IRD-Tunisie : Un cinquantenaire qui se veut plus ambitieux

Par : Tallel
IRD-Tunisie : Un cinquantenaire qui se veut plus ambitieux

Par Tallel BAHOURY


2010071.jpgA l’occasion du cinquantenaire de sa présence en Tunisie, l’IRD
(Institut de recherche pour le développement) a
invité son président qui vient de donner une conférence de presse à la Maison de
France à La Marsa.

Dans son discours, M. Jean-François Girard a souligné que la coopération
scientifique entre l’IRD et les instituts de recherche tunisiens ‘’est fascinante, parce que la Tunisie est un pays émergent –on n’en parle pas
assez, souvent quand on évoque les pays émergents on fait référence à
l’Inde, Chine, Brésil-, qui consacre déjà plus de 1% de son PIB à la
recherche et qui passera à 1,25% ; c’est beaucoup et ce n’est pas assez…’’.
Pour le président de l’IRD, la Tunisie ‘’est un pays résolument tourné
vers la recherche’’.

Par ailleurs, il a indiqué qu’au cours du déjeuner de travail que ses
collaborateurs et lui ont eu avec des responsables ministériels et
d’institutions de recherche tunisiens, ‘’on a pu mesurer que nous avions
beaucoup de dossiers communs de part et d’autre de la Méditerranée en
matière de recherche et de la connaissance, de lucidité sur le nécessaire
partenariat à avoir entre l’université et les institutions de recherche,
mais également les responsabilités que nous avons au sein du Bassin de la
Méditerranée…’’.

M. Girard a, par la suite, estimé qu’un anniversaire se fête, c’est
l’occasion de faire le point sur ce qui a été fait au cours des 50 ans
écoulés, mais aussi et surtout l’occasion de voir où est-ce que l’on va. De
ce fait, le patron de l’IRD voit qu’il existe énormément d’atouts entre la
Tunisie et la France pour construire partenariats croisés, notamment des
chaires croisées, c’est-à-dire monter des systèmes qui consistent à proposer
aux chercheurs, universitaires, seniors, … tunisiens et français des
programmes de recherche communs qui permettent par exemple à deux chercheurs
(un Tunisien et un Français) de travailler sur un même programme de
recherche où le Français viendrait en Tunisie alors que son homologue
tunisien irait en France et ce pendant un an ;
Il peut aussi y avoir des laboratoires mixtes franco-tunisiens qui pourraient
éventuellement répondre à des appels d’offres…

Par ailleurs, M. Jean-François Girard a révélé que ‘’ce cinquantenaire est
marqué pour l’IRD par une mission que le gouvernement français lui a
confiée, qui est celle de coordonner la multiplicité d’acteurs français de
la recherche…’’ et de créer par conséquent une agence qui aura pour rôle
d’organiser des programmes de recherche, collecter et distribuer des
moyens financiers pour que l’ensemble des acteurs jouent mieux la
partition…’’. Mais avec cependant trois conditions fondamentales : un
programme qui réunirait plusieurs institutions de recherche européens (bien
entendu français, mais aussi allemands, britanniques, espagnols, …), ensuite
un ou plusieurs partenaires des pays en développement (tunisiens, algériens,
libyens, ou autres pays), enfin, il faut que ledit programme réponde à une
question dont les pays en développement auront en charge.

Après cette présentation générale de l’IRD, notamment ses missions futures,
M. Girard s’est prêté aux questions des journalistes. Ainsi, à la question
de savoir si sa venue en Tunisie prélude à la visite, prochainement, du
président français Nicolas Sarkozy, le président de l’IRD a d’abord indiqué
que l’IRD est une institution gouvernementale qui dépend du ministère
français en charge de la recherche scientifique et de celui en charge de la
coopération, ‘’d’ailleurs, notre budget provient pour 80% du budget de
l’Etat’’, a-t-il précisé, tout en ajoutant que ‘’notre rôle est de servir
les actes politiques de l’Etat français, et au demeurant les instructions
qui sont sur notre feuille de route proviennent de deux réunions du comité
interministériel qui ont eu lieu fin 2006…’’. En clair, compte tenu de son
rôle en tant qu’organisme de recherche présent à Tunis, à Rabat –mais un peu
moins à Alger-, au Caire, à Damas, à Beyrouth…, et vu l’importance que le
président accorde à la Méditerranée, ‘’effectivement ma venue à Tunisie est
liée à cette visite’’, a-t-il répondu.

