USA : pertes abyssales d’AIG en 2008, nouvelle injection du Trésor pour 30 mds USD

[02/03/2009 22:00:39] NEW YORK (AFP)

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èricain AIG le 17 septembre 2008 à New York. (Photo : Stan Honda)

L’assureur américain AIG a fait l’objet d’une nouvelle intervention du Trésor lundi pour lui éviter une faillite aux conséquences redoutables, dont une rallonge de 30 milliards de dollars pour l’aider à éponger ses pertes, qui frôlent les 100 milliards en 2008.

Cette intervention, à laquelle participe la Réserve fédérale (Fed) de New York, a pour but “une restructuration ordonnée” d’AIG, a souligné le Trésor. Elle prévoit “de renforcer les finances de l’entreprise” mais aussi un dépeçage du conglomérat via “la séparation des activités non centrales d’AIG”.

Les mesures modifient des points de l’aide fédérale apportée en septembre dernier. Selon la presse, la difficulté pour Washington était d’apporter une aide supplémentaire sans augmenter la part de l’Etat dans l’ex-numéro un mondial de l’assurance. Il est prévu que l’Etat détienne 77,9% d’AIG.

Un geste de Washington était anticipé par le marché face à l’aggravation de la situation d’AIG.

L’assureur a publié lundi la pire perte trimestrielle jamais enregistrée par une entreprise américaine, de -61,7 millliards au 4ème trimestre 2008, frôlant les 100 millliards de pertes pour l’année 2008.

AIG a même accusé des revenus trimestriels négatifs de 23 milliards de dollars, à cause de ses pertes sèches sur les marchés financiers.

Les chiffres, pires qu’attendus par le marché, reflètent l’appétit démesuré d’AIG pour des placements à risques, dont la valeur s’est désintégrée avec la crise.

“Au vu du risque systémique qu’AIG continue de poser et de la fragilité des marchés, le coût potentiel pour l’économie et le contribuable d’une inaction du gouvernement serait extrêmement élevé”, a fait valoir le Trésor, rappelant que l’assureur sert plus de 100.000 entités dans 130 pays: entreprises, municipalités, institutions financières, fonds de retraite.

Pour l’essentiel, Washington va verser 30 milliards de liquidités via le plan TARP de soutien au secteur financier. Cette somme s’ajoute aux 150 milliards déjà débloqués par l’Etat fédéral pour AIG, en échange d’une mise sous tutelle.

Le Trésor va échanger ses actions préférentielles existantes pour “de nouvelles actions préférentielles aux termes révisés”, qui n’impliqueront pas le versement d’un dividende par AIG.

Le Trésor va aussi réduire la valeur d’un crédit existant de 60 milliards de dollars à 20-25 milliards. En échange, la Fed de New York prendra des “intérêts préférentiels” évalués à 26 milliards de dollars dans deux entités créées ad hoc pour gérer deux filiales d’assurance-vie: ALICO et AIA, qu’AIG n’est pas parvenu à céder ces derniers mois et dont il veut toujours se défaire.

Le Trésor, qui est monté au capital de la banque Citigroup la semaine dernière, a précisé que “la participation publique dans des établissements financiers privés n’est pas un objectif politique”, et qu’il souhaitait la remplacer par des financements privés au plus tôt.

Pourtant la tutelle de l’Etat sur des établissements financiers ne se relâche pas, bien au contraire. L’organisme de refinancement hypothécaire Freddie Mac, déjà bénéficiaire d’une aide fédérale, a annoncé lundi la démission de son PDG et son intention de réclamer de 30 à 35 milliards supplémentaires au Trésor.

Du côté d’AIG, le PDG Edward Liddy a souligné que “les outils gouvernementaux mis à disposition” feraient “une grosse différence”, et venaient secourir un groupe dont la situation “a considérablement empiré au quatrième trimestre à cause de la dégradation de l’économie et des marchés du crédit mondiaux”.

Parmi les bienfaits, M. Liddy a évoqué en conférence téléphonique le maintien des notations par les agences d’évaluation financière: Moody’s et S&P ont confirmé les notes d’AIG lundi. Mais il a reconnu qu’AIG avait encore “des problèmes urgents à régler pour garantir la viabilité du coeur d’activités”.