Les sous-traitants automobiles souffrent et continuent de licencier

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ée de l’usine Faurecia, le 11 décembre 2008 à Saint-Georges-des-Groseillers (Photo : Mychèle Daniau)

[08/03/2009 12:59:10] PARIS (AFP) La multiplication des plans sociaux chez les sous-traitants automobiles illustre la vulnérabilité d’un secteur déjà malmené par une pression extrême sur les coûts et subissant de plein fouet une forte baisse des commandes des constructeurs.

Après une année 2008 marquée par de nombreuses suppressions de postes (Valeo, Faurecia, Henkel, Molex, Klarius, Key Plastics, Tyco Electronics…), 2009 a débuté sur le même tempo.

“La sous-traitance est en quelque sorte victime d’une double peine: le ralentissement du marché et le déstockage des constructeurs”, a convenu le secrétaire d’Etat à l’Industrie, Luc Chatel, mercredi à l’Assemblée nationale. “Là où le marché (des constructeurs) est à environ moins 10%, les sous-traitants sont plutôt autour de moins 30 à 40%”, a-t-il chiffré.

A l’instar de PSA ou Renault, leurs fournisseurs (environ 110.000 salariés), multiplient les mesures de chômage partiel après avoir mis fin aux contrats précaires.

Ils suppriment aussi des postes et certaines PME mettent simplement la clé sous la porte. Si le phénomène n’est pas nouveau – la filière comptait 138.000 salariés en 2003 – , il semble s’accélérer.

“Je n’ai jamais vu autant de plans sociaux en même temps dans la plasturgie”, note Pierre-Michel Escaffre (fédération CFDT chimie énergie).

Ces derniers jours, Faurecia, détenu à 70% par PSA, a annoncé la fermeture d’ici fin 2010 du site d’Auchel (Pas-de-Calais, 179 emplois supprimés) et l’Américain Timken (roulements) 300 suppressions en France.

A Clairoix (Oise), les 1.100 salariés de Continental (pneumatiques) attendent le verdict des dirigeants allemands sur la fermeture ou pas du site. Une perspective d’autant plus mal vécue que depuis 2008, les salariés sont repassés aux 40 heures et que 47 millions d’euros ont été investis.

“Surcapacité de production”, “site le plus cher du groupe”, dit le directeur Louis Forzy.

Discours similaire chez Hutchinson (groupe Total) qui va supprimer 81 et 102 postes à Vierzon (Cher) et Châteaudun (Eure-et-Loir). “Le secteur d’activité antivibratoire ne cesse de se dégrader depuis trois ans” et “la conjoncture a rendu plus urgente une restructuration déjà nécessaire”, selon la direction.

La production automobile est passée en France de 3,1 millions de véhicules en 2004 à 2,1 millions en 2007.

Chez Valeo, qui va bénéficier d’une prise de participation de 19 millions d’euros de l’Etat, les syndicats réclament le retrait du plan de suppression de 1.600 postes en France.

A côté des “gros” de la filière, qui comprend plus de 300 sous-traitants, des entreprises plus modestes sont aussi à la peine: fermeture fin 2009 de ZF Sachs Suspension (Oise, 219 emplois), liquidation judiciaire de la fonderie Saint-Jean Industries de Vénissieux (Rhône, 108 salariés).

Hervé Rolland, élu au CE d’Eurostyle (garnitures plastiques), accuse les constructeurs d’une exigence démesurée sur les prix. “Cela nous conduit à produire parfois à pertes”, dit-il. Eurostyle (1.030 salariés) est en redressement judiciaire.

Dans ce paysage de plus en plus sinistré, des élus inquiets accusent parfois le gouvernement de faire beaucoup pour Renault et Peugeot et pas assez pour leurs fournisseurs.

“Le pacte automobile signé le 9 février fait une large part à la sous-traitance”, se défend Luc Chatel, avec notamment un fonds de modernisation de 600 millions d’euros, des délais de paiement des constructeurs raccourcis et des mesures facilitant le chômage partiel.