[13/03/2008 14:54:30] PARIS (AFP) Le parquet général de la cour d’appel de Paris a annoncé jeudi qu’il allait requérir le maintien en détention de Jérôme Kerviel, trader soupçonné de falsifications ayant coûté 4,9 milliards d’euros à la Société Générale, qui doit être examiné vendredi par la chambre de l’instruction. Cette annonce intervient peu après la remise en liberté et la mise hors de cause d’un salarié de la banque qui avait été placé mercredi matin en garde à vue dans ce dossier, où les enquêteurs cherchent à vérifier si Jérôme Kerviel a pu bénéficier d’éventuelles complicités, à ce stade non démontrées. C’est notamment pour “empêcher toute concertation frauduleuse” que le parquet général va requérir vendredi le maintien en détention du jeune trader, incarcéré depuis le 8 février, a expliqué Ulrika Weiss, porte-parole du parquet général. “Nous nous opposons à la demande de remise en liberté de Jérôme Kerviel”, a-t-elle déclaré à la presse, précisant que le parquet général allait demander que les débats devant la chambre de l’instruction vendredi après-midi se déroulent à huis clos. Le parquet général justifie sa position par les “nécessités de l’instruction puisque les actes d’investigation se poursuivent”. “Il faut veiller à préserver toutes les preuves utiles à la manifestation de la vérité et empêcher toute concertation frauduleuse”, a fait valoir Mme Weiss. La réquisition de maintien en détention vise également à “garantir sa représentation en justice”, a-t-elle ajouté. Cette position du parquet général est identique à celle exprimée le 8 février, lorsque la chambre de l’instruction avait décidé du placement en détention du jeune trader, auparavant sous contrôle judiciaire sur décision des magistrats instructeurs. Ce jour-là, la presse annonçait le matin même la garde à vue d’un courtier à qui M. Kerviel passait une partie de ses ordres. Cette révélation avait été, selon Elizabeth Meyer, l’une des avocates du trader, l'”argument pour envoyer Kerviel en prison”. Le courtier, travaillant pour la Fimat (aujourd’hui Newedge), une filiale de la Société Générale, n’avait finalement pas été poursuivi mais placé sous le statut de témoin assisté par les juges Renaud van Ruymbeke et Françoise Desset. L’annonce de la garde à vue d’un autre salarié de la banque a fait craindre mercredi à Me Meyer une répétition de ce scénario. “On progresse, la dernière fois, on l’avait appris le matin même”, a-t-elle ironisé. Les avocats de Jérôme Kerviel, qui ont également déposé un pourvoi en cassation contre la détention de leur client, ont estimé jeudi que “les conditions de remise en liberté de Jérôme Kerviel sont tout à fait remplies”. “Il n’y a pas de risque de récidive, pas de risque de collusion avec des complices malgré les tentatives régulières d’en faire apparaître là où il n’y en a pas”, a déclaré à l’AFP Christophe Reille, porte-parole de Me Meyer. M. Kerviel “n’a jamais fui ni ses responsabilités, ni son pays, ni la justice, ni même ses employeurs”, a-t-il fait valoir, regrettant la décision du parquet général de demander le huis clos qui est, selon lui, “dans l’intérêt exclusif de l’accusation”. En l’état du dossier, la détention du trader ne peut excéder quatre mois. Dans l’hypothèse où la chambre de l’instruction déciderait vendredi de le remettre en liberté, Jérôme Kerviel ne serait effectivement libéré qu’après avoir signé sa levée d’écrou à la maison d’arrêt de la Santé à Paris où il est actuellement détenu. Jérôme Kerviel a été confronté jeudi à deux anciens supérieurs hiérarchiques, a-t-on appris de sources proches du dossier. Dans la matinée, le trader de 31 a été confronté à son supérieur hiérarchique direct en 2005, année où il a commencé à prendre des positions non autorisées sur les marchés, selon l’une de ces sources. Dans l’après-midi, il l’était à un autre responsable à la même époque, plus élevé dans la hiérarchie, a-t-on ajouté sans plus de précision. M. Kerviel avait fait l’objet d’une première confrontation le 6 mars à l’actuel responsable adjoint du “desk Delta One”, spécialisé dans l’arbitrage (opérations sur les écarts de marché) et sur lequel il travaillait. |
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