La justice américaine entre en scène dans les contrats entre BAE Systems et l’Arabie

 
 
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Centre de production de BAE Systems à Barrow in Furness dans le nord-ouest de l’Angleterre (Photo : Paul Ellis)

[26/06/2007 13:27:49] LONDRES (AFP) La situation s’est brutalement aggravée mardi pour le groupe britannique de défense BAE Systems, avec l’ouverture par la justice américaine d’une enquête sur ses pratiques commerciales notamment en Arabie saoudite où des responsables auraient reçu des commissions géantes.

BAE Systems a publié un bref communiqué à Londres indiquant “avoir reçu notification par le ministère américain de la Justice que celui-ci a commencé à mener une enquête formelle sur la manière dont l’entreprise respecte les lois anticorruption, ce qui comprend les activités” de BAE en Arabie saoudite.

L’affaire a paru suffisamment grave aux courtiers de la Bourse de Londres pour que BAE y cède jusqu’à 11% mardi, soit une perte de capitalisation de quelque 2,3 milliards d’euros.

BAE fait déjà l’objet de diverses enquêtes de la part du Serious Fraud Office (SFO) britannique pour des commissions présumées dans le cadre de contrats de ventes d’armes en Roumanie, Afrique du Sud, Tanzanie, au Chili, au Qatar et en République tchèque.

Mais ce n’est rien comparé au contrat Al-Yamamah d’avions Tornado, conclu en 1985 et renouvelé par la suite, et du scandale qui accompagne depuis fin décembre la clôture d’une enquête du SFO sur ce contrat, à la propre demande du Premier ministre Tony Blair et au nom de l’entente entre les deux pays.

Depuis, les informations ne cessent de filtrer dans la presse sur les commissions dont aurait bénéficié le prince Bandar, ancien ambassadeur saoudien aux Etats-Unis: plus de deux milliards de dollars en versements échelonnés, un Airbus A340 entièrement aménagé ou des voyages, dont la lune de miel de sa fille.

Personne n’a jamais démenti le fait des versements, le prince assurant simplement qu’ils avaient été faits “pour des objectifs approuvés par le ministère saoudien de la Défense et de l’Aviation”.

BAE a évoqué pour sa part la rémunération de “services d’assistance”, en se retranchant derrière la “confidentialité” d’accords entre gouvernements pour ne pas en divulguer les détails.

Dans une interview en 2001 à la télévision américaine, le prince Bandar a reconnu explicitement que des sommes étaient distraites sur l’ensemble des contrats avec l’Arabie. “Et alors?”, a-t-il ajouté, “nous n’avons pas inventé la corruption”.

L’enquête du SFO n’a pas eu de suites et dans la même affaire, l’organe de lutte contre la corruption de l’OCDE a connu des difficultés. Maintemnant la justice américaine se lance à son tour, sous le prétexte du transit des versements effectués via la banque américaine Riggs Bank, selon le Guardian.

Les conséquences pourraient s’avérer très graves pour BAE qui réalise quelque 40% de son chiffre d’affaires aux Etats-Unis, où il est le premier fournisseur d’armements étranger du Pentagone et vient de recevoir un aval officiel pour acquérir le groupe de véhicules blindés Armor Holdings.

Le groupe vient de créer en son sein un comité d’éthique présidé par un ancien haut magistrat britannique pour étudier ses “politiques et méthodes”. Mais le but du comité n’est pas de faire la lumière sur les contrats passés.

L’affaire est un cadeau de bienvenue embarrassant pour le nouveau Premier ministre britannique Gordon Brown, alors qu’un contrat géant de BAE portant sur la livraison de 72 chasseurs Eurofighter Typhoon à l’Arabie est en suspens. Selon le Times, la signature en est désormais reportée à l’automne, la famille royale saoudienne souhaitant d’abord “approfondir ses liens” avec M. Brown.

 26/06/2007 13:27:49 – © 2007 AFP