Thomson, au pied du mur, cherche un second souffle

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[29/01/2009 14:22:12] PARIS (AFP) Thomson, ancien groupe d’électronique grand public douloureusement reconverti dans les technologies de l’image, est au pied du mur: étranglé par une dette record, il a décidé de se délester de 20% de ses activités et pourrait être obligé de demander une aide de l’Etat.

A la Bourse de Paris, le titre s’effondrait en fin de matinée de 21,30% à 1,027 euros. En 2000, il était monté jusqu’à 80 euros.

Le groupe a révélé jeudi une dette record, d’un montant de 2,1 milliards d’euros fin décembre, et prévenu qu’il était “vraisemblable” qu’il ne puisse pas respecter ses engagements bancaires.

Par conséquent, il va entamer des discussions “avec ses principaux créanciers et des investisseurs potentiels”.

Pour réduire la dette, l’entreprise a par ailleurs dévoilé une nouvelle “orientation stratégique”.

“Nous annonçons aujourd’hui le recentrage de nos activités sur les créateurs de contenu”, c’est-à-dire les studios de cinéma et de télévision, autour de la marque Technicolor rachetée fin 2000, a déclaré le nouveau directeur général Frédéric Rose.

“C’est une opération vérité pour le groupe, pour ses salariés, ses actionnaires et le marché. Notre objectif, c’est de trouver un nouveau souffle et de bâtir un nouvel avenir”, a-t-il souligné lors d’une conférence téléphonique.

Des activités représentant environ un milliard d’euros de chiffre d’affaires, soit 20% de ses ventes totales, vont être cédées, notamment Grass Valley, qui fabrique des équipements vidéo professionnels (caméras…).

Le groupe envisage également de vendre sa filiale Screenvision, régie publicitaire pour le cinéma dont il détient 50%, a ajouté M. Rose.

“Thomson ainsi recentré pourra se concentrer sur la richesse de ses équipes de recherche et de développement (avec plus de 50.000 brevets, ndlr) ainsi que sur ses activités de décodeurs” et de modems, a-t-il estimé.

Dans les conditions de marché actuelles, il sera toutefois “difficile de trouver rapidement un acheteur à bon prix”, prévient dans une note Eric Baudet, analyste chez Natixis.

Pour Jérôme Ramel, d’Exane BNP Paribas, ces mesures “ne suffiront pas”. Thomson n’est “pas loin de la faillite”, a-t-il ajouté, mais “l’Etat français veillera à ce que le groupe ne disparaisse pas”.

L’entrée à son capital du Fonds stratégique d’investissement (FSI), lancé en novembre par le gouvernement pour “sécuriser” le capital d’entreprises stratégiques, est “une des options poursuivies”, a indiqué M. Rose.

L’Etat est déjà venu à la rescousse de la société il y a plus de dix ans, la décision en 1996 du gouvernement Juppé de la céder au sud-coréen Daewoo pour un franc symbolique ayant été mal accueillie par les Français.

Depuis, Thomson a complètement changé de visage, cédant ses activités d’électronique grand public (téléviseurs, lecteurs de DVD, accessoires), en difficulté face à la concurrence asiatique.

Mais sa reconversion dans les métiers de l’image, au rythme de nombreuses acquisitions et coûteuses restructurations, n’a jamais rencontré le succès escompté.

Le groupe, qui réunit des activités très disparates et pèse moins de 300 millions d’euros en Bourse, a vu encore ses ventes reculer de 12,7% en 2008 où il devrait à nouveau afficher des pertes pour la quatrième fois en cinq ans.