Manifestations des syndicats européens à Ljubljana pour défendre le pouvoir d’achat

 
 
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Une cliente fait ses courses dans un supermarhcé dans l’ouest de la France (Photo : Mychele Daniau)

[05/04/2008 15:44:14] LJUBLJANA (AFP) Plusieurs dizaines de milliers de manifestants venus de toute l’Europe sont attendus samedi en Slovénie, pays qui préside l’UE, pour réclamer des hausses de salaires alors que l’inflation atteint des sommets et que les gouvernements appellent à la rigueur.

D’après la confédération européenne des syndicats (CES), qui organise le rassemblement prévu pour débuter vers 13H00 GMT à Ljubljana, 54 syndicats ont mobilisé leurs troupes dans 29 pays européens.

Le moment n’a pas été choisi au hasard: les ministres européens des Finances achèvent au même moment une réunion de deux jours près de la capitale slovène.

“Nous voulons envoyer un message fort aux ministres et aux gouverneurs de banques centrales” de l’UE en soulignant l’urgence de revalorisations salariales, l’importance d’instaurer des salaires minimum là où ils n’existent pas et de baisser la fiscalité sur le travail, affirme John Monks, secrétaire général de la CES.

Il fait valoir que dans beaucoup de pays européens, le pouvoir d’achat des petits salaires a stagné ou chuté ces dernières années, alors que les bénéfices des entreprises augmentent.

La valse des étiquettes dans toute l’Europe accentue les inquiétudes. Le mois dernier, l’inflation a atteint un nouveau record dans la zone euro à 3,5% sur un an, du fait de la flambée des prix énergétiques et alimentaires.

“Cette Euro-manifestation permettra aux salariés européens de solidariser l’exigence des augmentations salariales”, souligne pour sa part le syndicat français CGT, dans un communiqué.

Mais les gouvernements et banquiers centraux européens ne l’entendent pas de cette oreille. Ils exhortent au contraire les partenaires sociaux à la modération salariale pour éviter de voir se développer une “spirale inflationniste” frappant au premier chef les revenus les plus faibles.

“Je peux très bien comprendre les exigences des syndicats”, a souligné samedi le commissaire européen aux Affaires économiques, l’Espagnol Joaquin Almunia. Mais “les hausses de salaires devraient dépendre des gains de productivité réalisés” et ne pas aller au-delà, a-t-il dit.

“Si la Banque (centrale européenne) et nous nous luttons pour la stabilité des prix, c’est une lutte sociale au même degré que la lutte sociale” des syndicats, a aussi avancé vendredi le chef de file des ministres des Finances européens, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker.

“La stabilité des prix est quelque chose d’essentiel pour les plus pauvres et les plus vulnérables de nos citoyens”, a insisté pour sa part le président de la BCE Jean-Claude Trichet.

Les grands argentiers européens ont tous invité à ne pas chercher à imiter le syndicat des services allemand ver.di, qui vient d’obtenir des hausses de salaires dans la fonction publique d’environ 8% sur deux ans.

C’est “nettement plus élevé que ce que nous avions prévu”, a regretté samedi le président de la banque centrale allemande, Axel Weber, également membre de l’instance de décision de la BCE sur les taux d’intérêt. “On regarde ça avec une certaine inquiétude”, a-t-il reconnu.

 05/04/2008 15:44:14 – © 2008 AFP