ArcelorMittal : la crise s’estompe, les bénéfices sont de retour

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ée du site lorrain d’ArcelorMittal, à Gandrange (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[28/10/2009 12:39:56] PARIS (AFP) Après neuf mois de crise violente, le numéro un mondial de la sidérurgie ArcelorMittal est parvenu à renouer avec les bénéfices grâce à une remontée progressive de la demande d’acier, mais au prix de dizaines de milliers de suppressions d’emplois.

Au troisième trimestre, ArcelorMittal a réalisé 903 millions de dollars (631 millions d’euros) de bénéfice net, une surprise pour les analystes qui s’attendaient plutôt à un quatrième trimestre consécutif dans le rouge.

“Pour la première fois depuis que la crise a commencé, nous annonçons des bénéfices”, à la fois grâce à une amélioration du marché et “à nos propres actions”, s’est réjoui le patron, Lakshmi Mittal.

Mais les stigmates de la crise traversée par la sidérurgie mondiale depuis fin 2008 sont toujours présents. D’un trimestre sur l’autre, les performances financières s’améliorent peu à peu, mais, comparé au troisième trimestre 2008, le dernier avant la crise, le bénéfice et le chiffre d’affaires (16,2 milliards de dollars) sont encore en lourde chute.

Le marché s’est d’ailleurs montré insatisfait par cette publication et une prévision de résultat brut d’exploitation (entre 2 et 2,4 milliards de dollars pour le quatrième trimestre), jugée “clairement décevante” par les analystes de la Société Générale. Vers 12H35 (11H35 GMT), l’action perdait 3,67% à 23,60 euros, dans un marché parisien en baisse de 1,76%.

Remontant en puissance progressivement, les usines d’ArcelorMittal devraient tourner à environ 70% de leurs capacités sur la fin de l’année. Leur rythme était de 61% au troisième trimestre et de seulement 50% au plus fort de la crise.

Plusieurs hauts fourneaux ont été rallumés ces derniers mois, notamment en France, Belgique, Espagne et Etats-Unis. Le directeur financier, Aditya Mittal, ne s’attend pas à d’autres redémarrages d’ici la fin de l’année.

ArcelorMittal explique aussi son redressement par la mise en oeuvre plus rapide que prévu des mesures d’urgence décidées au début de la crise.

Ses coûts fixes ont été réduits de 2,2 milliards de dollars, en base annuelle. Des économies en partie réalisées au détriment des effectifs, via un vaste plan de départs volontaires. En un an, le nombre de salariés dans le monde a été réduit de 39.000 personnes pour passer à 287.000.

Après plusieurs opérations financières, sa dette nette, dont l’ampleur faisait craindre pour la solidité du groupe, a été réduite de presque 11 milliards sur douze mois, à 21,6 milliards de dollars.

Désormais, la réduction de la dette n’est plus la priorité, a affirmé Aditya Mittal. Prêt à accroître son enveloppe d’investissements à 4-5 milliards de dollars en 2010 (contre 3 milliards prévus pour 2009), le groupe préfère relancer des projets dans les pays émergents et dans l’extraction minière, pour préparer sa croissance à venir.

Toutefois, malgré le redressement de la demande, des expéditions et des prix de vente, “la crise n’est pas finie”, a prévenu Lakshmi Mittal.

Le redécollage en fanfare de la Chine, de très loin premier producteur et consommateur d’acier, suscite des interrogations. Cela pourrait permettre de limiter à 8,6% le déclin de la consommation mondiale d’acier en 2009, selon la World Steel Association, mais la rapidité et l’ampleur de ce redémarrage font planer des doutes sur sa durée.

“Il y a un risque de surcapacité”, avec constitution de stocks excessifs, avertit ArcelorMittal.

Quant aux Etats-Unis et à l’Europe, si les phases de déstockage sont achevées, “un redressement complet va probablement prendre plusieurs années”, a réaffirmé Lakshmi Mittal.