Tunisie : Le paradoxe français

Le nouvel ambassadeur de France va s’atteler, entre autres priorités, à relancer
l’audiovisuel français en Tunisie. Dont l’audience ne cesse de décliner, alors que la présence économique hexagonale surclasse celles de tous les autres partenaires de notre pays.

La présence de la France en Tunisie renvoit un contraste saisissant entre une
position économique très solide et une influence culturelle déclinante. Premier
bailleur de fonds (56 conventions de financement totalisant 1,56 milliard
d’euros), investisseur (1,5 milliard d’euros d’investissement, 1.250 entreprises
françaises déjà opérationnelles –soit 40% des sociétés étrangères, plus qu’au
Maroc –500 entreprises- et en Algérie –200 entreprises- et une nouvelle qui se
crée tous les cinq jours,), fournisseur (3,3 milliards d’euros en 2008), client
(3,7 milliards d’euros) –12.000 entreprises françaises ont des relations avec la
Tunisie, contre seulement 8.000 pour la Chine, 7.000 pour la Turquie, 4.200 pour
le Brésil et 3.000 pour l’Inde : la France est le plus important partenaire
économique de la Tunisie.

Sa position ne semble pas devoir être sérieusement menacée par l’Italie –2ème
partenaire de notre pays- malgré sa montée en puissance depuis quelques années
(5,2 milliards d’euros d’échanges commerciaux, 800 entreprises, près de 700
millions d’euros d’investissements). D’autant que les acteurs économiques
tunisiens et français ne cessent d’œuvrer au développement des échanges
commerciaux bilatéraux et des investissements hexagonaux en Tunisie.

Durant le seul mois d’octobre 2009, près de 200 entreprises françaises sont
venues en prospection en Tunisie, lors de la première rencontre économique
tuniso-bretonne (14-16 octobre 2009), organisée par le Comité France de l’UTICA
(présidé par Tarek Chérif, patron du groupe Alliance),
Union des
Entreprises/Medef Ile-et-Vilaine
, Idea 35 et Bretagne International, et à
l’occasion des 8èmes Journées partenariales tuniso-françaises (26-28 octobre), à
l’initiative de la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI).
Un réseau auquel vient s’ajouter le nouveau bureau d’Ubifrance à Tunis, piloté
par Jacques Torregrossa, en même temps conseiller commercial à l’ambassade de
France, et à qui on assigné l’objectif de tripler en une année le nombre
d’accompagnements d’entreprises françaises dans leur approche du marché
tunisien.

Mais cela n’empêche pas l’influence culturelle française de décliner en Tunisie.
Cela est notamment perceptible à travers l’audience de ses chaînes de télévision
qui suit depuis quelques années une courbe fortement descendante.

En effet, jadis très recherchées, les chaînes françaises ont depuis longtemps
quitté le «Top 10» et même le «TOP 20» télévisuel au profit des stations
satellitaires arabes. Une situation que le nouvel ambassadeur de France,
Pierre Menat, voudrait changer. En poste depuis seulement quelques semaines, le
diplomate français, qui annonçait lors de la «Rencontre économique
tuniso-bretonne» (15 octobre 2009 ) qu’il était en train de définir ses
priorités, était déjà sûr que l’audiovisuel allait en faire partie.
L’ambassadeur promet d’y travailler mais sait que «ce n’est pas simple».