HSBC se tourne vers ses actionnaires et tire les leçons éthiques de la crise

[02/03/2009 22:25:18] LONDRES (AFP)

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ésident le la banque HSBC lors d’une visioconférence, depuis Londres, retransmise à Tokyo le 2 mars 2009 (Photo : Mike Clarke)

Le titan bancaire britannique HSBC, très résistant à la crise jusqu’alors, a annoncé à son tour lundi une augmentation de capital géante de 14,1 milliards d’euros, après une baisse de 70% de son bénéfice en 2008, liée à l’activité aux Etats-Unis.

Parallèlement, le président Stephen Green s’est livré à un mea culpa, évoquant “les erreurs” récentes du système bancaire.

HSBC, vendredi encore quatrième banque du monde par la capitalisation, derrière trois chinoises, et qui avait jusqu’alors exclu toute augmentation de capital, s’est brusquement ravisée.

Elle a annoncé vouloir lever 12,5 milliards de livres auprès de ses actionnaires, la plus grosse opération de ce type au Royaume-Uni, mais aussi une réduction de 28,9% de son dividende au titre de 2008, et des dépréciations énormes : elle reste largement bénéficiaire, mais à 5,728 milliards de dollars, son bénéfice net part du groupe 2008 est en baisse de 70%.

Il a été amputé de 24,9 milliards de dollars de provisions pour créances douteuses (contre déjà 17,2 milliards en 2007) et de 10,6 milliards de dollars de dépréciation d’actifs, liée à l’activité de prêt aux particuliers de ses entités HFC et Beneficial aux Etats-Unis. Elles sont désormais fermées aux nouveaux clients et 6.100 emplois vont y être supprimés.

“Avec le recul, c’est une acquisition que nous souhaiterions ne pas avoir faite”, a commenté franchement le président Stephen Green dans un communiqué.

La firme Knight Vinke, actionnaire activiste de la banque, s’est réjouie amèrement que celle-ci ait enfin compris que ce qu’elle décrivait comme “un portefeuille de rêve” était “sans valeur”, et a prédit 34 milliards de dollars de dépréciations possibles supplémentaires liées aux prêts américains.

Toutes ces nouvelles, et une augmentation de capital faite à prix très bas (254 pence par action contre un cours de 491,25 vendredi soir) ont fait perdre près de 20% à HSBC à la Bourse de Londres, un chavirage quasi-inédit pour ce paquebot bancaire.

Les analystes divergeaient : le cabinet NCB Research recommandait de “vendre” le titre, estimant que les créances douteuses allaient enfler en Asie et les Etats-Unis demeurer “une plaie constante”. En revanche, le cabinet Collins Stewart recommandait d’acheter, soulignant les “qualités rares” du groupe, “capital plus solide, plus grande diversité et meilleur financement” que ses conseurs.

HSBC de son côté a estimé que l’augmentation de capital renforcera “ses capacités de réaction aux incertitudes économiques actuelles” (le groupe envisage “douze prochains mois difficiles”), sans exclure “des acquisitions ciblées”. L’augmentation de capital va accroître confortablement les ratios de solvabilité.

Les résultats se sont accompagnés d’un discours éthique, rare dans un tel communiqué, de M. Green, lui-même dignitaire de l’Eglise anglicane et auteur d’un essai “Servir Dieu? Servir Mammon?” (le démon de l’argent).

Il y estime que “le secteur bancaire a commis plusieurs erreurs”, et qu’aux côtés des banquiers corrects, “un trop grand nombre d’acteurs du secteur ont profondément nui à sa réputation”. “Beaucoup ont vendu des produits inadaptés de façon inadaptée” et “les politiques de rémunération ont échappé à tout contrôle et des mesures d’incitation pernicieuses ont conduit à des pratiques dangereuses”, a-t-il admis, avant d’appeler le secteur à “revenir à des pratiques correctes et appropriées”.

A l’attention des gouvernements, M. Green estime cependant “qu’aucun arsenal réglementaire ne sera suffisant si les individus ne sont pas encouragés culturellement à agir comme ils le doivent”. HSBC en tire les conséquences. Ses dirigeants ont renoncé à tout bonus au titre de 2008.