La Fed soulage enfin les marchés en abaissant l’un de ses taux directeurs

 
 
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Le président de la banque centrale américaine Ben Bernanke, le 18 juillet 2007 (Photo : Chip Somodevilla)

[17/08/2007 15:15:28] WASHINGTON (AFP) La banque centrale américaine (Fed) a fait un geste très attendu par les marchés vendredi en abaissant l’un de ses taux directeurs, pour faire face à la tempête boursière qui fait peser selon elle un risque “accru” sur la croissance.

Une heure avant l’ouverture de la bourse américaine, la Réserve fédérale a soudainement abaissé son taux d’escompte de 0,50 point à 5,75%.

Il ne s’agit pas du principal taux directeur ou “Fed Funds”, qui est celui auquel les banques empruntent entre elles, et qui est toujours fixé à 5,25%. Le taux d’escompte est le taux d’intérêt auquel la banque consent elle-même des prêts d’une journée aux institutions financières.

Cette mesure vise à “restaurer des conditions financières ordonnées sur les marchés financiers”, a précisé la banque.

Et de fait elle a eu un impact immédiat sur la Bourse, qui a ouvert en nette hausse alors qu’avant le communiqué les indicateurs à terme étaient en berne: peu après 14H00 GMT, l’indice Dow Jones bondissait de 1,45% à 13.031,44 points.

“C’est une mesure très positive de la Fed qui montre qu’elle prend le problème en mains”, a réagi Al Goldman, analyste chez A.G. Edwards.

Depuis une semaine, la pression s’était accrue sur la banque centrale pour qu’elle baisse le taux de son principal taux directeur, le Fed Funds rate. Mais elle avait préféré injecter des liquidités sur les marchés par le biais de ses prises en pension au jour le jour.

Vendredi encore elle a injecté 6 milliards sur les marchés.

Mais avec son action sur le taux d’escompte, “la Fed a de fait baissé ses taux par la petite porte”, souligne John Silvia de la banque Wachovia, et la baisse “fournit des réserves illimitées aux banques pour ce week-end et le mois à venir si nécessaire”.

Il est extrêmement rare que la Fed intervienne entre ses réunions habituelles. La dernière fois qu’elle l’avait fait, c’était en 2001 après les attaques du 11-Septembre.

“La Fed va examiner s’il y a lieu de baisser son principal taux, mais sa décision de vendredi est un pas considérable pour injecter des liquidités dans le système qui va bien au-delà des précédentes injections”, a estimé Stephen Gallagher de la Société Générale.

Depuis le 9 août, la banque centrale a injecté 94 milliards de dollars.

Reste que les analystes s’interrogeaient vendredi sur les raisons qui ont provoqué ce brusque revirement.

“Il n’apparaît pas clairement s’il y a eu un problème avec une banque en particulier ou si cette mesure est une réponse à un manque généralisé de liquidités”, souligne M. Silvia.

La situation sur les marchés a peut-être suffi à inquiéter assez la banque centrale pour la pousser à agir. Pour la Fed, “même si l’économie continue de croître à un rythme modéré, le Comité juge que les risques pour la croissance se sont nettement accrus”.

“Les marchés financiers se sont détériorés, et le resserrement des conditions de crédit ainsi que la hausse des incertitudes ont la capacité de freiner la croissance économique à l’avenir”, a-t-elle ajouté.

Pour les analystes, ce changement radical de ton par rapport à la réunion du 18 août augmente les probabilités d’une baisse du principal taux directeur.

“Le jugement de la Fed sur la situation économique et financière plaide pour une baisse du Fed Funds”, estime John Lonski de Moody’s Investor Services, pour qui une action n’est pas à exclure avant même la prochaine réunion du 18 septembre.

Sauf en cas d’émalioration des marchés: “si les risques sur le crédit se stabilisent et les prix des actions remontent, peut-être que la Fed pourra attendre le 18 septembre”, voire même “maintenir son taux inchangé”, selon lui.

 17/08/2007 15:15:28 – © 2007 AFP