Journée internationale de la femme : reconnaître l’égalité des rôles pour obtenir l’égalité salariale

 
 
CPS.HLB77.080308110323.photo00.quicklook.default-245x176.jpg
Employées d’une pharmacie (Photo : Thomas Wieck)

[08/03/2008 10:04:17] PARIS (AFP) Garde d’enfant pour tous, congé parental partagé entre père et mère, adaptation de l’entreprise aux contraintes familiales, sont des conditions de l’égalité professionnelle, estime un collectif de femmes cadres, qui juge que le gouvernement ne s’attaque pas aux vrais problèmes.

Le collectif, formé par la sociologue Dominique Méda et l’économiste Hélène Périvier, auteurs de “Le deuxième âge de l’émancipation”, associées aux membres du réseau de femmes cadres “Du Rose dans le gris”, ont lancé vendredi un “plaidoyer pour une vraie égalité professionnelle”, publié dans Les Echos.

Alors que les lois se sont succédées depuis plus de 30 ans, et notamment la loi de mai 2001 imposant aux entreprises une négociation annuelle sur l’égalité, l’écart mensuel de salaire entre les hommes et les femmes reste aux alentours de 25%.

En novembre 2007, à l’occasion de la Conférence sociale sur ce sujet, le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a promis des sanctions financières aux entreprises qui n’auront pas signé d’accord fin 2009 “pour que les hommes et les femmes soient au même niveau de rémunération si l’ancienneté, le poste, la qualification sont les mêmes”.

Le “bilan de situation comparée” qui servira d’outil de mesure des inégalités “ne prend en compte que la discrimination salariale pure”, constate le sociologue Jean Gadrey (Lille 1) dans une tribune au journal Le Monde vendredi. Or la discrimination ne compte, selon les différentes estimations, que pour 7 à 11% de l’écart salarial.

“Les lois ne s’attaquent pas aux sources principales de l’inégalité salariale”, dit-il, prévoyant une “panne” de la progression vers l’égalité.

La plus grande part de l’écart vient en effet du fait que les femmes sont majoritaires dans les emplois moins qualifiés, le temps partiel, et qu’elles interrompent souvent leur carrière pour élever les enfants.

“Ce n’est pas là-dessus que les entreprises vont être jugées, or c’est cela qu’il faut changer”, affirme à l’AFP la sociologue Dominique Méda.

Les mesures proposées par le gouvernement “ne traitent que de la partie émergée de l’iceberg”, affirme le collectif.

“Les différences de carrière, de secteur ou d’emploi”, qui ne relèvent pas d’un “choix” des femmes mais du rôle que leur attribue la société, expliquent la plus grande partie des inégalités de revenus.

“Nous savons ce qui doit être fait”, affirme le collectif: s’attaquer à la pénurie des modes de garde, supprimer les mesures qui incitent les femmes les moins diplômées à garder leurs enfants, créer un congé parental court, mieux rémunéré et partagé entre le père et la mère.

Dans notre société, disent-elles, “seules les femmes diplômées et/ou aisées qui peuvent s’acheter les services de garde d’enfant ont vraiment le choix, ne pas donner ce choix à toutes est injuste et antiéconomique”.

L’entreprise doit changer aussi ses pratiques, “cesser de mettre en valeur le présentéisme, utiliser mieux les technologies, pour que l’on puisse travailler chez soi”, affirme Marie-Claude Peyrache, présidente d’European Professional Women’s Network Paris, regroupant 3.000 femmes cadres supérieures en Europe, dont un millier en France.

“Il est prouvé, dit-elle, que lorsque des entreprises emploient un grand nombre de femmes, elles pensent le travail autrement et cela bénéficie aussi aux hommes”.

Et si les femmes sont plus nombreuses aux postes de décision, “on entrera dans une spirale positive car elles imposeront les changements”, ajoute-t-elle.

 08/03/2008 10:04:17 – © 2008 AFP