Subprime : Wall Street aspire à tourner la page

 
 
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La Bourse de New York, le 1er octobre 2007 (Photo : Emmanuel Dunand)

[22/12/2007 10:18:45] NEW YORK (AFP) Confrontée à un flot incessant de mauvaises nouvelles, Wall Street aspire à tourner la page et réclame des banques plus de transparence pour être fixé une fois pour toutes sur l’ampleur des dégâts provoqués par la crise des crédits hypothécaires à risques (“subprime”).

“Après plusieurs mois de dépréciations en chaîne, on ne sait toujours pas jusqu’où la crise va aller”, confie un spécialiste de l’ingénierie financière.

Selon la presse économique, la banque d’affaires Merrill Lynch va devoir être renflouée à hauteur de 5 milliards de dollars par le fonds d’investissement de Singapour. Cet argent lui permettra de déprécier ses actifs pour un montant qui pourrait atteindre 8 milliards d’actifs.

Avant elle, Citigroup et Morgan Stanley avaient du ravaler leur fierté et solliciter des fonds étrangers pour franchir cette mauvaise passe. Les banques centrales américaine et européenne ont pour leur part inondé le marché de liquidités pour tenter de faire repartir le marché monétaire.

Destinées à rassurer les marchés, “ces initiatives n’ont pas éliminé la menace de révélations en cascade, ni les craintes de futures mauvaises nouvelles, sur fond de ralentissement continu du marché de l’immobilier”, écrivait le Wall Street Journal vendredi dans un éditorial.

Dernière mauvaise surprise en date: l’annonce par le rehausseur de crédits MBIA qu’il avait apporté sa garantie à 30,6 milliards de dollars d’émissions de titres de dette complexe, dont 8,1 milliards jugés très risqués.

“A ces incertitudes s’ajoute ce que pourraient découvrir un nombre croissant d’enquêtes sur ces produits reposant sur des créances hypothécaires et qui ont été conçus, packagés, vendus et revendus par les banques”, ajoutait le WSJ.

Après le régulateur boursier (SEC), la justice de New York a décidé à son tour d’enquêter auprès de plusieurs établissements pour leur demander des précisions sur leur rôle dans l’éclatement de la crise des “subprimes”. Plusieurs banques ont déjà averti que 2008 s’annonçait difficile mais sans pouvoir faire une évaluation exacte de la facture finale.

Depuis la fin de l’été, les banques implantées aux Etats-Unis ont déprécié la valeur des actifs détenus dans leurs bilan d’environ 70 milliards de dollars, selon différents calculs d’analystes.

Une étude récente de Deutsche Bank avançait que la crise allait faire perdre aux banques américaines cette année entre 100 et 130 milliards de dollars, sachant que les prêts “subprimes” américains atteignent 1.200 milliards.

“Ces dernières années, il y a eu des expérimentations sur de nouveaux produits, sans pouvoir prévoir à l’avance les conséquences”, poursuit le banquier d’affaire, qui s’exprimait sous couvert d’anonymat. “C’est parti de l’idée de découper des dettes en tranches, de leur attribuer des notes et de les combiner dans des produits hybrides. Tous les établissements financiers ont ce genre de bombe à retardement dans leurs portefeuilles”.

Jeudi, le président américain George W. Bush a lui-même plaidé pour plus de transparence dans le secteur.

“Mon avis, c’est qu’il faut que Wall Street mette de l’ordre dans ses affaires et que tout le monde le voie”, a-t-il déclaré. “Les banques doivent montrer l’état de leurs bilans et laisser les investisseurs y avoir accès. Et s’il y a encore des dépréciations à faire, il faut le faire maintenant”.

 22/12/2007 10:18:45 – © 2007 AFP