Immobilier : Le gouvernement émirati veut endiguer la spéculation sur les biens vendus sur plan


Par Moncef MAHROUG

Spéculation et immobilier forment-ils un «couple» indissociable ? Cette
question est actuellement au centre d’un débat très controversé aux Emirats
Arabes Unis (EAU), opposant d’un côté les autorités qui préparent une
législation interdisant la spéculation sur les biens immobiliers vendus sur
plan –un phénomène très répandu dans le pays- et les promoteurs immobiliers,
ou une bonne partie d’entre eux, hostiles à une telle réglementation.

 

Le gouvernement s’est décidé à agir dans le but d’arrêter la spirale de la
forte hausse des prix des biens immobiliers qui met les biens «hors de
portée des acheteurs finaux et peut, en fin de parcours, en provoquer la
mévente». La nouvelle réglementation va en particulier imposer des
conditions aux acheteurs de biens «non encore achevés» et voulant les
revendre. Cette initiative a reçu le soutien de la «Strandard Chartered Bank».

 

D’après cette banque opérant aux EAU, le marché de l’immobilier dans ce pays
est en proie à une véritable «fièvre» découlant d’une propension des
investisseurs à faire monter les prix des biens en cours de réalisation, qui
«pourrait avoir un effet déstabilisateur». Et d’après la Strandard Chartered
Bank, ce sont les biens en cours de réalisation qui souffrent le plus de la
spéculation, puisque leurs prix «égalent assez souvent ceux des biens
achevés».

 

Cette spéculation est favorisée par le fait que l’avance exigée ne
représente généralement pas plus de 10% du prix du bien en construction, ce
qui veut dire que «le spéculateur peut acheter le bien et le revendre
rapidement réalisant ainsi une forte plus-value».

 

D’ailleurs, il est très fréquent, selon la Strandard Chartered Bank que «des
investisseurs construisent des centres sans avoir l’intention d’en devenir
propriétaires». Aussi, la banque suggère-t-elle, pour endiguer la
spéculation, que les autorités de Dubaï taxent les biens achetés et revendus
au bout de douze mois ou imposent le paiement de plus fortes avances.

 

Les promoteurs immobiliers, eux, ne l’entendent pas de cette oreille. Ils
considèrent que «la spéculation ne porte pas atteinte au marché, mais
l’anime», et que «toute décision en vue de l’interdire est contraire au
principe de liberté du marché». Pour eux, il ne fait aucun doute que «toute
entrave supplémentaire réduira l’envie des investisseurs d’opérer sur ce
marché».

 

Un débat à suivre.