En outre, il a souligné en substance que la question de l’environnement
était au cœur des actions de l’IRD, et ce d’autant plus que la Méditerranée
est un espace commun que partagent beaucoup de pays d’Europe et du Maghreb
où les évolutions du climat peuvent avoir des conséquences négatives de part
et d’autre de la Méditerranée.

A la question : ”quels sont les projets qui sont en cours de réalisation
entre l’IRD et les instituts de recherche tunisiens en matière
d’environnement et de changement climatique ?”, M. Antoine Cornet, Directeur
de recherche, représentant de l’IRD en Tunisie, a indiqué qu’il y a
déjà quelques programmes qui s’intéressent aux causes et aux impacts des
changements climatiques. ‘’Actuellement, un programme est développé par des
chercheurs français et tunisiens sur l’impact du changement climatique sur
la végétation méditerranéenne…’’. Ce programme s’intéresse en gros au
devenir de la forêt méditerranéenne au cours des prochaines décennies. A ce
niveau, l’apport des chercheurs tunisiens est capital, compte tenu de leur
connaissance du terrain, notamment en matière de fonctionnement de ces
végétations…

M. Cornet va plus loin pour dire qu’au cours des prochaines années, il sera
mis en place et développé deux programmes, car actuellement la recherche a
des certitudes mais aussi des questionnements, notamment sur les deux grands
cycles climatiques enregistrés sur la Méditerranée sur lesquelles les
connaissances ne sont pas encore au point. Ce qui fait que l’un des
programmes va porter sur l’étude du climat en zone méditerranéenne.

En outre, il se trouve que ‘’la Tunisie occupe une position charnière entre
les versants oriental et occidental de la Méditerrané sur lesquels nous
avons travaillé ensemble, expérimenté, nous avons des données et de longues
séries d’observations qui seront extrêmement importantes pour l’étude de
l’impact des surfaces continentales sur les circulations atmosphériques.

2010072.jpgPour terminer, le président de l’IRD a livré le message suivant : ‘’La
connaissance est un bien public, les chercheurs ne sont que des serviteurs de
cette cause, et les journalistes jouent le rôle de relais entre les
connaissances et la société civile. Il faut que la société aime la science, la
connaissance ; il faut que les gosses, les enfants soient curieux… Parfois
il arrive qu’on ait peur de la science, l’énergie nucléaire, par exemple,
peut être un bien mais aussi un drame. Ceci étant, quel que soit l’usage
qu’on fait des progrès de la connaissance, c’est quelque chose qui
appartient à la société… En nous prêtant aujourd’hui à cet exercice de
questions/réponses, nous mettrons la connaissance à la disposition de ceux
à qui elle appartient…’’. Sous-entendu, au service des peuples.

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A propos de l’IRD
L’Institut de recherche pour le développement (IRD), créé en 1944, est un
établissement public à caractère scientifique et technologique de 2231
agents dont 828 chercheurs. Il conduit des activités de recherche,
d’expertise et de formation en partenariat avec le institutions
scientifiques en Afrique, Amérique latine, Asie et dans l’Outre-mer tropical
français et compte une trentaine d’implantations hors métropole.

Les chercheurs de l’IRD se consacrent principalement à l’étude des milieux
et de l’environnement, de la gestion durable des ressources vivantes, du
développement des sociétés et de la santé. Depuis plus de soixante ans, des
équipes de chercheurs sont présentes sur le terrain et collaborent avec des
pays du Sud pour soutenir leur insertion dans la communauté scientifique
internationale. Les activités de l’IRD sont conduites en étroite
concertation avec ses partenaires.

Engagé dans de nombreux programmes scientifiques européens et
internationaux, il a récemment créé une agence inter-établissements de
recherches sur le développement (AIRD) pour mobiliser l’ensemble des
organismes de recherche et les universités en faveur de la recherche pour le
développement.

En Tunisie, il est présent depuis 1957 pour conduire des coopérations avec
les institutions tunisiennes de recherche et d’enseignement supérieur.

Les principaux champs scientifiques de l’IRD en Tunisie sont :
l’environnement dans ses relations avec le développement (eau, sols,
écosystème…), la biologie appliquée à la protection des cultures et des
biotechnologies, la nutrition et la santé en relation avec les changements
sociaux et comportementaux, les dynamiques sociales et économiques, ainsi
que l’archéologie et le patrimoine (les peuplements néolithiques).