Pourquoi recycler aujourd’hui ?

Le recyclage intervient aujourd’hui comme une préoccupation
majeure d’une époque où les ressources énergétiques et les matières premières
sont en cours d’épuisement.

Le recyclage des déchets peut se substituer aux importations de matériaux.
Pour exemple, 7.000 tonnes d’aluminium réintégrées permettent d’épargner 15.000
tonnes de bauxite ; 3 milliards de bouteilles de plastique réinsérées équivalent
à une économie de 80.000 tonnes de pétrole brut.

Le recyclage représente, bien souvent, une économie d’énergie. La
transformation des matières premières peut nécessiter beaucoup plus d’énergie
que celle du recyclage du matériau, une énergie dont le prix ne cesse de
croître. Par exemple, le recyclage de l’aluminium nécessite dix à quinze fois
moins d’énergie que sa fabrication à partir de l’électrolyse de la bauxite.

D’autre part, raccourcissant les circuits de fabrication, la récupération de
matériaux permet également de consommer moins d’énergie et contribuer à
minimiser les impacts néfastes sur l’environnement. En Tunisie, selon la
tendance observée, la quantité de déchets pourrait être multipliée par quatre ou
cinq d’ici à l’an 2025. Il est clair que le recyclage n’est plus une option
facultative.

Le recyclage permet bien souvent de réaliser une économie en termes
financiers. Il existe de très nombreux cas où l’utilisation d’un déchet est
moins coûteuse que celle d’une matière première naturelle (le verre,
l’aluminium, par exemple). De plus, dans un grand nombre de cas, les dépenses de
traitement sont réparties entre la collectivité et la filière industrielle et,
si la dépense totale est la même, le financement est plus équilibré.

Bien que les avantages du recyclage soient aujourd’hui clairs et indéniables,
les filières de recyclage ont souvent des difficultés pour se mettre en place et
les chiffres du recyclage sont largement perfectibles.

Les freins se situent tout au long des différentes étapes du recyclage.
Premier maillon de la chaîne, la collecte des déchets triés est indispensable
pour assurer un bon rendement du recyclage. Le tri sélectif, qui fait très
souvent défaut chez le consommateur tunisien, est donc l’un des facteurs majeurs
du développement du recyclage. Ce qui nous amène à se poser la question de la
mise en place de programmes de protection de l’environnement efficaces dans
notre système d’éducation nationale, ainsi que des campagnes de sensibilisation
sur les bonnes pratiques au grand public.

Les technologies utilisées sont aussi à développer, surtout pour le tri, qui
nécessite aujourd’hui une intervention humaine relativement importante.
Néanmoins, on constate ces dernières années le développement de l’automatisation
de ces technologies de tri par la reconnaissance et l’orientation des matériaux,
ce qui laisse présager une nette progression dans ce domaine.

Il est certain, donc, que le recyclage s’impose aujourd’hui naturellement
comme une obligation. Il n’est plus question de déposer les ordures en décharge
ou de les stocker. Le défi est de réussir à tirer le meilleur parti possible de
nos déchets et de les voir comme une matière première secondaire, minimisant
ainsi l’importation de cette denrée qui devient de plus en plus rare, donc
coûteuse pour notre économie.

* Ingénieur Eco-conception ENSAM.