Se constituer une cave sans bouger le petit doigt : à Londres, c’est possible

 
 
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Des vins français présentés lors d’un salon à Londres le 27 octobre 2006 (Photo : Bertrand Langlois)

[09/08/2007 09:00:23] LONDRES (AFP) Se constituer une cave en France, c’est souvent l’oeuvre de toute une vie pour les vrais amateurs. A Londres, des cavistes proposent un service clé en main: ils sélectionnent les vins, les achètent et les font même vieillir pour vous dans leurs entrepôts climatisés…

Chez certains, il suffit de verser un minimum de 100 livres (148 euros) par mois et sa cave se constitue petit à petit, sans autre effort à fournir. D’autres proposent seulement des sélections pré-établies de six caisses de vin, bonnes à faire vieillir: une majorité de bordeaux, tout rouge ou un mélange rouge et blanc.

Jeunes loups de la City cherchant un investissement fiable et festif, ou quinquagénaires se préparant une douce retraite: ce sont les profils types des Britanniques, dont beaucoup d’expatriés, qui souscrivent à ce genre de plan, selon Tom Cave, gestionnaire de cave chez Berry Bros and Rudd.

L’entreprise, installée à Londres depuis la fin du 17è siècle, gère les caves de 1.600 particuliers. “La moitié des clients ne veulent rien savoir et font confiance, alors que l’autre veut être tenu au courant de nos achats à leur compte”, raconte M. Cave, qui s’occupe personnellement de 200 clients.

“Assez rapidement, on connaît leurs goûts et eux les nôtres, et on affine. En général, ils veulent une base solide de bordeaux avant d’élargir la palette à d’autres régions”, précise-t-il. Près de 90% des vins choisis sont français, devant les italiens et ceux d’autres pays.

“La plupart des clients se contentent de s’inscrire sur le site web et de cocher des cases” fixant leur budget et leurs préférences de terroirs, dit-il, même si certains veulent rencontrer le futur gestionnaire de sa cave ou lui parler au téléphone.

Ce type d’abonnement est quasi-inexistant en France, où le plaisir de composer soi-même sa cave domine, question de culture, selon Matthieu Caubit, responsable marketing chez Millesima, un important site de vins de Bordeaux. Ce genre d’approche, “c’est typiquement anglais”, dit-il.

Les Français bénéficient notamment de la proximité avec les producteurs, alors que les Britanniques importent par définition tous leurs vins.

Autre spécificité anglaise, le côté pragmatique et joueur de certains acheteurs qui investissent dans l’idée de revendre leurs bouteilles plus cher dans quelques années. “C’est assez anglo-saxon par exemple d’acheter trois caisses et d’en revendre une dans deux ans pour se payer l’achat des deux autres”, avance le caviste bordelais.

Cette tendance s’illustre notamment avec une “spéculation sur les primeurs”, ces vins proposés moins cher avant leur sortie sur le marché.

Si l’aspect investissement est toujours un solide moteur, “la plupart des clients veulent aussi goûter le vin” arrivé à maturité, insiste Tom Cave, tout en reconnaissant un emballement récent des opérations de spéculation. Depuis l’excellent cru de 2005, en Bordeaux comme en Bourgogne, il a remarqué “davantage de clients abordant l’achat de vins comme un pur investissement financier”.

Pour les vrais amoureux du vin, se constituer une cave n’interdit pas de l’alléger souvent de quelques bouteilles. Les cavistes anglais ont tout prévu, et livrent gratuitement sur demande.

Tom Cave envoie régulièrement des mails pour rappeler à ses clients que “leur caisse de Bourgogne blanc 2002, à son apogée, ne demande plus qu’à être bue”. Et une caisse de bue, c’est souvent une caisse de rachetée, remarque le caviste goguenard.

 09/08/2007 09:00:23 – © 2007 AFP