Les dirigeants européens en sommet de crise à Paris

[12/10/2008 17:12:23] PARIS (AFP)

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éunis pour un sommet extraordinaire le 12 octobre 2008. (Photo : Boris Horvat)

Les dirigeants européens, acculés à agir et rassurer après une semaine de krach boursier, ont entamé dimanche à Paris un sommet pour redonner confiance à des marchés affolés par la crise financière avant la réouverture des bourses, notamment en soutenant les banques.

Selon un projet de déclaration obtenu par l’AFP, les gouvernements devraient notamment se déclarer déterminés à éviter les faillites bancaires, y compris par des recapitalisations, et prêts à garantir les opérations de refinancement des banques, de manière provisoire jusqu’au 31 décembre 2009.

Des mesures s’inspirant du plan de sauvetage annoncé en début de semaine par le gouvernement britannique.

Les chefs d’Etat et de gouvernement des 15 pays de la zone euro se sont retrouvés au Palais de l’Elysée à 15H00 GMT, à l’invitation du président français Nicolas Sarkozy.

Les présidents de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet, de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker et de la Commission européenne José Manuel Barroso participaient à cet entretien.

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ères, vendredi 10 octobre 2008

L’objectif était de pouvoir annoncer des mesures suffisamment fortes pour empêcher une nouvelle chute des cours à l’ouverture des bourses lundi matin, alors qu’elles viennent de connaître la pire semaine de leur histoire.

“J’attends un plan ambitieux, coordonné, qui apporte des solutions”, a déclaré Nicolas Sarkozy, président en exercice de l’Union européenne, avant la réunion.

C’est donc paradoxalement en Grande-Bretagne, le pays le plus réfractaire à leur monnaie unique, que les dirigeants des pays de la zone euro devaient trouver l’inspiration. Le plan britannique, qui allie nationalisations partielles et garantie des prêts entre banques, paraît à tous le plus abouti.

Le Premier ministre britannique Gordon Brown a été reçu par M. Sarkozy, pendant environ une heure, avant le début du sommet de l’Eurogroupe. Il devait ensuite présenter pendant une demi-heure son plan à ses 15 homologues.

“Je vais à Paris pour persuader les autres pays européens d’adopter l’approche globale que nous avons prise en Grande-Bretagne”, avait expliqué M. Brown.

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à d: Jean-Claude Trichet, Gordon Brown, José Manuel Barroso, Nicolas Sarkozy et Jean-Claude Juncker, le 12 octobre 2008 à l’Elysée (Photo : Philippe Wojazer)

Le plan de Londres prévoit 50 milliards de livres (62,5 milliards d’euros) d’argent public pour entrer dans le capital des banques les plus faibles et 250 milliards de livres (315 milliards d’euros) pour garantir les échanges entre banques.

Le blocage de ce marché interbancaire est au coeur du problème. Par peur des faillites, les banques ne se prêtent plus entre elles. Celles qui ne trouvent pas les fonds nécessaires pour équilibrer leurs comptes peuvent très rapidement se retrouver en difficultés comme cela s’est produit pour plusieurs établissements européens.

Les banques rechignent aussi à faire crédit aux entreprises et aux ménages, menaçant l’ensemble du système économique et financier.

Après l’échec la semaine dernière de l’idée d’un fonds européen de sauvetage, les Européens semblaient se diriger vers des mesures fortes mais mises en place au niveau national.

“Cette réunion a pour but de décider d’une action coordonnée commune pour la zone euro, pour que dans les prochains jours chaque pays puisse mettre en place des mesures qui stabilisent les marchés financiers et qui ne discriminent pas (ndlr: entre les pays)”, a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel.

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ésident en exercice de l’Union européenne Nicolas Sarkozy (g) accueille le Premier ministre britannique Gordon Brown, le 12 octobre 2008 à l’Elysée (Photo : Eric Feferberg)

Le gouvernement allemand travaillait dimanche à un plan qui serait adopté dès lundi en conseil des ministres extraordinaire, mais dont aucun détail ne devait être donné auparavant, a indiqué à l’AFP une source proche du gouvernement.

Selon le Handelsblatt, ce plan se chiffrerait entre 300 et 400 milliards d’euros et inclurait des garanties et l’entrée de l’Etat au capital de banques.

En France, un conseil des ministres extraordinaire est également prévu lundi pour adopter un projet de loi visant à garantir par l’Etat le refinancement des banques françaises, a indiqué le député Gilles Carrez, membre influent de la commission des Finances de l’Assemblée nationale.

Une source gouvernementale a indiqué que le projet allait inclure un dispositif de “garanties interbancaires”.

La Norvège, non membre de la zone euro, a de son côté présenté dimanche un ensemble de mesures, dont l’émission d’obligations d’Etat pour jusqu’à 350 milliards de couronnes (41 milliards d’euros).

Le sommet de dimanche est d’autant plus crucial que le communiqué adopté pendant le week-end à Washington par les ministres des Finances du G7 s’apparente davantage à une déclaration de principes qu’à un véritable plan d’action.

“Les ministres des Finances du G7 ont pris de bonnes décisions, ce sont des principes généraux très importants, mais nous devons aller au-delà”, a indiqué M. Barroso.