Développement : Comment la Tunisie entend rejoindre les pays développés

«Les succès obtenus renforcent chez nous l’ambition d’aller de l’avant, plus
vite et plus loin, pour rejoindre les pays développés, à l’instar de la Malaisie
et de la Corée du Sud». Face à un parterre composé pour l’essentiel de chefs et
managers d’entreprises, étrangères pour la plupart, M. Mohamed Ghannouchi,
Premier ministre a d’entrée de jeu annoncé la couleur, du haut de la tribune de
la première table ronde avec le gouvernement tunisien, organisée par «The
Economist», vendredi 24 octobre 2008.

Aujourd’hui pays émergent, la Tunisie ambitionne d’entrer dans le club des pays
développés et est déterminée à faire le nécessaire pour cela, notamment en
matière de réforme. Tout comme elle s’est déployée à fond au cours des décennies
écoulées pour s’extirper du cercle des pays en développement.

Ayant connu un taux de croissance de 5% sur 20 ans, «malgré la restructuration»,
la Tunisie est aujourd’hui un pays émergent avec «un PNB par habitant en PPA
(Parité Pouvoir d’Achat» de près de 9.500 dollars», une «économie de plus en
plus diversifié», une «compétitivité qui s’améliore», une «classe moyenne qui
s’élargit» et une «pauvreté qui baisse à 3,8%» de la population, énumère le
Premier ministre.

Mais la Tunisie a l’obligation d’aller plus loin «pour répondre aux aspirations
de sa population», en général, «et de la jeunesse», en particulier. Pour cela,
il lui faut relever trois défis, qui sont sources de «préoccupations » :
d’abord, «accélérer le rythme de créations des emplois », ensuite, «intégrer
davantage l’économie tunisienne dans l’espace mondial», et, enfin, «renforcer la
compétitivité», en particulier en améliorant les infrastructures.

Pour atteindre ces objectifs, l’Etat lancera une «nouvelle génération de
réformes», annonce le Premier ministre. Celles-ci concerneront, d’abord,
l’administration qui tendra à devenir «plus transparente», -grâce à un programme
d’introduction de l’informatique-, et, plus généralement, «être plus proche des
préoccupations des citoyens et des entreprises», selon le mot de M. Ghannouchi.
De même, le secteur bancaire –dont les actifs accrochés ont baissé de 33% en
1991 à 16% en juin 2008- continuera à «faire l’objet d’une préoccupation
majeure» en vue de poursuivre l’amélioration de son efficience. Les ressources
humaines étant «notre véritable richesse», l’éducation et la formation feront
également l’objet d’une attention particulière. On poursuivra notamment la
réforme de la formation professionnelle «pour en faire un cursus de succès»,
insiste le Premier ministre. D’ailleurs, les crédits alloués au développement
des infrastructures, de l’éducation et de la formation seront révisés à la
hausse en 2009. La seule enveloppe dédiée à l’équipement et aux infrastructures
progressera de 20%. Ce qui n’est guère négligeable par ces temps difficiles.