie musicale en 2009.

Les ventes numériques ont bondi de 98% et les ventes de CD de 1,9%.

En France, l’industrie du disque a voulu voir dans le redressement du marché au second semestre 2009 un effet psychologique de la loi.

La Nouvelle-Zélande va prochainement examiner un projet similaire à la loi Hadopi.

Le Royaume-Uni réfléchit également à renforcer la législation, mais de façon plus prudente. “L’idée est d’envoyer des avertissements aux internautes puis d’attendre les effets de cette première phase avant d’envisager, éventuellement, des sanctions”, a expliqué M. Pichevin.

Le sujet a provoqué de vifs échanges au sein même de la communauté musicale.

La “Featured Artists Coalition” (FAC), qui rassemble des musiciens de Radiohead, Pink Floyd, Blur…, a émis des doutes sur l’efficacité de mesures coercitives à l’égard des pirates. Cette position a provoqué la colère de la jeune chanteuse Lily Allen, qui s’est attirée à son tour les foudres des internautes.

“Je pense que nous aurons une loi, mais, en période préélectorale, la fenêtre de tir est serrée”, a souligné Geoff Taylor, directeur exécutif du BPI, qui représente les producteurs britanniques.

En Espagne, où 31% des internautes téléchargeraient illégalement, selon une étude dévoilée au Midem, le gouvernement est réticent à s’attaquer directement aux consommateurs.

Un projet de loi présenté début 2010 prévoit la possibilité de fermer les sites permettant le téléchargement illégal. Il a été qualifié de “censure” par ces opposants.

Aux Etats-Unis et au Japon, l’industrie musicale préfère négocier directement des accords avec les fournisseurs d’accès à internet (FAI).

Mais, en Espagne comme en Grande-Bretagne, “cela n’a pas marché car les FAI ont peur de perdre des clients”, a expliqué M. Taylor.

Une approche que promeut pourtant l’association des auteurs-compositeurs canadiens, qui veut négocier avec les FAI l’instauration d’une sorte de licence pour les internautes souhaitant télécharger.

“Il n’y a rien de mal à partager la musique, ça c’est toujours fait. Le seul problème est que nous ne sommes pas payés et que nous devons trouver un moyen de monétiser ce partage”, a déclaré son président Eddie Schwartz.