La crise du gaz s’envenime : Gazprom et l’Ukraine se menacent mutuellement

 
 
CPS.HKM12.040308142841.photo00.quicklook.default-155x245.jpg
Le logo de Gazprom à Moscou, le 1er juillet 2006 (Photo : Alexander Nemenov)

[04/03/2008 13:30:36] MOSCOU (AFP) Le conflit opposant Gazprom à Kiev s’est encore envenimé mardi, le géant russe menaçant désormais de réduire ses livraisons de gaz habituelles de moitié et l’Ukraine de perturber le transit de ses exportations vers l’Europe.

“En l’absence de progrès dans les pourparlers (…) la décision a été prise de diminuer les livraisons de gaz pour les consommateurs en Ukraine de 25% supplémentaires du volume habituel à partir du 4 mars à 20h00” (17h00 GMT), a indiqué Gazprom mardi dans un communiqué.

L’influent géant russe avait déjà annoncé avoir réduit ses livraisons d’un quart la veille (de 35% selon les Ukrainiens): une nouvelle coupure, si elle se confirme, signifierait donc un volume réduit de moitié.

La réaction de la compagnie ukrainienne Naftogaz ne s’est pas fait attendre. Naftogaz ne peut “garantir le transit ininterrompu (du gaz) vers les consommateurs européens que lorsque cela ne met pas en danger la sécurité énergétique de l’Ukraine”, a annoncé la compagnie dans un communiqué.

En d’autres termes, il n’est pas exclu que les livraisons de gaz russe à l’Europe, qui transitent à hauteur de 80% via l’Ukraine, soient perturbées, comme elles l’avaient été lors de la première “guerre du gaz” entre la Russie et l’Ukraine en janvier 2006.

Mais, contredisant Naftogaz, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Volodymyr Ogryzko a assuré mardi à Varsovie que “l’Ukraine fera(it) tout pour que les livraisons de gaz à l’Union européenne se poursuivent normalement”.

A Bruxelles, les intéressés ont assuré avoir obtenu des garanties de la part de la Russie: “Nous avons été en contact avec Gazprom” et “ils nous ont assuré à nouveau que les livraisons de gaz vers l’Europe ne seraient pas affectées”, a déclaré un porte-parole de la Commission européenne, Michele Cercone.

Il s’exprimait toutefois avant les menaces de Naftogaz. Le quart du gaz consommé par l’Union européenne provient de Russie.

M. Cercone a néanmoins souligné que “si besoin est”, la Commission, “qui suit de près l’évolution” de la situation, convoquerait une réunion d’urgence du “groupe de coordination sur le gaz”.

Malgré ces échanges acerbes, les deux parties ont indiqué qu’elles demeuraient prêtes à négocier encore.

Gazprom réclame aux Ukrainiens des arriérés de dette de 600 millions de dollars. Les deux parties ont également échoué à concrétiser l’accord de principe conclu le 12 février entre les présidents Vladimir Poutine et Viktor Iouchtchenko, qui prévoyait une simplification de leur schéma de livraisons.

CPS.HKM12.040308142841.photo02.quicklook.default-245x163.jpg
Un gazoduc près de Kiev, en Ukraine, le 12 février 2008. (Photo : Sergei Supinsky)

Les joutes gazières sont fréquentes entre les deux pays, mais c’est la première fois que Gazprom met effectivement à exécution sa menace de couper le gaz depuis la grande crise du 1er janvier 2006, qui avait perturbé les livraisons vers l’Europe. Gazprom avait alors accusé Kiev d’avoir “prélevé illégalement” du gaz destiné à l’UE.

La crise coïncide en outre avec l’élection à une écrasante majorité dimanche de Dmitri Medvedev à la présidence russe. Actuellement premier vice-Premier ministre, M. Medvedev est également à la tête du conseil d’administration de Gazprom.

Lundi, Naftogaz avait indiqué qu’il disposait de réserves de gaz lui permettant de tenir un mois.

 04/03/2008 13:30:36 – © 2008 AFP