Suez-GDF : la fusion au point mort, Mestrallet en aurait appelé à Sarkozy

 
 
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Gérard Mestrallet, le PDG de Suez, en conférence de presse à Paris, le 7 septembre 2006 (Photo : Mehdi FEDOUACH)

[28/08/2007 19:19:29] PARIS, 28 août 2007 (AFP) Alors que la fusion entre Suez et GDF est au point mort et que le gouvernement tarde à se décider, le PDG de Suez en aurait appelé au président Nicolas Sarkozy pour tenter de débloquer la situation.

Selon le Financial Times de mardi, Gérard Mestrallet a envoyé lundi une lettre à M. Sarkozy pour lui proposer de “transférer les actions Suez détenues par l’Etat à GDF”. Ce schéma permettrait de résoudre le casse-tête de la valorisation entre les deux groupes, un des principaux obstacles à la fusion.

“Les décisions sont prises par le chef de l’Etat, donc nous lui avons écrit. Il va falloir qu’ils répondent maintenant”, a déclaré un membre du conseil d’administration de Suez au FT.

M. Mestrallet aurait aussi prévenu que si aucun accord n’était trouvé d’ici la fin de la semaine, Suez pourrait “envisager d’autres options”, selon le FT.

Dans un communiqué, le groupe a indiqué que “depuis le mois de mai”, il avait eu “l’occasion de procéder à des échanges de vues avec la présidence de la République” et que ces “discussions” avaient “toujours lieu dans un climat serein et professionnel”, récusant toute idée d’un “quelconque ultimatum”.

En revanche, Suez a refusé de préciser si M. Mestrallet avait envoyé un courrier au chef de l’Etat.

Concrètement, selon le quotidien britannique, le transfert permettrait “d’accroître la valeur de GDF et d’éviter d’attribuer une compensation aux actionnaires du groupe privé pour la différence de valorisation avec un dividende exceptionnel politiquement inacceptable”.

Le projet initial de fusion prévoit en effet l’échange d’une action Suez contre une action GDF, plus le versement d’un dividende exceptionnel d’un euro aux actionnaires de Suez.

Mais, à la clôture mardi, l’action Suez cotait 38,72 euros (-0,08% dans un marché en baisse de 2,08%) contre 33,90 euros pour GDF (-0,21%), un écart qui risque de dissuader les actionnaires de Suez de soutenir l’opération.

L’Etat détient indirectement 6,6% de Suez à travers la Caisse des Dépôts (2,8%), Areva (2,2%) et CNP Assurances (1,6%), soit environ 3,3 milliards d’euros de capitalisation boursière.

Rapporté au nombre d’actions GDF, ces 3,3 milliards représentent 3,30 euros d’actifs Suez supplémentaires pour GDF, calculent les analystes de CM-CIC.

“Cela réduirait considérablement l’écart, principal obstacle financier au rapprochement”, soulignent-ils.

Les informations du FT surviennent alors que le gouvernement ne s’est toujours pas décidé sur l’avenir de la fusion entre GDF et Suez.

Alors que le 1er juillet, le secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant avait indiqué que la décision serait prise “dans les 15 jours”, le Premier ministre François Fillon avait souligné deux semaines plus tard qu’il n’y avait “pas d’urgence à décider”.

“J’ai évoqué le dossier” lors d’une rencontre lundi avec M. Sarkozy, “la décision n’était pas prise”, selon le secrétaire général du syndicat FO, Jean-Claude Mailly.

M. Sarkozy s’est rallié tardivement à la fusion parce qu’elle implique de privatiser GDF et donc de revenir sur une promesse faite en 2004 quand il était ministre de l’Economie.

“Cette lettre ne veut pas seulement illustrer la lassitude du management de Suez et GDF face à un gouvernement qui ne décide pas, mais pourrait au contraire révéler qu’en coulisses serait peut-être étudié un schéma qui ne leur plairait pas”, estiment les analystes de CM-CIC.

D’où, selon eux, “une possible instrumentalisation visant à précipiter les choses en mettant une pression sur le gouvernement à travers cet oukase”.

 28/08/2007 19:19:29 – © 2007 AFP