France : vers un marché du travail au ralenti à la rentrée

 
 
photo_1216554225411-1-1.jpg
L’agence ANPE Paris Breteuil, le 15 mars 2005 (Photo : Stéphane de Sakutin)

[20/07/2008 11:49:32] PARIS (AFP) Plusieurs indicateurs montrent un ralentissement du marché du travail, une tendance qui contrarie les prévisions de créations d’emplois faites à l’automne 2007 par le gouvernement et va compliquer la vie des demandeurs d’emploi à la rentrée.

Le taux de chômage s’établissait dans l’hexagone à 7,2% de la population active au premier trimestre 2008 (-0,2 point sur le trimestre), selon l’Insee.

Mais durant cette même période, les employeurs ont déposé moins d’offres d’emploi à l’ANPE (-3,3% sur le trimestre précédent) pour la première fois depuis 2006.

Les plus vulnérables, notamment les jeunes actifs, sont déjà touchés, la courbe des inscriptions des moins de 25 ans à l’ANPE étant orientée à la hausse depuis janvier.

D’avril à juin, les Urssaf ont enregistré 4,8 millions embauches, mais en majorité sur des contrats de moins d’un mois, et la croissance des embauches de plus d’un mois a nettement fléchi par rapport aux trimestres précédents (+2,8% sur un an), en particulier outre-mer.

C’est dans la moitié ouest de la France que les embauches de plus d’un mois restent le plus dynamiques, ou dans des secteurs comme le conseil-assistance.

En revanche, la crise se fait sentir dans l’industrie des équipements du foyer et l’immobilier, où l’embauche a diminué par rapport au deuxième trimestre 2007.

En mai, selon l’Unedic, le nombre d’intérimaires s’est inscrit en baisse sur un an pour le deuxième mois consécutif (-1,3% par rapport à mai 2007).

Or, l’intérim est souvent considéré comme un indicateur de l’évolution du marché du travail, révélant une reprise imminente de l’embauche ou une incertitude des entreprises, et s’il baisse, cela souligne une détérioration.

Enfin, de mars à mai, selon un indice Insee provisoire, l’emploi dans les secteurs principalement marchands n’a que faiblement progressé (+0,2%).

Après avoir longtemps tablé sur une accélération de la création d’emplois salariés cette année, le gouvernement s’est rendu à l’évidence.

Le choc pétrolier, qui privera la France d’un demi-point de croissance, devrait aussi coûter des dizaines de milliers d’emplois non créés. Le gouvernement ne compte plus cette année que sur 160.000 créations nettes d’emplois dans le secteur marchand, au lieu de 255.000 initialement attendus, et après 310.000 en 2007.

“On a eu un marché du travail très dynamique, on est maintenant dans une phase de ralentissement contenu de l’activité, qui fatalement devrait peser un peu sur le marché du travail”, indique à l’AFP l’entourage de la ministre de l’Emploi Christine Lagarde. “Donc on accélère les réformes structurelles pour favoriser un retour rapide à l’emploi”.

Dernière loi en date, votée la semaine dernière au Parlement, l’obligation pour toute personne au chômage de revoir progressivement à la baisse ses prétentions par rapport aux offres d’emplois disponibles.

Au bout d’un an de chômage, le couperet tombera, et il faudra accepter un emploi payé à hauteur de l’allocation de remplacement, même à 60 km/jour ou deux heures de transport en commun aller-retour, selon ce texte dénoncé par les syndicats comme “un recul social” (CGT) et une “chasse aux mauvais chômeurs” (FO).

A l’Observatoire français de la conjoncture économique (OFCE), Matthieu Plane estime qu'”on peut réformer autant qu’on veut, si les entreprises n’ont pas d’activité, elles ne vont pas prendre le risque d’embaucher”.

Il prédit un marché du travail “atone”, avec “au mieux une stabilité de l’emploi, au pire des destructions, et une remontée du taux de chômage”.

 20/07/2008 11:49:32 – Â© 2008 AFP